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Nina Kanto
Après un parcours junior dans le club de Noisy-le-Grand, Nina Kanto commence sa carrière professionnelle en
Publié le 29 mai 2024 à 17h27, mis à jour le 13 juin 2024 à 16h17
Pourquoi as-tu accepté d’offrir ton témoignage à 1m60max et ÀBLOCK ?
Une interview, c’est toujours intéressant à faire et ce sujet-là touche beaucoup de femmes. Pour ma part, on me définit souvent dans les médias comme “petite” mais c’est surtout parce que je suis dans une petite catégorie.
Mais toi, tu ne t’es jamais définie comme telle ?
Avant, si. Ma taille me bloquait, je me sentais gênée dans certains mouvements, pour attraper certaines prises un peu hautes. Mais en fait, il fallait juste travailler, forcer un peu plus pour pousser plus haut. Et puis, à l’inverse, comme je suis petite, je peux monter mes pieds plus haut, mon centre de gravité ne me fait pas reculer.
Il ne faut vraiment pas le voir comme un désavantage, c’est juste une “description de soi”. Dans ma catégorie, il y a des exemples qui le montrent bien comme Ai Mori, une Japonaise qui a fait troisième aux championnats du monde. Elle fait 1,54m. Zélia Avezou aussi, une Française qui prépare les JO. Elle doit faire 1,55m, 1,56m. D’ailleurs c’est une amie de longue date et on a souvent parlé au début de nos carrières du fait qu’on était les plus petites des catégories jeunes.
©Elsa Ravinet/YouTube
Tu nous présentes ton parcours sportif ?
J’ai commencé l’escalade à 8 ans. Je suis complètement tombée dedans ! Mes parents n’étaient pas des grimpeurs, ce qui est rare dans le milieu, j’ai juste fait un stage multi-activités un été et j’ai adoré l’escalade, donc je me suis directement inscrite à la rentrée.
À 10 ans, je faisais mes premières compétitions départementales et régionales, à 14 ans mes premiers championnats de France, à 15 ans mon premier podium… Là, je suis rentrée en équipe de France où j’ai fait quatre ans en pôle Espoir à Toulouse.
J’ai fait mes premières coupes d’Europe en “bloc” et en “difficulté”, dans les deux disciplines, même si je suis plus à l’aise en bloc. Et, il y a deux ans, j’ai quitté le pôle pour faire mes études de kiné à Bordeaux mais j’ai toujours des horaires aménagés pour m’entraîner.
©Block Out Toulouse
Tu préfères l’escalade de bloc ou la difficulté (avec la corde) ?
Quand j’étais petite, je faisais surtout de la Diff, c’est normal pour les enfants, puis c’est vrai que ces dernières années le Bloc s’est beaucoup démocratisé. Il y a beaucoup de salles. Et moi je préfère parce que je prends plus de plaisir.
Certains disent que je suis meilleure en Diff mais je trouve qu’il y a plus de pression dans les compétitions de Diff, car une fois que tu es tombée, c’est terminé. Et ça m’est beaucoup arrivée. J’ai du mal à gérer la pression, c’est beaucoup de mental. En bloc, il y a plusieurs essais.
©Elsa Ravinet/LinkedIn
Tu pratiques aussi l’escalade en extérieur ?
Oui, aussi. Je commence à m’y mettre un peu plus car c’est très important, c’est la base de l’escalade, la falaise. Mais ce n’est pas du tout le même sport, il y a plusieurs écoles, plusieurs styles. Je le tente, en essayant de tirer parti de ma taille, parfois c’est pratique pour attraper certaines petites lames fines. Alors, bon, oui c’est sûr que ce serait un avantage d’être géant quand même !
Est-ce qu’il y a des standards physiques en escalade ?
En Diff non. Il y a une Française qui fait 1,48m et elle a participé à beaucoup de finales de Coupe du Monde. Ce sont moins des mouvements “new school”, moins de gainage, moins de serrage. En Bloc, en Coupe du Monde, je dirais qu’il y a un standard autour d’1,65m mais ça ne fait pas tout. C’est juste une indication.
©Elsa Ravinet/Instagram
Tu dis que tu as eu du mal à gérer ta petite taille en tant que grimpeuse au départ, pourquoi ?
En fait, je pense que je me mettais des barrières toute seule, je ne me sentais pas légitime. Je me trouvais trop petite, je me disais que ça allait m’empêcher de réussir. Mais j’ai été bien entourée : on m’a dit qu’on avait ultra confiance en moi, ça m’a donné de la force et ça m’a aidée à grandir mentalement.
Aujourd’hui, il n’y a plus du tout de problème de taille dans l’escalade. C’est un sport complet, ludique. C’est possible de prendre du muscle facilement, de devenir plus souple… Ça aide à progresser mentalement, à aller toujours plus loin.
©Julien PetitPierre
Est-ce que ça été facile de se faire une place dans la communauté des grimpeurs ?
Je suis arrivée très jeune donc j’ai toujours eu ma place. Même en tant que grande timide. Je dirais que j’ai davantage dû me battre contre moi-même. Par exemple, si je galère sur un bloc, je vais le refaire jusqu’à ce que je réussisse.
L’important c’est de ne pas lâcher même si tu en as marre. Il faut continuer, continuer. L’escalade c’est progresser. Physiquement et mentalement, malgré les échecs.
Comment tu fais pour y arriver ?
C’est la préparation mentale qui m’aide. Elle m’a permis de continuer à me battre dans les moments où j’avais l’impression de ne plus progresser, en tout cas pas autant que les autres.
Il faut réussir à se dire que ce n’est pas grave si tu n’as pas progressé aussi vite, tu vas progresser plus tard ou sur d’autres styles. Ça a été mon cas et ça m’a permis de montrer aux gens de la Fédération que je suis quand même dans le haut du classement malgré le fait qu’il y ait de plus en plus de grimpeurs et, qu’à Bordeaux, il y ait moins de structures pour que je m’entraîne. Heureusement, mon club paie tous mes déplacements.
©Elsa Ravinet/LinkedIn
Comment se passe la préparation mentale ?
J’ai un préparateur mental à distance que je vois toutes les trois semaines environ. Il me prépare à affronter des situations dans l’escalade comme dans la vie. Je suis quelqu’un de très stressé et on travaille beaucoup sur ma respiration, sur la confiance.
Au début, je ne voulais pas faire cette préparation mais ma mère m’a un peu forcée, j’en ai beaucoup discuté autour de moi et finalement je ne regrette pas car ça m’aide pour un tas de choses. Pour mes examens de médecine, par exemple.
Est-ce que ta taille est un sujet dans la vie de tous les jours ?
Ça aurait pu ! Par exemple pour attraper des trucs hauts, mais je fais de l’escalade donc pas de problème, je monte sur les meubles ! Sinon, oui, pour faire certaines attractions, parfois j’ai dû tricher. J’ai toujours été la petite, en primaire, au collège… On m’a toujours chariée mais, bon, ils n’étaient pas immenses non plus. J’en croise des gens plus petits ! Ma mère est plus petite, ma sœur aussi.
©Climb Up Paris
Et dans ton métier de kiné ?
Les tables sont réglables, dans pas de souci. Je ne me suis jamais vraiment posée la question et puis ça ne m’aurait jamais arrêtée. J’ai toujours voulu faire ce métier. Depuis mon stage de troisième. J’ai juste dû aménager mon temps avec la fac pour continuer à pratiquer mon sport.
Tu as eu des modèles dans ta vie ?
Ma mère. Elle est têtue comme moi, elle fonce. Elle est sportive, elle fait de la randonnée, du yoga trois fois par semaine. Si elle a envie de faire un truc, elle le fait !
©Elsa Ravinet/Instagram
Tu aimerais être un exemple pour d’autres jeunes femmes ?
Ce serait vraiment beau. Mais certaines me l’ont déjà dit en fait. Il y a une petite de mon Club qui m’a vue en championnat de France, quand j’allais en Europe, et qui venait me féliciter, me dire qu’elle voulait être comme moi.
Et, cet été, j’ai donné des cours à une petite qui était aussi un peu “fan” et j’ai adoré l’aider à progresser. Elle se faisait plaisir à grimper avec elle moi.
Donc, oui, si quelqu’un veut venir me voir, me parler, moi je suis là. Même si je suis réservée, il faut juste venir me parler. Je ne suis pas fermée.
Je sais que pour certains je peux faire peur. Quand je suis concentrée sur un truc, je n’ai pas toujours envie de parler aux gens mais c’est plus parce que je me dis que je peux déranger.
Une dernière chose à dire à toutes celles qui vont te lire ?
Fonce, va réaliser ta passion. Et le plus important : fais-toi plaisir !
*Écoutez le podcast 1m60max, un partenariat ÀBLOCK!, avec Elsa Ravinet
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