« Vouloir sauver les Jeux à tout prix, sans doute pour des enjeux financiers, pour le spectacle, c’est irresponsable. La priorité des priorités doit être la santé des gens. C’est triste à dire, mais je pense qu’il faudra un mort parmi les sportifs olympiques en préparation pour qu’on se rende compte de la situation. »
Le Président de la Fédération française de natation, Gilles Sezionale, n’y va pas par quatre chemins pour exprimer son désaccord avec le CIO (Comité International Olympique) dans une interview au journal Ouest France.
Report des JO de Tokyo
Le communiqué de la fédé de natation enfonce le clou : « Face au caractère international de la crise sanitaire sans précédent qui s’étend sur le territoire français et partout dans le monde, les dirigeants de la Fédération Française de Natation estiment que la priorité est de lutter contre la propagation de l’épidémie et que le contexte actuel ne permet pas d’envisager sereinement le bon déroulement des Jeux Olympiques 2020, prévus du 24 juillet au 9 août 2020.
Ils connaissent les enjeux économiques, organisationnels et financiers de cet événement majeur mais ils appellent le Comité International Olympique à mettre tout en œuvre pour étudier en toute transparence les options de maintien comme de report des Jeux Olympiques de Tokyo. »
Des Jeux au rabais ?
Une fédé qui insiste sur le fait que « les diverses dispositions de confinement prises pour enrayer l’épidémie dans de nombreux pays ne permettent pas de garantir l’équité sportive dans la préparation de cette compétition. En France notamment, les athlètes sont défavorisés par un confinement généralisé qui ne leur permet plus du tout de s’entraîner, et la FFN se doit d’être à leurs côtés soit par l’option du report, soit par l’obtention de conditions d’entraînement décentes qui doivent être alors obtenues par le CNOSF. »
« On aurait alors, explique Gilles Sezionale, des JO à trois ou quatre vitesses ! Au-delà de l’inéquité, parlons des performances. On est parti, je pense, pour 45 jours sans entraînement. Les nageurs s’entraînent généralement 4 à 5 heures par jour, donc faites le calcul… Nos athlètes ne seront pas prêts en juillet, ce sera le cas de beaucoup d’autres sportifs ! On irait donc vers des Jeux au rabais… »
Alain Bernard sur la même ligne…
Une prise de position partagée par le double champion Olympique Alain Bernard pour qui « il est vital de reconsidérer le sport de Haut Niveau comme un vecteur d’engagement et de dépassement de soi, à condition que l’équité soit respectée. »
Et de juger qu’il n’est pas envisageable de maintenir les échéances sportives à venir, quel que soit le niveau, afin d’endiguer la pandémie.
La Fédération Française de Natation a déjà pris la décision d’annuler tous ses événements sportifs et fédéraux jusqu’en juin 2020, souhaitant par ailleurs « apporter tout son soutien au personnel hospitalier et médical, ainsi qu’à toutes les professions mobilisées pour combattre cette épidémie. »
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