Djelika DialloLe diamant brut du para-taekwondo français

Djelika Diallo, le diamant brut du para-taekwondo français
En à peine cinq ans, cette fusée du para-taekwondo made in France, porteuse d’un handicap de naissance, est devenue une incontournable de la discipline. Double vice-championne d'Europe en 2023 et 2024, elle squatte les tatamis d’entraînement sans relâche pour réaliser son vœu le plus cher : décrocher une médaille olympique !

Par Claire Bonnot

Publié le 30 août 2024 à 7h00

Cinq ans seulement. Ça fait seulement cinq ans que la demoiselle, tout juste 19 printemps, aujourd’hui représentante de la France en parataekwondo aux JOP 2024, a débuté dans la discipline. Djelika Diallo, née en 2005, se battra donc pour la toute première fois dans l’arène olympique. Un rêve… réalisé pour celle qui avait l’objectif bien en tête depuis les précédents Jeux Olympiques et Paralympiques, ceux de Tokyo !

« Tout le monde me dit, « c’est un gros truc », mais moi je n’imagine pas encore. (…) Pour les JOP, je serai sur le tatami en train de me battre. » Djelika, toute en finesse et retenue dans les interviews, semble imposer d’emblée une force tranquille, celle de la combattante qui se prépare à la bataille dans le plus grand calme, histoire de rassembler toutes ses armes

Parce qu’une fois sur le ring, Djelika Diallo dépote et démontre toute son explosivité et sa technique. Go, girl ! 

©FFDTA

Son entrée dans le sport de haut niveau était écrite. Alors qu’elle découvre le parataekwondoDjelika Diallo a une paralysie du plexus brachial depuis sa naissance (faiblesse ou paralysie flasque d’un membre supérieur) – lors d’une initiation sportive dans son école d’Épinay-sur-Seine, elle est vite repérée par un entraîneur de l’Équipe de France. Djelika Diallo a 14 ans. Elle rejoint alors le club TKD-Dugny puis l’INSEP (L’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) en 2022, avec un projet clair et net : se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Paris et y décrocher une médaille !

Infatigable, ultra-motivée et profondément engagée dans son sport, la jeune athlète jongle entre son club et l’INSEP où elle s’entraîne deux fois par jour et étudie. Résultat : elle brille très vite sur la scène paralympique – elle concoure dans la catégorie des K44* des moins de 65 kg et accumule les médailles. Et pas en toc ! Elle se classe première au World Para Taekwondo Grand Prix de Bulgarie, troisième au World Para Taekwondo Grand Prix de Paris, et troisième aux Championnats Panaméricains de ParaTaekwondo en 2022 – sa première médaille internationale.

©FFDTA

Rebelotte en 2023 à Rotterdam aux Championnats d’Europe de ParaTaekwondo, aux Championnats du monde de Taïwann ainsi qu’en 2024 à Belgrade aux Championnats d’Europe de ParaTaekwondo avec trois médailles d’argent. Pourtant, la jeune ambitieuse (et heureusement !) ne voit pas tout ça d’un bon œil. La FFTDA (La Fédération française de taekwondo et disciplines associées) écrit très justement à son propos, « un parcours presque sans faute ».

Ce qu’elle veut ? Atteindre la première marche du podium : « Ce qui est difficile, c’est de toujours perdre en finale et de n’avoir que la médaille d’argent ». Ni une ni deux, Djelika Diallo resserre son kimono, rassemble ses esprits (de guerrière) et remporte la médaille d’or aux Championnats d’Asie de ParaTaekwondo au Vietnam en mai dernier, « après une victoire éclatante en finale contre le Kazakhstan », cite la FFTDA.

Un exploit pour sa dernière compétition avant les Jeux Paralympiques et un beau coup d’envoi pour sa toute première prestation sur la scène olympique. Le Comité paralympique français la qualifie tout simplement d« athlète exceptionnelle ». 

Disponible et mobilisée, Djelika Diallo partage déjà son expérience pour les prochaines générations d’athlètes handisports. Celle pour qui la découverte du para-taekwondo a été un tremplin pour « être plus en contact avec les autres et plus communiquer » a été la marraine de l’Intégrathlon 2023, évènement qui permet, selon elle, de gagner « en confiance en soi » et de susciter « la rencontre entre valides et personnes en situation de handicap ».

Son parcours éclair, qui rappelle celui d’Althéa Laurin, 22 ans, toute fraîche championne olympique de Taekwondo et elle aussi originaire d’Epinay-sur-Seine, en fait une nouvelle star de la discipline, côté handisport. Son mental ? Aussi béton que ses frappes au pied : « Il n’y a pas d’âge pour commencer le sport, j’ai moi-même commencé un peu tard mais il suffit de croire en soi ! » 

©Département de Seine Saint Denis

Alors que le para-taekwondo vit seulement ses deuxièmes Jeux – à noter que la zone de frappe autorisée est limitée au plastron, c’est le moment d’être ÀBLOCK ! avec Djelika Diallo pour son premier tatami olympique ! Elle fait partie du pool très restreint (3 seulement : Djelika ainsi que Sophie Caverzan et Bopha Kong) des athlètes handisports qui défendront les couleurs tricolores au Grand Palais en cette fin de semaine.

Et l’espoir est dans la place, comme l’explique Mehdi Bensafi, qui chapeaute les épreuves de para-taekwondo : Ils ont tous fait des grosses performances sur les circuits internationaux. Si on arrive à tirer une médaille de chaque athlète, ce sera extrêmement bien parce qu’on a besoin de montrer qu’il y a une vraie école de formation en Para taekwondo, un savoir-faire français. C’est le temps de performer. » 

Frappe fort, Djelika ! 

*K44 : handicap unilatéral d’un bras ou limitation équivalente due à un handicap orthopédique ou absence de doigts de pied affectant sensiblement la capacité à mobiliser les jambes de façon dynamique. 

*Une sportive impressionnante de sang-froid et de détermination, à découvrir et à encourager vendredi 30 août, depuis l’arène du Grand Palais. 

Vous aimerez aussi…

Bethanie Mattek-Sands

Bethanie Mattek-Sands, le tennis (tatoué) dans la peau

On l’a vue rire, s’enflammer, se délecter de renvoyer la balle lors des doubles à Roland-Garros. Celle que l’on surnomme “America’s Tennis Rock Star“ est une joueuse aussi chatoyante que les tenues et les couleurs qu’elle porte sur les courts du monde entier. Pour Bethanie Mattek-Sands, la vie est un jeu, tout comme ses parties de tennis. Portrait d’une flamboyante sportive.

Lire plus »
Margaret Abbott JO 1900

JO 1900 : Margaret Abbott…la prem’s !

Quelques gourmandises historiques à picorer ? Pour patienter jusqu’aux prochains Jeux Olympiques de Tokyo, à partir du 23 juillet, ÀBLOCK! vous propose de revisiter l’Histoire de cette compétition prestigieuse via des anecdotes savoureuses à lire ici même deux fois par semaine. Place pour commencer à cette chère Margaret, glorieuse golfeuse sans le savoir.

Lire plus »
Fanny Horta : « Depuis les Jeux, j’ai coupé avec le rugby, j’en avais besoin. »

Fanny Horta : « Depuis les Jeux, j’ai coupé avec le rugby, j’en avais besoin. »

Elle a mis un terme à sa carrière à l’issue des JO de Tokyo. Fanny Horta, vice-championne olympique de rugby à 7, en a terminé avec la compétition mais pas avec le terrain. Engagée dans la commission des athlètes pour Paris 2024, elle ambitionne, à l’avenir, d’accompagner, à son tour, des groupes sur le chemin de la performance et de la réalisation de soi. Rencontre avec une fille qui sort de la mêlée.

Lire plus »
Agathe Runs Bordeaux

Agathe : « La course m’a appris à ne plus fuir la difficulté. Je n’abandonne plus, je fonce ! »

Jamais elle n’aurait imaginé se sentir aussi bien dans ses baskets. Dans tous les sens du terme. Agathe est devenue addict à la course à pied après avoir commencé le running pour perdre ses kilos en trop. Aujourd’hui, elle s’offre des shoots d’adrénaline en multipliant les marathons. Une aventureuse profondément inspirante qui donne envie de parcourir le monde à grandes foulées pour mieux se réconcilier avec soi-même.

Lire plus »

Le top 7 des Podcasts sur le sport féminin

Histoire de se cultiver, de se motiver et, pourquoi pas, à quelques heures du déconfinement, de réfléchir à un nouveau monde sportif, on poursuit les recommandations culturelles en vous demandant d’ouvrir grands vos oreilles. Place à la parole des sportives avec des podcasts 100% ÀBLOCK!

Lire plus »
Marie Houdré

Marie Houdré, la rugbywoman qui a transformé l’essai

Elle n’imaginait pas sa vie sans sport. Non contente d’avoir participé à la naissance du mouvement sportif féminin en France, Marie Houdré s’est attachée à le développer et le promouvoir à travers la barette, une version revue et corrigée du rugby dans les années 20. Portrait d’une avant-gardiste qui s’est toujours refusée à botter en touche.

Lire plus »
Audrey Tanguy

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Nostalgie pré-JO avec nos championnes du passé, confidences sportives avec une ultra-traileuse inoxydable (Audrey Tanguy, notre photo), échanges de haut vol avec une championne de saut à ski ou encore pionnières contemporaines dans des milieux de mecs, on est ÀBLOCK! et on aime ça ! Petit tour d’horizon de nos sujets de la semaine passée, mais toujours d’actu…

Lire plus »
Shaikha Al Qassemi

Shaikha Al Qassemi, celle que le CrossFit a émancipée

Le CrossFit lui a permis de faire la paix avec son corps. À 32 ans, Shaikha Al Qassemi a puisé, dans la discipline, la force de suivre sa propre voie et de s’épanouir physiquement, loin des stéréotypes et des diktats qui régissent la norme. Désormais à l’aise dans ses baskets et bien dans sa tête, l’athlète émiratie n’a qu’une envie, servir d’exemple quitte, en levant des poids, à soulever des montagnes.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner