Cesar Hernandez Gonzalez « En volley, nous ne devons pas nous fixer de limites, avoir ni peurs ni regrets. »

Cesar Hernandez Gonzalez : « En volley, nous ne devons pas nous fixer de limites, avoir ni peur ni regrets. »
Il a pris les rênes de l’équipe de France de volley-ball début décembre. L'Espagnol Cesar Hernandez Gonzalez, également entraîneur des Neptunes de Nantes, a pour mission d'emmener ses joueuses jusqu’aux JO de Los Angeles en 2028. D’ici-là, l’ancien homme fort de la Corée du Sud aura fort à faire et ce, dès cet été, avec deux échéances majeures : la Ligue des nations et les Championnats du monde.

Par Sophie Danger

Publié le 12 février 2025 à 17h50, mis à jour le 17 février 2025 à 12h16

Vous entraînez les Neptunes de Nantes et vous êtes désormais également à la tête l’équipe de France féminine. C’est votre deuxième expérience en tant qu’entraîneur principal à la tête d’une sélection nationale de volley après la Corée du sud. Qu’est-ce qui vous a poussé à candidater pour ce poste en France ? 

Lorsque j’ai su que la Fédération Française cherchait un entraîneur principal, ça m’a intéressé et ce, pour plusieurs raisons. La première d’entre elles est que j’ai travaillé la saison passée avec certaines des joueuses qui évoluent dans les rangs de l’équipe de France comme Amandine Giardino, Amélie Rotar, ou encore Leïa Ratahiry et Hope Rakotozafy qui évoluent en équipe B. J’ai également suivi Lucille Gicquel, que nous avons affrontée l’an passé avec Nantes lors de la Challenge Cup, tout comme Héléna Cazaute et Emma Leroy, qui jouent dans les ligues italienne et turque.

Tout cela fait que je connaissais déjà plus ou moins le groupe France et je savais que c’était un bon groupe avec des filles très bosseuses et de belles perspectives à venir. La deuxième raison qui m’a poussé à candidater, c’est que le projet de la Fédération Française de volley me plaisait. La FFV a fait du bon travail avec les hommes, ses dirigeants savent où aller et comment faire pour améliorer et continuer à faire évoluer l’équipe de France féminine. 

Zoom sur la capitaine de l’équipe de France, Héléna Cazaute

Vous succédez à Émile Rousseaux qui a dirigé les Bleues de 2017 jusqu’au Jeux Olympiques de Paris 2024. Quel regard portez-vous sur son parcours en équipe nationale et comment envisagez-vous la suite, dans la continuité ou en rupture avec le projet précédent ?

Émile a fait un très bon travail avec l’équipe nationale. Au tout début du projet, j’étais impliqué, de mon côté, dans l’équipe nationale espagnole en qualité de coachassistant et il nous est arrivé de jouer quelques matchs amicaux contre les Françaises. Je me souviens qu’à ce moment-là, en termes de niveau, les deux formations étaient assez proches. Par la suite, l’équipe de France a beaucoup évolué : les filles sont parvenues à se qualifier pour la VNL, ce qui est tout sauf facile au regard du contexte européen, et elles ont gagné la Golden League. Tous ces résultats sont la preuve que l’équipe a très très bien travaillé et qu’Émile a fait du bon boulot avec les Bleues.

Désormais, il faut continuer à aller de l’avant, continuer à s’améliorer pour essayer, une fois encore, de passer un cap et rallier le niveau supérieur. Je pense que chaque entraîneur a une personnalité qui lui est propre, je vais donc insuffler à cette équipe ma façon de travailler et mes idées, certaines d’entre elles ressembleront à celles d’Émile, d’autres seront totalement différentes.

©FFVolley

Comment décririez-vous la méthode Hernandez Gonzalez ?

J’aime travailler avec les joueuses dans le but d’essayer de révéler la meilleure version d’elles-mêmes et ce, dans n’importe quelle compétition. Je suis un entraîneur qui aime que l’on soit agressif au service et en attaque et qui donne de la liberté aux joueuses. En ce qui concerne les entraînements, j’essaie de mettre au point des séances utiles pour tout le monde, sur le plan individuel comme sur le plan collectif. J’aime également penser mes séances par rapport à une situation, une compétition donnée.

Pour moi, le volleyball est un sport qui est vraiment connecté à la situation à laquelle vous faites face et il faut non seulement savoir l’identifier mais aussi être capable de proposer la réponse qu’il convient au bon moment. Et puis, dernier point, j’aime faire en sorte de créer une bonne atmosphère de travail, de favoriser les connexions entre les joueuses, entre tous les membres de l’équipe afin que nous puissions travailler ensemble pour atteindre les objectifs que nous avons devant nous.

©Facebook/Cesar Hernandez Gonzalez

Est-ce que les joueuses qui vous connaissent en club vont trouver votre façon de faire différente avec l’équipe nationale ? 

Ça dépend. En général, les idées sont globalement semblables ce qui fait que ma méthode ne change pas beaucoup. Là où ça diffère c’est que, généralement, dans les clubs, nous travaillons avec des joueuses de différentes nationalités. Il faut donc trouver un moyen de travailler tous ensemble avec des joueuses qui, pour certaines, viennent des États-Unis, de Serbie, du Brésil, des Pays-Bas… En équipe nationale, c’est comme si nous étions tous de la même culture, avec la même sensibilité, pour défendre les mêmes couleurs.  

Votre mission est de porter l’équipe de France lors de l’Olympiade qui a débuté et de la mener jusqu’à Los Angeles en 2028 avec un point étape après les Championnats d’Europe de 2026. Vous les envisagez comment ces quatre années ? 

Elles seront très importantes pour l’équipe de France. L’été dernier, les filles ont joué à leur meilleur niveau, elles ont participé à la VNL et aux Jeux Olympiques et elles ont pu prendre la mesure de ce qu’implique le fait d’affronter les équipes les plus fortes du monde. Elles ont fait un grand pas qui leur a permis d’intégrer cette élite, désormais, il faut en faire un de plus pour qu’elles puissent être compétitives à ce niveau. Nous avons quatre ans devant nous avec l’idée, à long terme, de nous qualifier pour les Jeux Olympiques. 

Le système a un peu changé, le classement sera important et plus on gagnera de points durant ces quatre ans, mieux ce sera. À mi-parcours, l’équipe qui remportera le Championnat d’Europe se qualifiera également directement pour les Jeux or nous savons tous combien le niveau est relevé en Europe et toutes les équipes participantes rêvent de se qualifier directement.

©FFVB/Philippe Montigny

Vous qui avez suivi le parcours des Françaises et avez déjà travaillé avec quelques représentantes de l’équipe de France, qu’est-ce qu’il manque encore aux Bleues pour compter parmi les meilleures nations du volley mondial ?  

J‘ai effectivement déjà travaillé avec certaines joueuses de l’équipe de France, j’en connais également quelques autres et, quoi qu’il en soit, je les suis toutes. Je pense que les filles ont besoin d’être un peu plus stabilisées à l’intérieur et à l’extérieur. Il est également important d’améliorer notre niveau en ce qui concerne les passes pour pouvoir bien performer. Mais au niveau qui est le-leur, les équipes qui font la différence ne sont pas seulement bonnes techniquement ou tactiquement voire les deux, elles sont aussi très physiques et il est nécessaire de prendre ce facteur en compte.  

Quel sera le premier rendez-vous officiel de l’équipe de France avec vous à sa tête ? 

Notre premier match officiel aura lieu à l’occasion de la VNL au mois de juin. Nous irons d’abord en Chine où nous affronterons la Turquie pour premier adversaire. Lors des deux dernières saisons, c’était l’une des meilleures équipes du monde et les filles ont déjà gagné la VNL en 2023. L’été dernier, elles ont eu un peu plus de mal mais elles restaient, malgré tout, parmi les favorites pour remporter les Jeux Olympiques.

Ce match inaugural ne sera pas un match facile pour nous, mais comme toujours, nous allons essayer de bien nous préparer et nous aurons le temps pour cela. Nous allons donner tout ce que nous pouvons et faire le maximum de ce qui est en notre pouvoir pour gagner cette rencontre et marquer des points.

©World Volleyball

Vous continuez en parallèle avec Nantes, comment allez-vous gérer les deux ?  

De nombreux coachs sont impliqués à la fois dans les équipes nationales et en club et je pense que c’est un avantage. Par exemple, avec Nantes, nous avons affronté Fenerbahçeen Ligue des champions. Pour bien nous préparer, j’ai commencé à regarder la ligue turque et je connais maintenant les joueuses qui y évoluent. Tout cela sera forcément bénéfique pour l’équipe de France à l’heure de nous mesurer à la Turquie. J‘ai également commencé à m’intéresser aux joueuses qui jouent en Allemagne, en Pologne, en Italie.

Il est vrai que j’ai à présent double charge de travail car que je dois également être attentif aux joueuses françaises qui évoluent dans l’Hexagone, mais c’est facile pour moi grâce à Nantes, je les vois et je peux collecter un maximum de données lors des matches. Tout cela va me permettre de choisir les meilleures représentantes pour l’équipe de France. 

©Neptunes de Nantes

Depuis vos débuts à Leganès en 2001, vous n’avez travaillé qu’avec des équipes féminines. Est-ce que c’est un choix ou, en premier lieu, le fruit d’une opportunité et qu’est-ce qui vous a poussé à ne continuer qu’avec des femmes ?

Lorsque j’ai commencé à travailler avec Leganès en 2001, j’étais également statisticien pour une équipe masculine de Ligue universitaire espagnole. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rentrer dans les rangs de l’équipe nationale féminine en qualité de manager. C’était en 2002 et, depuis ce moment-là, je n’ai plus travaillé qu’avec les féminines. C’est peut-être parce que je travaille avec les femmes depuis longtemps mais, je me sens plus à l’aise et j‘aime vraiment travailler avec elles. Quoi qu’il en soit, hommes ou femmes, je travaille avant tout avec des personnes qui, peu importe le sexe, sont toutes différentes et moi, j’essaie d’être là, de les aider à trouver la meilleure version d’elles-mêmes. 

©FFVolley

Vous avez travaillé en Espagne, en Italie, en Azerbaïdjan, en Turquie, en Corée du Sud et en France. Quelles sont les spécificités du volley féminin de manière générale selon vous ?

Il est vrai que j’ai travaillé dans de nombreux clubs et de nombreux pays et jen suis très heureux parce que ça m’a permis d’avoir des perspectives différentes sur beaucoup de choses et ça a contribué à me faire me sentir prêt pour devenir sélectionneur. Le volley féminin a beaucoup évolué ces années. Par rapport à il y a dix ans, tout est plus rapide, tout est plus grand, tout est plus difficile, le niveau des équipes ne cesse d’évoluer tout comme le niveau des joueuses et celui des coachs. Tout est plus professionnel et j’aime ça.

Le volley féminin est un sport qui devient de plus en plus physique avec des joueuses de plus en plus grandes même si c’est peut-être au détriment d’un peu de technique et de contrôle du ballon. Je suis heureux, parce que je pense qu’en France, physiquement, nous sommes une équipe qui peut rivaliser avec le Top10 mondial. L’équipe évolue dans la bonne direction et nous devons continuer dans cette voie. Je suis également très content du fait que certaines de nos joueuses évoluent dans des ligues étrangères où le niveau est très élevé, tout cela va nous être bénéfique pour améliorer notre niveau.

©Facebook/Cesar Hernandez Gonzalez

L’année 2025 s’annonce riche de rendez-vous pour vous avec, notamment, la Ligue des Nations et les Championnats du monde, comment les appréhendez-vous et avec quelles ambitions ?  

L’été prochain sera effectivement un très joli été car nous aurons la VNL et juste après, les Championnats du monde. Ce qui est bien pour nous c’est que, avant chacune de ces compétitions, nous allons avoir du temps pour récupérer et nous préparer afin d’arriver dans les meilleures conditions possibles. Par le passé, bien souvent, les joueuses terminaient la saison avec leur club et rejoignaient tout de suite l’équipe de France pour disputer la première semaine la VNL. Je pense que ces deux rendez-vous seront très relevés, mais pour augmenter notre niveau, il faut que nous affrontions les meilleures équipes du monde. Il ne faut pas que nous nous mettions de limites, les limites nous les construisons nous-mêmes mais elles ne sont pas réelles.

Il ne faut pas avoir peur, ne pas avoir de regret. C’est comme cela que nous pourrons continuer à grandir et continuer à avancer dans la direction que nous souhaitons avec l’équipe nationale. 

Ouverture ©Facebook/Cesar Hernandez Gonzalez

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