Alexandra Lacrabère « Je me suis toujours accrochée et je ne dois mon parcours qu’à moi-même. »

Alexandra Lacrabère : « Je me suis toujours accrochée et je ne dois mon parcours qu’à moi-même. »
Dix-sept ans et puis s'en va. Alexandra Lacrabère qui peut se targuer, à 35 ans, de posséder l’un des plus beaux palmarès du hand français, vient d'officialiser via les réseaux sociaux la fin de sa carrière sportive. Nous l'avions rencontrée alors qu'elle faisait ses derniers pas sur les parquets, en Roumanie.

Par Sophie Danger

Publié le 04 novembre 2022 à 17h05, mis à jour le 13 janvier 2025 à 16h32

Tu es née à Pau, dans le Béarn, une terre de rugby, discipline qui, petite, t’attirait. C’est pourtant vers le hand que tu vas t’orienter. Comment ça s’est fait ?

Mon père est ancien rugbyman et, petite, je voulais effectivement faire du rugby. Le seul problème est qu’il n’y avait qu’un club, il était à Lons, ce qui n’était pas forcément très proche de chez mes parents. C’est d’ailleurs à cause de cela qu’ils m’ont dit non pour la seule et unique fois lorsque je leur ai demandé de pratiquer un sport.

Par la suite je me suis tournée vers le hand parce que c’est une discipline que je connaissais, je la pratiquais à l’école primaire. Tout cela s’est fait naturellement. J’ai commencé dans un petit club à Gan vers 9-10 ans et je n’ai jamais arrêté. 

On parle souvent de ponts entre rugby et hand. C’est aussi pour cela que tu t’es si vite épanouie dans cette discipline ?

Oui, c’est ça. Hand et rugby, c’est le même état d’esprit, c’est une ambiance familiale dans les petits clubs… Ce sont aussi, et l’un et l’autre, des sports physiques, engagés, les un-contre-un en hand ressemblent aux cadrages-débordements que l’on peut avoir en rugby. C’est tout cela que j’ai retrouvé.

Quatre ans environ après tes débuts, tu prends la direction de Talence où tu rentres en sport-étude. Est-ce quon peut dire que, très vite, le hand a été plus quun loisir pour toi?

Non, pas spécialement, c’était avant tout pour le plaisir, le plaisir de partir le week-end jouer avec des copines, de se retrouver toutes ensemble deux fois par semaine pour aller à l’entraînement après l’école.

Ceci étant, lorsque, à 14 ans, je suis partie à Talence en sport-étude, j’ai eu la chance d’avoir Eric Baradat comme formateur. Il était responsable du centre mais il était aussi entraîneur adjoint de l’équipe de France et il a cru en moi, il m’a toujours soutenue, donné de bons conseils et ça a plutôt bien fonctionné.

Comment tu envisageais ton avenir adolescente ? Handballeuse n’était pas dans tes plans ?

Non, au début, je ne m’imaginais pas handballeuse professionnelle, je voulais être pompier. Mais en 2003, lorsque je suis en sport-étude, les filles remportent leur premier mondial et Eric Baradat me dit alors que la future arrière droite, ce serait moi.

Moi, je ne le croyais pas trop, j’imaginais qu’il disait ça à toutes ses joueuses, mais c’est parti comme ça. Par la suite, je me suis mise à regarder tous les matches des filles et ça m’a donné envie d’y être, de porter ce maillot, de chanter la Marseillaise, de ressentir, à mon tour, toutes ces émotions.   

Ton parcours commence sous les couleurs du CA Béglais que tu rejoins lorsque tu as 18 ans. Tu te décris alors comme une râleuse, une mauvaise perdante qui pense que sa mission sur un terrain est dattaquer et rien de plus. Quel regard portes-tu, a posteriori, sur ces premiers pas au haut niveau ?

J’ai beaucoup évolué sur la vision du jeu. J’ai eu la chance de jouer avec Stéphanie Cano, l’ancienne capitaine de l’équipe de France. Elle était ailière droite et elle m’a bien aidée à me diriger vers le droit chemin. Elle fait partie de toutes ces bonnes rencontres qui ont accompagné mon parcours.

J’ai aussi pu me servir de mon caractère, c’est grâce à lui que je n’ai jamais rien lâché parce que, à l’époque, peu de gens croyaient en moi. C’était le cas d’Olivier Krumbohlz, par exemple (sélectionneur de l’équipe de France, Ndlr).

Pour lui, je n’avais pas ma place en équipe de France mais je ne l’ai jamais écouté et j’ai toujours prouvé le contraire. J’ai prouvé que je pouvais le faire.

Pourquoi ne croyait-il pas en toi ? 

Je ne sais pas vraiment. Je pense qu’il me trouvait peut-être moins de qualités physiques que d’autres, ce qui était vrai. Mais en travaillant, en ne lâchant rien, je me disais que j’allais y arriver.     

Ces Bleues, tu vas les rejoindre dès 2006. Tu vas prendre part à l’Euro suédois et décrocher, avec tes coéquipières, une médaille de bronze. Tu n’étais pourtant pas destinée à participer à cette campagne continentale.

Oui, je ne devais pas participer à la compétition. Moi, je venais tout juste d’intégrer le groupe, ne pas faire l’Euro était donc logique. Qui plus est, juste avant le départ pour la Suède, les filles étaient en stage et moi, j’étais malade. Je n’avais donc pas pu participer au rassemblement.

Lorsque le sélectionneur a annoncé la composition de l’équipe, je ne m’attendais évidemment pas à en faire partie. Il y avait une autre fille pressentie pour jouer à mon poste. Puis, Olivier Krumbolhz m’a appelée. C’est un moment dont je me souviendrais toujours.

Il m’a demandé si j’étais prête. La fille qui était sur mon poste s’était blessée, il fallait que je fasse mon sac et que je rejoigne le groupe à l’aéroport. J’étais très contente et je lui ai dit : « Oui, d’accord, j’arrive ».

Ce ve que tu caressais depuis ton passage en sport-étude devient alors réalité. Comment faire pour que cette sélection ne soit pas une fin en soi mais le début de quelque chose?

J’ai toujours voulu m’inscrire dans la durée. Pour moi, les meilleurs joueurs ont toujours été ceux qui arriver à durer dans le temps et ce, peu importe les générations qui arrivent, celles qui partent.

Je me suis dit que, pour moi, cet Euro était un début, qu’encore une fois je n’allais rien lâcher, que j’allais continuer à travailler comme une acharnée pour rester le plus longtemps possible. Le hand faisait partie de ma vie et je ne savais faire que ça.

Je me suis dit que j’allais me donner à fond. J’avais ce rêve de jouer à l’étranger, je savais qu’il fallait pour cela que je performe en club, en équipe de France, que je me frotte à de meilleures joueuses que moi avec l’ambition en tête de les battre sur le terrain.  

Tu commences à évoluer aux côtés de joueuses comme Valérie Nicolas, Véronique Pecqueux-Rolland… Cest difficile pour une jeune recrue de prendre sa place au sein dun collectif France qui plus est lors dune compétition aussi importante que lEuro. Comment se sont passés ces premiers pas en bleu? Tu en retiens quoi? 

Je n’ai pas beaucoup joué sur cet Euro, j’étais le plus souvent sur le banc, ce qui est normal, tout jeune doit en passer par là. Malgré tout, j’ai énormément appris.

Cette campagne m’a donné envie de revenir en équipe de France pour vivre de nouveau ce genre d’expérience d’autant plus envie, d’ailleurs, que nous avons gagné une médaille. C’était fabuleux.

Je me suis dit que j’étais arrivée au bon moment et je n’avais qu’une envie : participer aux médailles mais en jouant cette fois, pas sur le banc.    

Des campagnes continentales, tu vas en vivre, par la suite, six autres et décrocher trois nouvelles médailles, lor en 2018, largent en 2020 et le bronze de nouveau en 2016. Il y aura aussi les Monde avec de largent en 2011 et un titre en 2017. Tu dis de ce parcours en équipe de France quil ta profondément changée, quil ta appris à mieux te connaître, à évoluer socialement. De quelle façon ? 

Je me suis découverte en tant que joueuse mais aussi en tant que femme, j’ai appris, notamment, à comprendre les émotions des autres.

Dans un sport collectif, il faut, je pense, avoir de l’empathie, être capable de comprendre ce que ressentent tes partenaires. On n’est pas forcément au top tous les jours et on ne peut pas se contenter de juger une personne uniquement sur sa performance.

Tout ça, je l’ai compris avec le temps. Au-delà de mon parcours en équipe de France, le fait de partir à l’étranger m’a aussi changée. J’ai découvert d’autres cultures, d’autres manières de vivre. Je le savais déjà mais tout cela a renforcé ma conviction que j’avais de la chance de faire de mon plaisir mon métier.

Parfois, ok, c’est dur de se lever le matin pour aller s’entraîner mais, lorsque je regarde la vie des gens de manière générale, celle de mes parents par exemple, je me dis que je ne dois pas râler. Même si c’est difficile, même s’il y a beaucoup de contraintes, j’ai choisi ce métier or, la plupart des gens, eux, ne choisissent pas le travail qu’ils ont envie d’exercer.  

Il reste qu’être sportive de haut niveau implique des renoncements, des sacrifices, râler peut aussi être légitime.

Oui, c’est hyper dur, surtout quand on commence à performer : on est jugées à la loupe, on n’a pas le droit de passer au travers or les gens ne savent pas ce qu’il se passe dans notre vie personnelle, à l’entraînement, dans le club.

Il y a plein de paramètres que les gens, à l’extérieur, ne connaissent et ne comprennent pas. On ne peut pas leur en vouloir, mais la critique peut, à la longue, être difficile. Personnellement, j’en ai parfois souffert mais ça m’a aussi servi.   

À ce parcours, tu vas ajouter quatre campagnes olympiques, Pékin, Londres, Rio et Tokyo avec largent à Rio et la consécration suprême à Tokyo. me si, au Japon, tu nas pu profiter pleinement de la compétition en raison dune blessure, il reste que tu as plus que contribué à écrire lhistoire de cette équipe de France. Quel regard tu poses sur ce parcours ? De la fierté ? 

Oui, j’en suis fière. J’ai commencé en 2006 et, en 2007, c’est la désillusion. Il y avait les Championnats du monde à Pau et je n’ai pas pu y participer parce que je me suis blessée à l’épaule et je me suis faite opérer. Rebondir après cela sur des Jeux Olympiques en 2008 et enchaîner les médailles, c’est magnifique.

Et puis, rentrer dans l’Histoire au niveau européen en remportant le premier or avec l’équipe de France, qui plus est, chez soi en 2018, c’est juste fabuleux. Je pense que, d’un point de vue émotionnel, c’est l’une de mes plus belles médailles.

L’or du Mondial et celui des Jeux Olympiques, c’est incroyable mais, malgré tout, si je n’avais qu’une médaille à garder, ce serait celle-là parce qu’on a galéré pour y arriver, que peu de gens croyaient en nous et que nous avons dû beaucoup nous remettre en question.

Mon parcours a parfois été difficile, il a fallu prendre mon mal en patience, prouver sans cesse. Cela étant, tout cela contribue à faire que, quand je regarde en arrière, ma carrière ne m’en paraît que plus belle parce je me suis toujours accrochée et que je ne dois ce parcours qu’à moi-même.  

Tu as décidé, il y a quasiment un an, de mettre un terme à ton aventure en bleu. Tu justifiais cette décision par le fait que tu avais fait le tour du hand, que l’équipe de France navait plus à rien à tapporter et toi non plus, que tu ne te voyais pas jouer à ce niveau à 38-40 ans. Quand un chapitre de sa vie comme celui-ci, se referme, comment être sure davoir pris la bonne décisionet de ne pas regretter ?

On n’est jamais certaine de ne pas regretter mais je pense malgré tout que j’ai pris la bonne décision. Je commençais à ne plus être en adéquation avec le système, que ce soit avec l’équipe de France ou en club.

Il y a beaucoup de choses qui ont changé depuis que j’ai commencé et, je ne me retrouvais plus dedans. Ce n’était plus mes valeurs et quand ce n’est plus mes valeurs, je préfère arrêter et faire autre chose. 

Qu’est-ce qui fait qu’un jour on se dit que c’est terminé ?

C’est le fait de ne plus avoir les mêmes émotions lorsque l’on gagne, le fait que, mentalement, les prépas olympiques, les prépas mondiales, deviennent difficiles.

Il faut alors prendre une décision radicale, ne pas faire la compétition de trop. C’est dur, mais on sait très bien que l’on n’est pas éternelle dans le sport, il faut savoir laisser la place aux autres et continuer son chemin de son côté.  

Tu as cependant décidé de reprendre du service en club. Tu as rejoint le Rapid Bucarest pour, de ton propre aveu, un dernier défi. Qu’est-ce qui t’a décidé à te lancer un ultime défi ?

C’est cette envie de jouer, d’aller sur le terrain qui est toujours là, l’envie de gagner. Il y avait aussi l’envie de voir comment ça se passait en Roumanie et de rejouer la Champions League qui est l’une des plus belles compétitions à jouer en club.

J’avais également envie de partager mon expérience avec les autres mais je sais, malgré tout, que ce sera là ma dernière année.  

Lorsque tu évoques cette envie de transmission, est-ce que cela signifie que tu envisages, par la suite, d’entraîner ?

Je prépare ma reconversion pour devenir diététicienne. Je veux continuer à évoluer dans le monde du sport. Je me suis posé la question d’intégrer un staff mais pas en tant qu’entraîneure principale – je pense que je n’aurais pas la patience – mais en tant que coach individuelle en encadrant des joueuses pour transmettre des choses dans le domaine tactique, mental.

Je me dis pourquoi pas mais, pour le moment, je me concentre sur mon BTS.

Tu n’avais pas commencé un cursus en psychomotricité ?

Si, mais le fait de changer de club ne m’as pas permise d’aller au bout car le cursus ne pouvait se faire qu’en présentiel.

Avant de refermer ce chapitre de ta vie, toi qui est encore joueuse, comment tu analyses l’évolution du hand minin? Est-ce que ça a évolué depuis tes débuts, d’un point de vue médiatique notamment, ou est-ce qu’il y a encore des progrès à faire ?  

Il y a une évolution, oui, mais pendant une semaine…quand on gagne ! Après, il n’y a pas plus de médiatisation que ça. Je trouve ça dommage.

Il y a bien une nouvelle chaîne qui a été créée par la Fédération mais elle est payante et je pense qu’aujourd’hui peu de gens peuvent se permettre de mettre ne serait-ce que dix euros dans une chaîne payante. 

Le sport féminin est traité comme il l’est d’habitude : nous, les joueuses, notamment les anciennes, nous ne sommes pas reconnues à notre juste valeur.    

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