Le lacrosse (ou La crosse dans les pays anglo-saxons) fait partie des cinq nouveaux sports prévus au programme olympique des Jeux de Los Angeles en 2028. Très populaire en Amérique du Nord, il reste encore inconnu en France. Discipline intense dont les joueurs n’ont pas peur du contact, le « sport national d’été du Canada » a longtemps eu la réputation d’être « un truc de mec ». Pourtant, à l’origine, il s’agissait surtout d’un jeu traditionnel des peuples amérindiens. Rituel social et politique ancestral, notamment chez les Iroquois, le lacrosse s’est progressivement transformé. Il devient un véritable sport codifié dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous la houlette du Canadien William George Beers.
À l’époque des Premières Nations d’Amérique du Nord, le « jeu du Créateur » avait une vocation spirituelle. Des centaines de membres d’une même tribu y participaient, les femmes incluses. Mais avec la colonisation des terres amérindiennes et l’arrivée du christianisme, celles-ci ont été éloignées de toute pratique dite « sportive ». Une nana qui fait du sport, ça n’va pas ou quoi ?
Il faut donc attendre 1890 pour assister au premier match officiel de lacrosse féminin. Après un voyage au Canada, Louisa Lumsden (figure de proue de la lutte pour le droit à l’éducation des filles) ramène la pratique en Écosse. La St Leonards School de St Andrews est reconnue comme le berceau du lacrosse féminin. Les premières équipes féminines ? Elles se composent d’étudiantes/athlètes badass.
C’est à l’après-guerre que le lacrosse féminin commence à s’organiser en compétitions internationales. Rosabelle Sinclair fonde, en 1926, la première équipe féminine de lacrosse en Amérique. Là aussi, les joueuses sont des étudiantes puisque Rosabelle enseigne à la Bryn Mawr School de Baltimore, dans l’État du Maryland. Première femme intronisée au National Lacrosse Hall of Fame, elle est surnommée « la mère du lacrosse féminin » aux États-Unis.
Mais c’est bien en Grande-Bretagne, en 1931, qu’est fondée la Women’s Lacrosse Association. Aujourd’hui, le lacrosse féminin est une discipline sportive particulièrement populaire dans les universités américaines. Elle est organisée et régulée par la National Collegiate Athletic Association (NCAA), l’organisme qui supervise toutes les compétitions sportives des universités et des collèges aux États-Unis. En fait, sans ces compétitions entre facs, le lacrosse n’aurait peut-être pas autant de succès outre-atlantique.
Là-bas, la version la plus répandue – bien qu’encore totalement inconnue en France – est le Field Lacrosse (ou la crosse en champ). La discipline n’a plus rien à voir avec le rite traditionnel amérindien de l’époque pré-coloniale… Avec dix joueurs armés de bâtons (« sticks » en anglais) sur un terrain de 110m sur 60m, le lacrosse moderne est un mélange de hockey sur gazon, de handball et de football américain. C’est un sport rapide et stratégique dans lequel le corps à corps n’est pas rare. Ce côté physique, parfois violent, a longtemps empêché les femmes d’accéder aux terrains.
Aujourd’hui, le lacrosse féminin est un sport à part entière, dont les règles diffèrent de celles du lacrosse masculin. Les joueuses, plus nombreuses sur le terrain, n’ont pas besoin des lourdes protections rigides portés par les hommes car les contacts sont limités. Les règles de pénalité sont également différentes, tout comme le stick. Sa poche, moins profonde, rend la maîtrise de la balle plus délicate. Ce qui compte dans la version féminine du lacrosse, c’est avant tout la technique, la vitesse et la stratégie.
Sans surprise, il a fallu un peu plus de temps à la version féminine du lacrosse pour se faire une place sur la scène internationale. Quinze années séparent le premier championnat du monde de lacrosse féminin, organisé en 1982, de sa version masculine. À l’époque, l’équipe américaine, menée par sa capitaine Jane Diamond Barbieri, l’emporte en finale contre les Canadiennes dirigées par Michelle Bowyer. Et aujourd’hui ? Les grandes joueuses ne manquent pas. On peut citer l’incroyable attaquante américaine Kylie Ohlmiller, la légende australienne Hannah Nielsen ou encore Dana Dobbie, une des pionnières du lacrosse féminin au Canada.
Après avoir été intégré à titre amateur aux Jeux Olympiques de 1904 et 1908, le lacrosse fera son grand retour aux JO de 2028, à Los Angeles. Les fans des Jeux découvriront une variante inédite de la discipline : le « Lacrosse Sixes ». Sans fédération et avec seulement 11 clubs dans tout l’Hexagone, il y a encore beaucoup à faire pour le lacrosse français. Jusqu’ici, le pays ne possédait pas d’équipe nationale féminine… Mais bonne nouvelle, le premier match 100 % féminin s’est déroulé en juillet 2024 !
Chez ABLOCK!, on croise les sticks pour que ce ne soit pas le dernier.