Le flag football (ou « football sans contact » pour les Québécois) est une variante du football américain apparue aux États-Unis, dans les années 1920. C’est l’un des cinq sports additionnels inscrits au programme des Jeux Olympiques de 2028, à Los Angeles. En résumé, c’est un sport collectif qui met à l’honneur l’agilité, la stratégie et l’esprit d’équipe. Ici, pas de plaquages, mais des « déflaguages ». Les joueurs (5 ou 7 par équipe) portent une ceinture ornée de rubans (les fameux « flags ») attachés de chaque côté des hanches. Le but ? Arracher ces flags pour stopper la course de la porteuse ou du porteur du ballon ovale.
Ici, on le sait bien, dans le sport, le contact physique est souvent l’argument numéro un pour écarter les femmes. La boxe, le rugby, le football américain seraient, selon certains, « trop dangereux pour les filles ». Il paraît qu’on est fragiles… Pourtant, quand on repense à toutes les athlètes incroyables rencontrées depuis la création d’ABLOCK!, ce genre de discours nous fait doucement sourire. On se souvient notamment des mots de Cléa, joueuse de football américain, rencontrée en octobre 2020 : « À toutes les personnes qui affirment que c’est un sport violent (le football américain, NDLR), un cliché relativement répandu, je répondrais que c’est un sport intense, à impacts certes, mais maîtrisés (…) Il m’a fait découvrir une autre forme de féminité : je m’affirme, je n’ai pas peur d’aller au contact. »
Et paf ! Force est de constater qu’à l’aube de 2025, il existe encore des gens qui s’étranglent à l’idée que des femmes pratiquent des sports à impacts. Et le flag football, dans tout ça ? Remontons un peu dans le temps pour mieux comprendre : le flag football voit donc le jour dans les années 1920, sur les bases militaires américaines. Son objectif ? Permettre aux soldats de pratiquer le football sans risquer la blessure. Les plus machistes diront sûrement que le flag football est une version féminine de leur sport préféré… Sauf qu’à l’époque, les femmes soldats ne sont pas encore reconnues officiellement, c’est donc bien un « sport de mec ». Pour rappel : les Américaines n’obtiennent un statut militaire officiel qu’en 1948, avec l’adoption de « l’Armed Services Integration Act ».
Entre 1950 et 1970, les femmes gagnent enfin du terrain sur le plan des droits sociaux. Parmi leurs revendications : le droit de pratiquer toutes les disciplines sportives, sans discrimination. La National Flag Football League est fondée en 1960, mais la participation des femmes aux compétitions ne se développe qu’à partir des années 2000. Deux organisations ont participé à cette mise en lumière : la league « United States Flag & Touch » (USFTL) et le « Hike it and Spike it » – l’un des plus grands et des plus anciens tournois de flag football du pays. Elles ont joué un rôle fondateur dans l’intégration des femmes et des équipes mixtes dans les compétitions américaines de flag foot. Quant au premier championnat mondial féminin de flag football, organisé il y a seulement vingt ans, on le doit à l’International Federation of American Football (IFAF).
En France, le football sans contact fait son apparition dans les années 1990. Elisa de Santis, capitaine de l’équipe nationale et pionnière du flag football féminin dans l’Hexagone, a longtemps été la seule fille sur le terrain. Lorsqu’elle a débuté ce sport à dix ans, il n’existait aucune équipe féminine. En 2023, à 34 ans, et malgré un beau palmarès, elle nous confiait ne pas encore être considérée comme une athlète de haut niveau. Pourtant, elle a été championne du monde en 2006 et championne d’Europe en 2007 ! Aujourd’hui, elle joue à la fois dans une équipe 100 % féminine et dans une équipe mixte. L’été 2024, à l’Euro, les filles de l’équipe de France sont allées jusqu’en demi-finales. Et, en cette rentrée 2025, son équipe créée en 2015 par ses soins, Les Redlips (alias les Molosses d’Asnières-sur-Seine), a remporté la Coupe de France. Le rêve d’Élisa ? Participer aux Jeux de Los Angeles 2028.
Ces premiers JO du flag football seront l’occasion, pour nos joueuses et pour toutes les autres, d’asseoir définitivement leur place sur les terrains. Qu’on se le dise : le football sans contact est aussi une histoire de femmes ! Les derniers championnats du monde, organisés en août 2024 à Lahti, en Finlande, ont réuni 23 équipes féminines contre 32 équipes masculines. Certes, ce n’est pas encore l’égalité parfaite, mais l’IFAF s’est félicitée de ce nouveau record : jamais, dans l’histoire du flag football, une compétition n’avait compté autant de participantes. Sur les terrains du monde entier, les filles sont à deux doigts du touchdown !