Lella Lombardi La pilote qui a pris le volant pour entrer dans l'Histoire

Lella Lombardi, une pilote pour l'histoire
Elle a prouvé que volant entre les mains, elle était l'égale des meilleurs. Seule femme à avoir obtenu des points lors du championnat du monde de Formule 1, Lella Lombardi était une pilote hors du commun. Portrait de celle qu'on surnommait « la tigresse de Turin ».

Par Alexandre Hozé

Publié le 16 novembre 2023 à 18h06, mis à jour le 28 mars 2024 à 10h05

27 avril 1975. Une date gravée sur l’asphalte à jamais. Ce jour-là, le monde de la Formule 1 est témoin de la performance historique de Lella Lombardi, première et (pour le moment) seule femme à être classée lors d’un Grand Prix au championnat du monde de F1. 

C’est donc ce jour-là, sur le circuit d’Espagne, que cette Italienne de poche de 1,63m a tiré son épingle du jeu. Dans des conditions si difficiles que la course n’est pas arrivée à son terme, la pilote boucle à la sixième place au terme du Grand Prix. 

À cette époque, le règlement est différent : seules les six premières places sont synonymes de points et, quand une course est raccourcie de plus de sa moitié, les points obtenus par les pilotes sont divisés par deux. C’est donc avec ses 0,5 points que Lella Lombardi devient la première femme à figurer dans le classement du championnat du monde de Formule 1. 

Sans doute le plus grand accomplissement d’une carrière pourtant très riche en succès. 

©Wikipédia

Née le 2 mars 1941 à Frugarolo, la jeune Lella choisit rapidement sa voie. La vitesse, elle adore, et la compétition tout autant. Sa course effrénée dans le sport automobile se lance classiquement au volant d’un kart. 

Et à partir de cet instant où elle vibre comme jamais, plus rien ne sera en capacité de la ralentir. En Formule 850 italienne, Lella Lombardi est au top. En Formule 3, bis repetita ! Peu importe la taille du moteur, la pilote démontre que volant entre les mains, elle peut faire aussi bien, voire encore mieux, que n’importe quel homme. 

Et elle va avoir d’autres opportunités de le démontrer… 

En 1974, elle participe au championnat européen de Formule 5000. Une dernière étape avant le stade ultime… Une fois de plus très performante, Lella Lombardi se voit donner sa chance en Formule 1. L’écurie Braham croit en elle et lui offre un volant pour le Grand Prix de Grande-Bretagne de 1974. 

©Wikipédia

Si la pilote italienne ne sort pas des qualifications, il n’en reste pas moins que sa place est dans une Formule 1 pour les saisons à venir. C’est l’écurie March qui va avoir le nez fin et faire confiance à cette grande dame du bitume. 

Une confiance qui sera amplement justifiée lors de la saison 1975. Le meilleur résultat de Lella Lombardi est sa sixième place en Espagne, mais n’oublions pas également sa très belle course en Allemagne qu’elle conclut à la septième position. Personne ne peut plus affirmer le contraire : Lella Lombardi assure sur l’asphalte. 

Pour autant, le championnat du monde de Formule 1 de 1976 sera son dernier. Malgré des résultats très honorables, les écuries se détournent de la pilote qui a pourtant fait ses preuves. Une déception, même s’il en faut beaucoup plus pour arrêter Lella Lombardi. 

©Wikipédia

En parallèle de sa carrière en F1, la pilote participait également au championnat du monde d’endurance. Et cette discipline, Lella Lombardi ne l’a pas lâchée. En 1977, elle termine à la onzième place des 24 heures du Mans avec la Belge Christine Beckers, le deuxième meilleur résultat pour une équipe 100 % féminine. 

Au total, elle a participé à quatre reprises à cette mythique course française entre 1975 et 1980. Vous pouvez ajouter à cela une participation aux 1000 kilomètres de Monza en 1975. Mais les points d’orgues de sa carrière en endurance arrivent un peu plus tard. En 1979, Lella Lombardi remporte deux courses : les 6 heures de Pergusa et de Vallelunga. Et deux ans plus tard, c’est lors des 6 heures de Mugello qu’elle va chercher un troisième succès dans ce championnat. 

1981 sera également l’année de sa retraite de l’endurance. À 40 ans, Lella Lombardi fait le choix de basculer dans le championnat d’Euro Tourisme. Un championnat dans lequel elle brillera jusqu’en 1988. Avant que sa santé fragile ne la rattrape et la contraigne à cesser de piloter. 

©Wikipédia

Mais peu importe les obstacles, toutes les routes empruntées par la légende italienne mènent au sport automobile. Elle fonde sa propre écurie automobile, la Lombardi Autosport. Un dernier fait d’armes ô combien symbolique de la force de caractère de la championne. 

Le 3 mars 1992, à quelques jours de ses 51 ans, Lella Lombardi s’éteint des suites d’un cancer. Mais son héritage perdure. Aujourd’hui, seulement cinq femmes ont été des pilotes officielles de Formule 1. Des noms entrés dans la légende du sport : Maria Teresa de Filippis en 1958 et 1959, Divina Galica en 1976 et 1978, Désiré Wilson en 1980, Giovanna Amati en 1992, et donc Lella Lombardi, de 1974 à 1976. 

Entre ces cinq pilotes d’exception, une seule a terminé dans les points au moins une fois. Une seule a pris part à douze départs de Grand Prix du championnat du monde de Formule 1. Une pilote de génie venue du nord de l’Italie et qui a toujours cru en elle. 

Aujourd’hui, nous pouvons toujours l’affirmer : Lella Lombardi est la meilleure pilote féminine de Formule 1 de l’histoire. Une pionnière qui a vécu à deux-cents à l’heure. 

Ouverture: ©Classic Courses/Facebook

Vous aimerez aussi…

Le Q&A de la cycliste Alice Puech

Le Q&A de la cycliste Alice Puech

Toujours prête à monter en selle ! À vélo, Alice Puech est une acharnée, une fille qui ne craint pas d’avaler les kilomètres. Également triathlète, elle est une sportive à l’énergie débordante. Petit Q&A express et en images d’une cycliste épanouie.

Lire plus »
Renelle Lamotte

Rénelle Lamote, l’athlète qui fond sur Tokyo pour oublier Rio

Il y a cinq ans, au Brésil, Rénelle Lamote voyait ses ambitions olympiques réduites à néant dès les séries. Après une lente et douloureuse reconstruction, la demi-fondeuse francilienne est parvenue à renouer avec son meilleur niveau. À quelques jours de son entrée en lice aux Jeux Olympiques de Tokyo, la double vice-championne d’Europe du 800 mètres veut rivaliser avec le gratin mondial.

Lire plus »
Sandy Montanola : « L’idée est toujours la même : le sport masculin est l’étalon de mesure et le sport féminin vise à y ressembler »

Sandy Montanola : « L’idée est toujours la même : le sport masculin est l’étalon de mesure et le sport féminin vise à y ressembler. »

Elle travaille sur les inégalités femmes-hommes dans les médias. Maîtresse de conférences à l’université de Rennes 1, responsable de la formation en Journalisme de l’IUT de Lannion et co-responsable de la mission égalité-diversité de la CEJ (conférence des écoles en journalisme), Sandy Montanola dresse, avec nous, un panorama de l’évolution du traitement médiatique du sport féminin. Où tout reste à faire.

Lire plus »
Debi Thomas, 4 minutes pour porter un coup fatal aux stéréotypes

Debi Thomas, 4 minutes pour porter un coup fatal aux stéréotypes

Elle a su bousculer un ordre, jusqu’alors, bien établi. En décrochant la médaille de bronze en patinage artistique à Calgary, au Canada, en 1988, Debi Thomas est devenue, à 20 ans, la première athlète noire à grimper sur un podium lors des Jeux Olympiques d’hiver. Un tour de force extraordinaire de la part de l’Américaine qui attend, depuis plus de trente ans, celle qui prendra le relais.

Lire plus »
Il était une fois le snowboard….féminin

Il était une fois le snowboard… féminin

En 2016, le film documentaire Full Moon sortait sur les écrans. Le grand public découvre alors que, oui les femmes peuvent rider ! À l’occasion de cette riche période olympique d’hiver, ÀBLOCK! (re)met en lumière cette discipline née en 1965 et l’une de ses plus grandes rideuses, la pionnière française qui a marqué la neige… et les esprits. Elle s’appelait Karine Ruby.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner