Hey girls, mettez-vous en mouvement pour la bonne cause !
Le Triathlon des Roses est de retour pour sa 8e édition. Une course féminine et solidaire pour lutter contre le cancer du sein et aider la recherche. Vous en êtes ?
Publié le 07 février 2022 à 6h00, mis à jour le 13 janvier 2025 à 16h42
Tu montes sur des patins dès l’âge de 3 ans après que tes parents t’aient inscrite à l’école de glace de Montpellier. L’idée est alors de te faire découvrir le patinage artistique mais, toi, tu vas immédiatement montrer de l’intérêt pour une autre discipline : le hockey sur glace…
J’ai découvert le hockey parce que mon grand-frère en faisait. Mes parents l’accompagnaient et c’est comme ça qu’ils m’ont inscrite à l’école de glace.
À l’époque, la Fédération de patinage artistique et celle de hockey sur glace ne faisaient qu’une. Aller à l’école de glace permettait de découvrir les deux sports.
Moi, je me suis dirigée directement vers le hockey, je n’ai pas fait du tout de patinage. Je ne me souviens plus exactement ce qui m’a plu dans ce sport car j’étais très jeune, mais il y avait du jeu, des petits matches, on apprenait à utiliser la crosse… C’était cool !
Très vite, ce sport devient, pour toi, une passion. Ça se traduisait comment au quotidien ?
Les jours où j’allais au hockey, j’étais contente. Et puis, mon petit frère s’est également mis au hockey ce qui fait que, à la maison, on jouait tout le temps au hockey !
À 14 ans, tu réussis à persuader tes parents de prendre la direction de Chambéry pour suivre un cursus sport-études. Comment ça s’est passé ?
Plus jeune, j’ai appris qu’il y avait un pôle France féminin en hockey sur glace à Chambéry. Très vite, mon objectif a été d’y entrer.
Ça a été un peu compliqué pour ma mère car je suis partie à 14 ans et elle aurait préféré que je reste près d’elle, mais mes deux parents m’ont soutenue à 100 % dans ce projet-là, ça n’a pas posé de problème.
C’était quoi tes ambitions en intégrant ce pôle France ?
Quand je suis partie, je rêvais d’intégrer l’équipe de France, que ce soit l’équipe de France U16 ou U18.
À Chambéry, j’ai découvert le haut niveau et les sacrifices qu’il demande, que ce soit en matière d’éloignement – on est loin de sa famille – mais aussi du nombre d’heures d’entraînement sur et hors glace.
Mais c’est ce qui m’a plu et, à partir de ce moment-là, toute ma vie a été conditionnée par le hockey.
Ton bac en poche, tu cherches un club mais il y a un problème, il y a peu d’équipes féminines en France et le niveau, de fait, est assez disparate. Comment tu expliques cette faible représentation féminine en hockey en France. Tu en avais conscience quand tu étais à Chambéry ?
Je savais qu’il n’y avait pas énormément d’équipes féminines. Quand j’étais au pôle France, j’ai commencé à côtoyer des filles beaucoup plus âgées que moi et je me suis rendu compte que, pour aller en équipe de France sénior et pour se développer au maximum, une option était de partir à l’étranger.
Quand j’ai découvert ça, j’ai décidé de passer le bac pour ensuite tenter l’expérience dans un autre pays. Malheureusement, à 15-16 ans, je me suis blessée, ce qui m’a tenue éloignée de la glace pendant un an.
À ce moment-là, j’ai réalisé que le hockey c’était bien, mais que les études, c’était aussi super important, que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain.
Une fois ton bac en poche, tu vas prendre la direction de Caen où tu vas évoluer avec les garçons…
Après mon bac, je voulais rester en France pour poursuivre mes études, mais j’avais besoin de changements.
J’avais 17 ans, c’était ma première année U20, et je cherchais un club où j’aurais pu jouer en U17 élite avec une place de gardienne titulaire.
Il faut savoir que la Fédération nous autorise, nous les filles, à être sous-classées dans les catégories U17 et U20 masculines, c’est-à-dire de jouer avec des garçons plus jeunes.
Mon souhait était aussi de trouver un club avec un bon centre d’entraînement. C’est à cette période que j’ai intégré le pôle espoir de Caen.
Gardienne, c’était ton poste d’origine ou est-ce que tu l’es devenue pour te laisser une chance de vivre ta passion en rejoignant une équipe masculine ?
Non, j’ai commencé gardienne quand j’avais 7-8 ans. À cet âge-là, on passe tous par le poste de gardien de but.
C’est un poste totalement à part, l’équipement est différent et ça plaît beaucoup aux enfants.
Moi, j’ai essayé, ça m’a plu et j’y suis resté.
En ce qui concerne le club, Caen était ton unique choix ou tu avais démarché d’autres structures ?
J’aurais pu démarcher d’autres clubs mais avec Caen, ça s’est bien passé. J’ai contacté le club et j’ai eu de bons retours.
De leur côté, me faire évoluer en U17 pour que je puisse être en équipe de France U18 les intéressait et du mien, le projet m’a plu, notamment pour ce qui est de la formation au pôle espoir.
Tu dis que, à cette époque, tu cherches une structure qui te donnerait du temps de jeu et te permettrait d’apprendre « même » en étant une fille. Être une fille et vouloir jouer au hockey chez les pros, c’est un handicap finalement ?
C’est compliqué. Il y a des clubs qui préfèrent former leurs joueurs pour qu’ils performent, par la suite, dans les équipes professionnelles.
Quand on évolue à un poste de joueur, c’est également beaucoup plus difficile pour une fille de jouer au haut niveau masculin chez les séniors parce que, physiologiquement, il y a du contact et ça va très vite.
En fait, quand on joue avec les garçons, on est obligées de s’adapter à leurs règles, c’est-à-dire aux charges, alors que dans le hockey féminin il n’y en a pas. C’est un jeu différent.
Pour ce qui est du poste de gardien de but, en revanche, les différences sont moindres et s’entraîner avec des garçons qui sont physiologiquement un peu plus forts est plus un avantage.
Comment on le vit cette disparité entre hockey féminin et hockey masculin ? Comme une injustice ?
En France, il existe de nombreux problèmes, à commencer par le fait que nous ne sommes pas très bien équipés en patinoires.
En hockey, il faut beaucoup d’heures d’entraînement, beaucoup d’heures de glace et pour les créneaux, c’est un peu la guerre.
Nous devons partager les lieux avec le patinage artistique, les créneaux publics, et il est compliqué, pour les clubs, et les garçons notamment, d’avoir du temps de glace.
Je pense aussi que la plupart des filles qui font du hockey dans les équipes féminines sont des filles qui font des études en parallèle et qui n’ont peut-être pas forcément envie de faire tous les sacrifices que le haut niveau requiert juste pour jouer un match par semaine dans un championnat qui n’est pas encore très développé.
Tout cela fait que, si nous voulons performer et nous développer, nous sommes un peu contraintes de nous entraîner avec les garçons.
Pour revenir à tes débuts avec les Drakkars, lors de ton arrivée, Virgile Mariette, le responsable du pôle espoirs, te dit clairement que le fait que tu sois une fille n’est pas un sujet et que, à partir du moment où tu travailles, il ne fera aucune différence. C’était rassurant ce discours pour toi ?
Oui, c’est un discours rassurant car la politique n’est pas la même dans tous les clubs et nous, les filles, on a peut-être plus de choses à prouver pour avoir la confiance de nos coaches parce qu’on est peu nombreuses.
Avant toi, Nolwenn Rousselle a, elle aussi, évolué avec les Drakkars. C’est quelque chose que tu savais et que tu as pris en compte au moment de les démarcher ?
Nolwenn était ma coache au pôle France féminin. Je savais qu’elle avait fait quelques apparitions lors de matches en ligue professionnelle mais, pour être honnête, lorsque j’ai pris contact avec Caen, je ne m’en souvenais plus.
Comment se sont passés tes débuts ?
Quand je suis arrivée, tout s’est très bien passé. J’ai joué deux ans avec les U17, un an avec les U20 et la D3 et, depuis l’année dernière, je joue en U20. En D3, je suis également dans le groupe professionnel où je suis seconde gardienne.
Tu t’attendais, ou tu espérais, un jour devenir gardienne, même remplaçante, de l’équipe fanion ?
Quand je l’ai appris, ça faisait déjà un peu plus d’un an que je m’entraînais avec l’équipe D1 parce que notre premier gardien fait ses études à Rouen et s’y entraîne toute la semaine.
Avec les garçons, l’intégration s’était bien passée et quand le coach m’a proposée cette place de second gardien – on est deux en réalité et on tourne – ça m’a fait très plaisir parce que, quand je suis arrivée à Caen, ce n’était ni dans mes objectifs, ni quelque chose que j’avais imaginé auparavant.
Ça a été un peu de stress au début mais, avec le temps, maintenant, ça va.
Tu vas faire tes premiers pas en match officiel lors d’une rencontre amicale face aux Bisons de Neuilly-Sur-Marne début janvier 2021. Qu’est-ce que tu as ressenti ?
C’était une saison très particulière puisque, à cause du Covid, on n’avait pas joué depuis trois-quatre mois.
Dans un premier temps, j’étais contente de pouvoir rejouer un match. Savoir que j’allais disputer ma première rencontre en D1 m’a mis un peu de pression mais ce qui m’en a mis encore plus, c’est la tournure médiatique que tout cela a pris.
Je me suis rendu compte, à ce moment-là, que je représentais un peu les filles dans le monde du sport et que si je me loupais, ça signifierait que nous n’y avions pas notre place.
Cette prise de conscience t’a donné envie de t’engager encore plus ou c’était, et ça reste, un poids trop lourd à porter seule ?
Je ne sais pas trop. Quand j’ai joué, je me suis dit que je faisais du hockey parce que j’aimais ça et qu’au final, ça restait un match comme les autres. Il fallait juste que je fasse ce que je savais faire et c’était tout.
Je ne pratique pas le hockey pour être mise en lumière même si je pense que ça a été une bonne chose pour le hockey féminin.
Ceci étant, je suis plutôt discrète et ça n’a pas été facile.
Cet engagement va peut-être permettre de susciter des vocations chez les petites filles…
C’est pour ça que j’ai accepté ce que l’on me proposait car je pense que, quand j’ai commencé le hockey sur glace, j’aurais été contente de savoir que c’était possible, qu’on pouvait donner aux petites filles l’envie de faire du hockey, même si c’est avec les garçons, que c’est un sport dans lequel tout le monde peut y trouver son compte.
Pour autant, tout ça s’est passé à l’occasion d’un match amical et je pense qu’il y a beaucoup d’autres filles qui font, elles aussi, des trucs incroyables.
Comment s’annonce l’avenir pour toi ? Tu penses toujours à une expérience à l’étranger dans une structure 100 % féminine ?
Pour le moment, je continue mes études et j’aimerais bien avoir mon diplôme – je suis en Master pour être professeur des écoles – pour pouvoir travailler par la suite car être hockeyeur ne paye pas beaucoup.
Malgré tout, j’aimerais bien tenter l’expérience à l’étranger quand même, pour un ou deux ans, peut-être plus, je ne sais pas.
Mes objectifs, pour l’avenir, c’est de continuer à me développer, de continuer à prendre du plaisir en jouant au hockey. J’ai la chance de pouvoir jouer en U20, j’ai du temps de jeu dans un grand championnat et je m’entraîne avec des garçons qui sont hockeyeurs professionnels.
J’ai aussi pour ambition de faire ma place en équipe de France sénior. J’ai fait quelques stages avec les Bleues et je suis, cette semaine, en Norvège pour un tournoi des 4 nations (8-13 février, Ndlr).
Normalement, ce sera ma première compétition internationale en sénior et j’espère que ça va bien se passer. Les filles, malheureusement, ne se sont pas qualifiées pour les Jeux Olympiques de Pékin mais les prochains arrivent… Ça aussi, c’est un objectif.
Vous aimerez aussi…
Le Triathlon des Roses est de retour pour sa 8e édition. Une course féminine et solidaire pour lutter contre le cancer du sein et aider la recherche. Vous en êtes ?
Girls, vous êtes plus fortes que vous ne le pensez. Bouger ne vous fait pas peur. Et c’ est l’Insee qui le dit.
Elle voulait être cosmonaute en Roumanie. Elle sera championne de natation et ministre des Sports en France. Au micro du Podcast ÀBLOCK!, Roxana Maracineanu raconte la sportive, la ministre, la femme engagée.
On la surnomme Mini Corps, Shishou ou Shish, ça la fait bien rire. La championne de judo française Shirine Boukli, 25 ans, est une combattante d’1,57m qui envoie du bois ! Elle raconte sa petite taille et ses grandes ambitions dans la première saison du podcast 1m60max dont ÀBLOCK! est partenaire. Et ça, c’est grand !
Elle a donné un an de sa vie pour la Transat Jacques Vabre qui vient de s’élancer du Havre. Elle, c’est Charlotte Cormouls-Houlès, 27 ans, navigatrice passionnée qui n’aurait jamais imaginé pouvoir s’embarquer dans pareille aventure. Nous l’avons rencontrée deux jours avant son grand départ. Avec sa co-skippeuse Claire-Victoire de Fleurian, la voilà à flot pour voguer vers un rêve devenu réalité.
Jusqu’au 6 avril, place à la 8e édition de la Semaine Olympique et Paralympique dans les écoles ! Une semaine pour promouvoir la pratique sportive chez les jeunes. On y va, on traîne pas !
Alors comme ça, les jeunes filles devraient éviter la pratique du rugby ? C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude qui met en évidence des stéréotypes à la peau dure… Allez les p’tiotes, ne restez pas sur la touche !
Elle pourrait nous offrir ses plus belles figures à Tokyo, elle qui se prépare pour les prochains JO, en juillet. La trampoliniste Léa Labrousse, 6 médailles européennes en tumbling et trampoline et 2 pour la France, a atterri en douceur pour répondre à notre questionnaire Proustien.
Après avoir voulu être danseuse puis psychanalyste, Sophie Danger est finalement devenue journaliste. Elle signe ses
Elle n’est pas une athlète comme les autres. En 2016, Rose Nathike Lokonyen participait aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro au sein de la première équipe de réfugiés de l’Histoire. Depuis, la jeune sud-soudanaise continue de tracer sa route, utilisant le sport pour mettre en lumière le sort de ceux qui, comme elle, ont dû fuir leur pays. Portrait d’une sportive qui (re)vient de loin.
Elles sont championnes de VTT, de BMX, de rugby ou de hockey sur gazon (Maddie Hinch, notre photo) ; elles sont adeptes de foot américain ou de yoga, toutes ont eu la faveur de nos colonnes cette semaine. Championnes du monde ou du quotidien, elles nous bluffent. Des rencontres, enquêtes ou témoignages à (re)découvrir pour être ÀBLOCK!
Elle aime se définir comme une femme d’engagement. La Bretonne Dominique Carlac’h co-préside, du haut de son 1,84m, aux destinés du Medef. Elle est aussi cheffe d’entreprise et ex-sportive de haut niveau, championne de France au 400m. Le sport l’a nourrie, construite, presque façonnée. Mais il l’a aussi fragilisée, bouleversée. Entretien XXL avec une drôle de dame qui n’a plus peur de rien.
Abonnez-vous à la newsletter