Nouria Newman : rideuse de l’année et c’est pas volé !
« L’ai-je bien descendu ? » La kayakiste française, championne du monde de kayak extrême, qui dévale les rapides comme elle respire vient d’être élue « Rideuse de l’année ». Encore !
Publié le 03 septembre 2024 à 11h08, mis à jour le 09 septembre 2024 à 17h28
« Un ovni arrivé de nulle part ». C’est l’un des maîtres d’armes du Levallois Sporting Club (LSC), Sébastien Barrois, qui le dit. « Elle n’avait pas commencé les circuits nationaux il y a deux ans, aujourd’hui elle est dans le Top 16 mondial ». La prodigieuse Clémence Delavoipière naît le 5 janvier 2000 dans le département de l’Eure. Un an plus tard, le bébé doit subir une amputation au niveau de la jambe droite, sous le genou. « Le handicap fait partie de moi », dit Clémence qui grandit avec une prothèse, mais pas question de mettre sa vie entre parenthèses.
Énergique et passionnée, Clémence Delavoipière pratique le violoncelle et teste tous les sports possibles : gym, escalade, roller… avant de performer en athlétisme, des années collège au lycée. C’est lorsqu’elle quitte le domicile familial de Boissey-le-Châtel pour ses études d’après bac que tout va changer. Elle ne parvient pas à trouver de club d’athlétisme handisport ou alors elle se retrouve à être la seule amputée, une situation qui la démotive totalement.
C’est finalement au détour d’un rendez-vous pour sa prothèse qu’on lui parle d’un sport qu’elle connaît à peine, l’escrime fauteuil. Elle teste, même si le fauteuil la déconcerte dans un premier temps : « Moi je courais avec une lame. Même si je suis en situation de handicap, je n’ai jamais été en fauteuil ». Mais elle n’en décroche plus. Clémence Delavoipière prend ainsi une licence au club d’escrime du Levallois Sporting Club. Et elle va affuter sa lame.
©Clémence Delavoipière/Instagram
Clémence Delavoipière se distingue vite parmi les épéistes et fleurettistes, en catégorie A – ces escrimeurs ont un handicap affectant obligatoirement au moins un membre inférieur. La jeune fille a tout juste 21 ans et acquiert, avec une rapidité sans pareille, les bases de la discipline paralympique. En très peu de temps, elle passe de novice à véritable prodige, en attestent ses résultats : Clémence décroche la médaille d’or en Épée lors des Championnats du monde U23 en 2022 et deux autres médailles, l’argent en Sabre et le bronze au Fleuret.
Un palmarès « inattendu » pour cette escrimeuse en or qui devient championne du monde à seulement 22 ans, un an seulement après son premier coup d’épée. Clémence Delavoipière se fait ainsi un nom dans la discipline.
©Clémence Delavoipière/Facebook
Elle se dit « explosive » car douée dans la vitesse « héritée de l’athlétisme et de ses pointes de sprint » et grâce à son « jeu physique ». Son mental ? Coachée, la jeune para-athlète semble avoir un bon naturel. Un an avant les Jeux, elle restait zen : « Peu importe l’aboutissement, ce ne sera que du positif ».
Mais après avoir été qualifiée en juillet dernier pour les premiers Jeux Paralympiques de sa toute jeune carrière, Clémence Delavoipière a voulu mettre toutes les chances de son côté. Et a donc décidé de faire une pause dans ses études en bachelor individuel.
Alors qu’elle se préparait plutôt pour les Jeux 2028 de Los Angeles, elle vit un rêve depuis sa sélection pour les JOP de Paris 2024. Elle est sélectionnée en épée, fleuret et sabre, en catégorie A, et disputera aussi les épreuves par équipes. En 2022, l’équipe de France féminine d’escrime fauteuil décroche deux médailles de bronze en Épée par équipe en Coupes du monde, à Pise puis à Varsovie.
Dernier fait d’arme de Clémence Delavoipière ? La médaille d’argent en Épée par équipe lors des Championnats d’Europe de Paris, en mars 2024.
©Clémence Delavoipière/Instagram
Véritable pépite de l’escrime handisport français, Clémence Delavoipière est soutenue financièrement par la Région Île-de-France (l’aide Objectif Haute Performance 2024) et remplit le rôle d’Ambassadrice du sport de la Région. Une mission qui lui tient très à cœur : « Être en contact avec les jeunes me permet de les encourager à se défouler et de leur dire de ne pas hésiter parce que les clubs n’attendent que de les accueillir », explique-t-elle sur lsports.media.
Un gymnase proche de sa ville natale porte même son nom, à Bourneville-Sainte-Croix, dans l’Eure : « Je suis contente pour ma fille parce qu’elle a réussi, parce qu’elle est une combattante, c’est un beau parcours pour elle », disait sa mère à francebleu.fr. Preuve qu’elle est déjà une inspiration. Elle a tout juste 24 ans.
©Clémence Delavoipière/LinkedIn
Clémence, la « mousquetaire » française est donc bel et bien « en garde » pour les Jeux Paralympiques de Paris 2024. Le programme ? Sous la magnifique voûte du Grand Palais, le rendez-vous est donné avec cet as de l’épée, le mardi 3 septembre pour le sabre, le 4 septembre pour le fleuret, le 5 septembre pour le fleuret par équipes, le 6 septembre pour l’épée et, enfin, le 7 septembre pour l’épée par équipes. En garde !
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