Tu as 23 ans, dont seize de rugby derrière toi. Tu as débuté à 7 ans au Club de Pont-du-Casse, ta commune de naissance. Qu’est-ce qui t’a amenée à pratiquer ce sport, est-ce que l’on y jouait dans ta famille ?
Je suis née dans une famille peu sportive. J’ai cinq frères et sœur. Ma sœur ne faisait pas du tout de sport, trois de mes frères pratiquaient le foot et le quatrième faisait quant à lui du rugby. Lorsque j’avais 7 ans, je cherchais une discipline à pratiquer. Un jour ce frère-là m’a emmenée à un entraînement sans prévenir nos parents. Son club était à quatre minutes environ de chez nous, c’était un petit club, j’ai assisté un entraînement, puis à un deuxième et ça s’est fait tout seul.
Tu as fait tes premiers pas en secret, est-ce que tu penses que si ton frère avait demandé l’autorisation à tes parents, ces derniers auraient refusé de te laisser jouer au rugby ?
Mes parents étaient assez ouverts d’esprit, mais je pense néanmoins que le rugby n’aurait pas été le premier sport qui leur serait venu à l’esprit pour moi. À mon avis, mon père aurait été d’accord mais ma mère, peut-être un peu plus réticente.
©Assia Khalfaoui/Facebook
En raison de la facette contact du rugby ?
Oui, je pense que c’est vraiment le côté sport de combat qui aurait pu lui faire peur. À 7 ans, il n’est pas facile de laisser son enfant, qui plus est sa fille, s’engager dans un sport comme celui-là.
Et pour ta part, qu’est-ce qui t’a poussée à retourner au club ?
J‘ai eu la chance de commencer dans un petit club très familial. Lorsque j’étais jeune, j’étais très très timide, c’était limite maladif mais le rugby me permettait de m’amuser, de prendre du plaisir. J‘étais bien entourée, j’avais plein de copains, je progressais et je pense que j’ai à la fois accroché au sport mais aussi aux personnes qui étaient avec moi. Tout cela a fait que cette discipline a été, pour moi, un moyen, non seulement, de me dépenser mais aussi de m’exprimer.
Comment ça s’est passé lorsque tu as mis tes parents devant le fait accompli ?
Ils ont été d’accord. À l’époque où je jouais là–bas, il y avait une entente entre Pont-du-Casse et Laroque-Timbaut or moi, j’habitais entre les deux villes. Quand elle le pouvait, ma mère m’emmenait aux entrainements après l’école sinon, il y avait toujours un parent, un grand–parent d’un enfant avec lequel j’étais amie qui passait devant chez moi et me posait au stade.
Lorsque tu as commencé, est-ce que tu jouais en équipe mixte ou est-ce qu’il y avait une équipe uniquement composée de petites filles ?
J’évoluais en équipe mixte. Nous étions trois filles dans l’école de rugby, mais les deux autres étaient bien plus grandes que moi et évoluaient dans une autre tranche d’âge. Dans mon équipe, j’étais la seule.
Tes éducateurs se souviennent de toi comme d’une enfant qui, malgré les difficultés, ne lâchait jamais et ne pleurait jamais. Ces difficultés étaient liées au fait que tu sois la seule fille ?
Je n’ai pas eu tant de difficultés que ça même s’il n‘est jamais facile d’arriver dans un club dans lequel il n’y a que des garçons et qui plus est, des garçons qui se connaissent depuis très longtemps. Ce qui était également compliqué c’est le fait que, lorsque j’ai débuté, je n’avais aucune base en rugby. Je me souviens de la première fois où j’ai fait une passe, c’était une passe de basket ! En plus d’être une fille, j’arrivais dans un univers que je ne côtoyais pas, que je ne connaissais pas. Heureusement, mon frère m’a beaucoup aidée et j’ai d’ailleurs eu la chance, plus tard, en U9, de l’avoir pour coach.
À aucun moment tu n’as eu envie de te diriger vers un sport plus paritaire ?
C‘est fou parce que c’est vraiment quelque chose qui ne m’a jamais traversé l’esprit ! J‘ai été tellement bien accueillie dans mon club, je m’étais fait tellement de copains… Et puis le rugby est un sport qui me plaisait énormément – et qui me plaît encore aujourd’hui d’ailleurs – que je n‘ai pas le souvenir d’avoir voulu tester un autre sport.
Toi la timide, tu y as également puisé de quoi endurcir ton caractère…
Oui, la personne que je suis aujourd’hui, le caractère qui est le mien, mon identité, tout cela je le dois en grande partie au rugby. Ce sport m’a permis de m’exprimer, de m’endurcir également. Je pense sincèrement que le rugby forge le caractère, la personnalité et ce, d’autant plus quand on commence à pratiquer très jeune.
En juillet dernier, lors d’une réception organisée en ton honneur à la mairie de Pont-du-Casse, tes éducateurs ont dit de toi que, très tôt, tu avais une vision du rugby. Qu’est-ce que cela signifie selon toi ?
Même si, lorsque j’ai commencé à jouer au rugby, je n’avais aucune base, j’ai très vite appris et très vite compris comment ça fonctionnait. Avec ce sport, j‘ai su très rapidement où j’allais et je me le suis approprié. Le rugby, pour moi, a été un coup de foudre, c’est un sport qui m’a nourrie.
Est-ce que le terme vision signifie également que tu as su, très tôt, que le rugby ferait partie de ta vie jusqu’à devenir ton métier ?
Petite, je n‘en était vraiment pas encore à ce point-là. Avant, je savais que c’était un sport que j’affectionnais beaucoup, un sport dans lequel je me débrouillais pas mal, mais je n‘aurais jamais cru qu’il occuperait 90 % de mon temps. Imaginer que le rugby pourrait devenir mon métier m’a pris beaucoup de temps, jusqu’à mes 18 ans ou quelque chose comme ça.
Après Pont-du-Casse, tu rejoins le SU Agen. On est en 2014, tu vas évoluer et avec les garçons en U15-14, et avec les filles en U15. Quand on n’a connu que la mixité, ça fait quoi de se retrouver dans une équipe 100 % féminine ?
Pour le coup, ça a été très très dur pour moi de me retrouver uniquement avec des filles alors que je n’avais fait, jusqu’alors, que m’entraîner et jouer avec des garçons. La difficulté résidait principalement dans le fait que beaucoup de mes coéquipières n’avaient pas connu l’école de rugby – certaines venaient de commencer, d’autres jouaient au rugby après l’avoir découvert au collège – ce qui impliquait forcément un bagage technique et un niveau rugbystique en-deçà de ce à quoi j’étais habituée.
J’ai mis beaucoup de temps à digérer tout cela lorsque j’ai fait la bascule à 100 % avec les filles. Il m’a fallu prendre mon mal en patience, accepter que mes coéquipières n’étaient pas passées par les mêmes étapes que moi et que, de fait, elles n’avaient pas le même niveau mais qu’il m’était néanmoins possible de m’amuser avec elles et, peut-être, ce faisant, de les aider à monter en puissance.
Tu avais peur que tes débuts avec une équipe féminine te fassent régresser ?
Disons que tu n’as pas envie que ton niveau baisse et puis, en ce qui me concerne, j’ai toujours été très très compétitrice. À l’entraînement ou lors des tournois le week-end, je recherchais la perfection or, quand au bout de la cinquième tentative, ça ne fonctionne pas, c’est assez frustrant. Je suis quelqu’un de très dur envers moi-même et j’ai conscience que ce trait de caractère peut parfois rejaillir un peu sur les autres, ce qui n’est pas toujours facile à accepter.
Est-ce que c’est à partir de ce moment-là que tu as commencé à prendre conscience que filles et garçons n’avaient pas le même traitement en termes de structures, d’encadrement, de budget…
Oui, je me suis rendu compte que le traitement n’était pas le même et j’ai plein d’exemples concrets pour l’illustrer. On avait entraînement le mercredi ou le vendredi soir, je ne sais plus, mais le terrain qui nous était réservé était celui qui était tout au fond de l’annexe du stade par exemple. Ce sont plein de petits détails comme celui-ci, que ce soit à propos des terrains, du matériel… des petits détails à la con, pardon pour mon vocabulaire, qui te font comprendre qu’il y a une différence entre nous et eux.
Pendant toutes ces années, tu vas mener de front études et sport. Comment es-tu parvenue à conjuguer les deux ?
Pour être honnête, c’était assez compliqué, il faut trouver un bon compromis avec ton école, une école qui accepte d’aménager tes horaires ou éventuellement de te permettre de mener ton cursus à terme mais en deux fois plus de temps qu’un étudiant classique. C‘est beaucoup de compromis. Je suis actuellement en BTS ESF – économie sociale et familiale – et je suis en année de césure.
À quel avenir professionnel te destinais-tu plus jeune ?
J’étais très attirée par le métier d’éducateur spécialisé et c’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui. C’était soit ça, soit assistante sociale, les deux professions qui me faisaient de l’œil. Ce n’est que vers mes 18-19 ans que j’ai pris conscience que je pouvais également faire quelque chose avec le rugby et que, peut-être, les portes de l’équipe de France pourraient s’ouvrir pour moi.
©France Rugby/Bastien Mathieu
Comment est-ce que tu as gravi les échelons jusqu’à intégrer l’équipe de France ?
Lorsque tu montes en senior avec ton club et que tu évolues chez les moins de 20 ans, il y des stages par secteur qui réunissent les 100 meilleures joueuses de France puis les 35… Pour ma part, ces rendez-vous devaient avoir lieu l’année du Covid donc je n’ai pas connu tout ça. Malgré tout, quand tu sors des cadettes, il y a également le pôle académique pour lequel sont sélectionnées quelques joueuses considérées à haut potentiel et qui peuvent alimenter l’équipe de France senior. C’est là que j’ai fait mon premier stage avec le XV de France féminin. C’était en novembre 2020 et c’est Annick Hayraud qui, à l’époque, m’a appelée pour me dire qu’elle me convoquait. Par la suite, j’ai fait un deuxième stage, puis un troisième et en mars 2022, j’ai étrenné ma première cape.
Entre ces deux échéances, tu quittes Agen pour rejoindre les Lionnes du Stade bordelais. Tu as 18 ans, comment s’est fait le rapprochement ?
Chez les moins de 18 ans, il y a beaucoup de stages là aussi par secteur. Le manager de Bordeaux, qui était également DTN pour la Fédération Française de Rugby (FFR) encadrait certains de ces rendez-vous. À l’époque, je me débrouillais assez bien et je sortais un peu du lot parmi les cadettes. J‘avais reçu quelques appels pour mes débuts en séniors. Comme il n’y avait plus d‘équipe féminine senior à Agen, je n’envisageais pas de rester là-bas. Lorsque Bordeaux m’a contactée, je suis allée rencontrer les dirigeants pour discuter et visiter les installations et c’est comme ça que j’ai atterri aux Lionnes du stade bordelais.
Finalement, tout s’enchaine assez naturellement pour toi…
Oui, tout est arrivé au fur et à mesure. Dans ma tête, je n‘avais pas tant d’objectifs que ça en matière de rugby. Quand j’ai reçu la proposition de Bordeaux, je me suis simplement dit que c’était un bon choix et pour le sport et pour mes études.
Assia Khalfaoui avec Charline Saffores, sa coéquipière dans l’équipe des moins de 18 ans du Sporting… ©Facebook
Malgré tout, tu dis de ton arrivée à Bordeaux qu’elle va te permettre de franchir un cap mental. C’est-à-dire ? Ça t’a permis de prendre conscience de ta valeur, de t’autoriser à avoir des ambitions sportives plus élevées ?
Bordeaux, ça a été une sorte de déclic. Avant, j’arrivais à m‘en sortir face à des filles de mon âge, mais je me demandais ce qui allait se passer lorsque j’aurais en face de moi des joueuses qui évoluaient en Elite 1. Il faut savoir que, lorsque je suis arrivée à Bordeaux, la situation était un peu compliquée, l’équipe avait arraché le maintien de justesse, il y a eu un enchainement de grosses défaites pendant pas mal de week-ends et puis, finalement, j’ai réussi peu à peu à performer un peu plus chaque fin de semaine. Tout cela fait que les retours que tu as sont positifs, que tu es en confiance alors, à partir de ce moment-là, pourquoi ne pas envisager de se fixer pour objectif de rentrer dans le pôle académique et, ensuite, dans le XV sénior ?
C’est aussi à Bordeaux que tu vas te professionnaliser plus encore en te pliant aux sessions de musculation, aux exercices physiques…
Avant Bordeaux, j’en faisais un peu à l’entraînement, mais rien d‘extrême et ça suffisait assez pour que je performe. Quand tu arrives en seniors, tu te rends compte que ce que tu fais c’est bien, mais que tu peux aller plus loin encore, que tu peux faire plus si tu en passes par ces choses-là. Là, tu dis que tu es une joueuse de haut niveau, que tu veux le rester et ne pas te contenter de faire acte de présence dans le championnat alors tu te donnes les moyens de.
Lorsque tu dis que Bordeaux t’as permis de te professionnaliser, est–ce que tu entends également par-là que c’est à partir de ce moment-là que tu as pu commencer à vivre de ton sport ?
Au tout début, ça m’a aidée à boucler mes fins de mois, mais ça a pris un tournant plus important à partir de 2022, année de mes débuts en équipe de France, où j’ai commencé à percevoir un vrai salaire.
Ces débuts avec le XV remontent au 27 mars 2022 à Grenoble lors d’un match face à l’Italie, tu entres à la 62e minutes. C’est un souvenir particulier pour toi ?
C‘est un moment marquant. Je me souviens être entrée en jeu en même temps que l’une de mes amies, une entrée en jeu sur une mêlée ce qui n‘est jamais facile, d’autant plus à 21 ans, quand tu n’as pas encore une grande maturité, qui plus est au poste qui est le mien, pilier. J’étais un peu stressée et puis finalement, la première mêlée se passe et on gagne une pénalité grâce à ça. C’était un moment particulier, un moment émouvant aussi avec ma mère qui était venue me voir, mon frère qui était là aussi.
Ça représentait quoi pour toi ces premiers pas en bleu ?
C’était tellement de fierté ! Tu te dis que finalement, tu y es arrivée, que c’est fou, que tu as sur le dos le maillot de l’équipe de France, que tu vas représenter ton pays dans le sport que tu aimes. C’est un mélange d’émotions, il y a tout ce temps que tu as consacré à ton sport, toute cette énergie que tu as dépensée pour endosser ce maillot mais c’est fait, tu es arrivée à ce que tu voulais.
Il y a de la concurrence dans les rangs bleus mais, malgré tout, tu vas être de la partie pour le VI Nations puis pour la Coupe du monde en Nouvelle-Zélande d’où tu reviens avec la médaille de bronze. Est-ce que tu t’attendais à vivre autant de moments forts si vite ?
Non, je ne m’y attendais pas du tout, ça a vraiment été une année folle pour moi. Au tout début, je me suis dit : « Ok, j’ai fait un j’ai fait un VI Nations durant lequel j’ai joué tous les matchs sauf celui contre l’Angleterre en prenant 20 minutes par–ci, 20 minutes par–là, je suis parvenue à avoir une titularisation mais je n’ai encore rien créé, je n‘ai pas encore fait ma place, je n’en suis qu’aux débuts. »
Puis il y a eu la liste pour la préparation de la Coupe du monde. Je me blesse pendant la prépa et même si je reviens assez vite, je ne pensais pas être de la partie en Nouvelle-Zélande ou alors je pensais y aller mais sans jouer parce qu’il y a des filles qui étaient installées depuis plus longtemps que moi à mon poste et qui performaient. Finalement, j’ai joué et j’ai même beaucoup joué, je termine le dernier match pour la petite finale en tant que titulaire. Je ne m’attendais ni à tout ça, ni à une ascension comme celle-là.
Comment ça se passe quand ça va si vite, est-ce qu’on se pose la question de savoir pourquoi soi et non pas une autre ?
Au début, je me posais effectivement beaucoup de questions et puis les coachs sont venus me parler et m’ont beaucoup rassurée. J’ai également eu des retours de certaines des filles et tout cela combiné te met peu à peu en confiance, tu arrêtes de douter de toi et tu te dis que tu sais faire, que tu y arrives et qu’il faut continuer comme ça.
À la suite de cela, l’année suivante, autre consécration pour toi : tu deviens championne de France avec Bordeaux après une finale ultra disputée face à Blagnac. C’est le premier bouclier du club qui jouait le maintien peu de temps avant. Quand tout s’enchaine comme cela, est-ce qu’il est facile de se poser un instant pour digérer ce qui nous arrive ?
J‘ai mis du temps à réaliser tout ce qui s’était passé. En vrai, je ne sais pas si j’ai réellement eu le temps de souffler. Quand la saison a été terminée, j’ai réalisé combien tout cela était fou, mais également combien c’était fatiguant car, même si toutes ces émotions étaient positives, cela reste dur mentalement. J’ai eu besoin de temps pour tout digérer, mais j’ai quand même réussi à vivre le moment présent, à profiter de tout ça parce que ça reste quelque chose d’exceptionnel et puis à repartir sur une nouvelle saison.
Il est difficile parfois de comprendre en quoi le succès peut-être complexe à appréhender. À quoi est-ce dû dans ton cas, au changement de statut, aux attentes plus élevées, au fait que tu mettes plus de pression pour vivre encore ce genre de moment… ?
Oui, tu te mets forcément la pression parce que tu l’as fait une fois, que tu as été au niveau toute la saison et tout cela te donne l’impression de plus avoir le droit à l‘erreur ce qui est faux mais, au tout début, tu te sens obligée de faire en sorte de rester sur ta lancée et de toujours être à 10 000 % alors que dans la réalité, ça ne se passe pas toujours comme ça.
À partir de ce moment-là, tu sembles être sur des rails, il va y avoir un deuxième titre avec Bordeaux et tu deviens incontestable en équipe de France. Est-ce que tu te sens plus installée, plus rassurée également ?
Installée, oui et non, parce qu’il y a toujours des gens qui poussent derrière toi mais ce qui est certain, c’est que tout cela rassure un peu plus, oui. Le revers de la médaille c’est, une fois encore, le fait que tu te mets encore plus de pression, que tu penses devoir être encore plus à 10 000 % à chaque match pour que cela continue, que ça ne s’arrête pas.
Ça vaut pour le Championnat et pour l’équipe de France. Tu disais, à ce propos, que le rugby féminin montait en puissance et que le fossé qui pouvait exister entre certaines nations était désormais de l’histoire ancienne avec des duels de plus en plus serrés. Est-ce que tu penses que toutes les nations réputées du rugby misent désormais sur les hommes et les femmes ?
En ce qui concerne les équipes internationales européennes, je trouve qu’elles se sont toutes développées, notamment en termes de contrats. Et même si l’Angleterre reste encore un exemple à part, il y a eu partout un vrai essor. Ça s’est vu durant le VI Nations ou, dernièrement, dans le WXV avec les Irlandaises qui font une performance de fou et qui battent la Nouvelle-Zélande. Les Irlandaises qui, alors qu’elles avaient terminé dernières du VI Nations deux ans auparavant, se retrouvent désormais 3e du WXV. Je trouve que ça évolue beaucoup et qu’il y a plus de partage à destination des sections féminines.
Est-ce que tu as l’impression d’être arrivée à un moment charnière pour le rugby féminin, un moment où toutes les étoiles s’alignent ?
Oui, je le vois déjà en en club puisqu’avec Bordeaux on a eu la chance d’avoir notre premier match retransmis sur Canal+. Le changement passe aussi par les commentaires agréables de ceux que tu peux entendre de ceux qui viennent supporter ton équipe au stade, même chose lorsque l’on fait des baisser de rideau de l’UBB. On rencontre des gens qui nous disent : « C‘est fou, je n‘attendais pas le rugby féminin à ce niveau-là » ou des remarques du genre. Tout cela est très positif et ça montre que l’on est sur la bonne voie.
Tu dis que tes ambitions, c’est de faire avancer le rugby féminin et de graver ton nom dans son histoire. Ça passe par les prestations sur le terrain mais pas seulement. Qu’est-ce qu’il faut mettre en place pour continuer à faire évoluer le rugby féminin, est-ce que c’est avant tout une question de financement ?
L’aspect financier aide évidemment beaucoup, mais ce qui peut également nous aider, c’est la médiatisation de notre sport. On a la chance, cette année, d’avoir une poule de dix dans le Championnat avec quelques matchs retransmis et mis en lumière. C’est ce genre d’initiative qui permet au rugby féminin de se construire une image et de briller un peu plus.
Pour marquer l’histoire, il y a deux rendez-vous qui s’annoncent sur ta route, le VI Nations qui débute en mars et la Coupe du monde qui aura lieu en Angleterre fin août. Comment tu l’appréhendes l’année 2025 ?
J‘essaie d’avancer étape par étape. 2025 est une année, non pas qui me fait peur, mais pour laquelle j’espère pouvoir répondre présente. Ces derniers temps, avec l’équipe de France, on bute sur les mêmes marches, on a du mal à jouer contre les grosses nations. Le VI Nations va nous permettre de savoir où l’on va au regard de la Coupe du monde. En ce qui mon cas personnel, j’ai plein d’objectifs pour 2025, plein d’envies et surtout, plein de motivation. En trois ans, j’ai gagné en maturité dans mon jeu, dans ma vision du jeu et dans ma façon de gérer mon stress. J‘ai évolué sur ces points là et aujourd’hui, je pense que je suis peut-être capable d’apporter encore plus à l’équipe.
©FFR
D'autres épisodes de "Rugby, ces filles qui transforment l'essai"