
Marie Petitcuénot : « Les applis de sport se bousculent. Bonne nouvelle pour celles qui ont des fourmis dans les jambes. »
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Publié le 27 décembre 2022 à 8h27, mis à jour le 13 janvier 2025 à 16h28
Comment la photographie s’est-elle invitée dans ton parcours ?
Les premières « vraies » photos que j’ai faites datent de la période où les premiers appareils photo reflex sont arrivés sur le marché. Il n’y avait pas réellement de démarche artistique de ma part à ce moment-là. J’étais alors ce qu’on appelle un « geek » et l’idée d’avoir un appareil photo numérique a eu sur moi un effet « wahou » immédiat.
C’était il y a quinze ans, j’ai investi dans du matériel en me disant que j’allais voir ce que ça pouvait donner. Je me suis un peu amusé avec et, quand les smartphones sont arrivés, j’ai fait comme tout le monde : j’ai remisé mon appareil au fond du garage et je l’ai complètement oublié.
Je suis vraiment retombé dedans lorsqu’une de mes amies, qui travaillait à la communication du club professionnel de handball Tremblay, m’a proposé de la rejoindre. L’idée était de faire vivre les soirs de match sur les réseaux sociaux.
J’ai cherché à comprendre comment se racontaient les événements sportifs et, pour cela, je suis allé en voir dans une patinoire. Là, il n’y avait pas de photographe et on m’a dit : « Si tu veux, fais des photos ! ». J’ai ressorti mon reflex et depuis, je n’arrête pas.
Quelle est ta définition d’une belle photo de sport ?
Une belle photo de sport ne correspond pas forcément, pour moi, à l’idée que la majorité des gens s’en font. Beaucoup de photographes cherchent à figer le geste parfait mais, moi, je ne me trouve pas assez bon dans ce domaine.
Ce que je veux, c’est donner à voir ce que les gens ne voient pas, montrer une autre facette du sport. Ça passe par des clichés de disciplines moins médiatisées, des coulisses, des émotions…
Est-ce que les gens sont à la recherche de ça ou du geste parfait ? C’est une vraie question. Je continue à me dire que cette dernière option n’est pas forcément la plus intéressante. Si tu couvres un match de foot, le geste parfait, tu peux le voir mille fois en replay et tous les photographes vont avoir l’objectif rivé dessus.
Je préfère photographier des gestes de victoire sur le banc plutôt que de m’acharner à immortaliser le palet qui arrive en plein milieu de la lucarne. Ma démarche est de montrer un autre aspect de l’événement.
©Denis Broyer
Est-ce que tu abordes le sport féminin de manière différente lorsque tu couvres un évènement ?
La différence majeure entre sport féminin et sport masculin est que je ne peux pas rentrer dans les vestiaires quand je couvre une rencontre féminine !
Il y a également un peu plus de retenue de ma part. La semaine dernière, par exemple, un joueur s’est ouvert l’arcade sourcilière. Je n’ai pas de scrupules à shooter un mec en sang alors que, s’il s’était agi d’une fille, je pense que j’aurais hésité à montrer ce genre de choses.
L’autre différence fondamentale pour moi est que le sport féminin est plus accessible, plus sympa. Les photos sont, de fait, plus naturelles, dégagent davantage d’émotions, c’est moins sous contrôle. Photographier le sport féminin, c’est photographier l’émotion.
Tu as sélectionné pour nous 5 de tes clichés préférés, quel est ton cliché N°1 ?
Cette photo ci-dessous est celle de Charlotte Cagigos. Je trouve son parcours assez génial : celui d’une fille qui joue avec des garçons.
Durant la rencontre, elle était sur la glace avec vingt joueurs de chaque côté. Son histoire est intéressante, c’est pourquoi cette photo a du sens. C’est peut-être d’ailleurs celle de mes photos qui a été la plus partagée, reprise, ré-utilisée.
Pour la shooter, je suis resté dix minutes à ses côtés sur le banc à essayer de faire le meilleur cliché possible, ce qui ne m’arrive d’ordinaire jamais. Ce qui interpelle ici, c’est son regard. Il est magnifique. On la sent ultra concentrée, son œil bleu ressort par rapport à la blancheur de l’arrière-plan.
©Denis Broyer
Ton cliché N°2 ?
Cette jeune femme, c’est Amina Tounkara. Elle est gardienne au club de hand de Noisy-le-Grand, un club professionnel de deuxième division.
Cette photo est doublement intéressante : il y a le côté géométrique avec lequel j’aime jouer et les couleurs que j’adore faire ressortir. En termes de rendu, c’est génial.
La direction de son regard va dans le même sens que la ligne. Symboliquement, ça parle de franchir la ligne, de passer de l’autre côté, ce qui résonne avec l’histoire d’Amina : elle a créé Hand’Joy, une association qui vient en aide aux filles qui n’ont pas accès au sport, dans le but de les encourager à pratiquer.
©Denis Broyer
Ton cliché N°3 ?
Je photographiais là deux équipes de Ligue Magnus, deux équipes professionnelles de hockey sur glace, Cergy et Amiens, à l’occasion d’un qualificatif de playoffs.
Pour moi, cette photo est symbolique de l’énergie qui se dégage du hockey. Un sport sous-médiatisé, difficile à retransmettre à la télévision car il est quasi-impossible de suivre la rondelle, peu aisé de comprendre les règles… Si tu pousses les portes d’une patinoire, tu vas tout de suite le comprendre !
Ce qui me plaît aussi sur cette photo, c’est que tu ne sais pas où sont les têtes, où sont les pieds, où sont les crosses. Il y a des gens qui se sont d’ailleurs amusés à la reproduire sur tablette en la dessinant, c’était assez amusant de la voir en mode bande-dessinée.
©Denis Broyer
Ton cliché N°4 ?
Cette photo, je l’ai prise lors d’un entraînement de para-hockey. Le club de hockey de Neuilly-sur-Marne dont j’assure la communication essaie de mettre cette discipline en avant, mais tant que tu n’as pas vu ces joueurs et ces joueuses évoluer « en vrai », il est très difficile de se rendre compte des difficultés auxquelles ils et elles doivent faire face pour pouvoir pratiquer. Je trouve ça à la fois hallucinant et héroïque de leur part.
Avec le sport, ils s’éclatent. Pendant l’heure et demi durant laquelle ils évoluent sur la glace, il y a des sourires, de l’engagement, le même que celui des professionnels valides. Dans la démarche handisport, valides et joueurs handicapés physiques sont mélangés, garçons et filles également.
Moi, après cette session, j’ai quitté la patinoire en étant conscient d’être un peu différent. Cette photo n’est peut-être pas artistique, mais il y a ce regard et ce handicap assumé qui démontrent bien que l’inclusion par le sport est d’une grande importance.
©Denis Broyer
Ton cliché N°5 ?
Cette photo montre une équipe de floorball, un cousin du hockey qui se joue dans un gymnase, sans glace et sans roulettes. En gros, il faut s’imaginer pousser une balle avec une crosse mais en courant. Dans le genre sport méconnu, le floorball se pose là !
L’une des particularités de cette discipline est que, en France, les compétitions sont mixtes. Ce cliché prouve que tous les sports ne sont pas misogynes. Quand on assiste à un match de floorball, on repère d’abord la joueuse. Elle joue avec des garçons, elle donne ses directives et tout le monde l’écoute, tout le monde applique ses consignes. Sur la photo, elle donne l’impression d’être la patronne et tout se passe très bien !
©Denis Broyer
Notre série Photo…griffe
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