Clara Valinducq « À la fédé d’aviron, on m’a tellement répété que j’étais nulle que j’ai fini par y croire. »
L'ex-championne d'Europe et championne de France d'aviron, Clara Valinducq, affirme avoir été victime, au sein de la fédération, de harcèlement moral jusqu’à tomber dans des troubles du comportement alimentaire sévères et dans la dépression. Aujourd’hui, elle dit vouloir tout raconter afin d’être « aidée » et de recommencer « à vivre ». Contacté par ÀBLOCK!, le directeur de la Fédération française d'aviron demande à l'auditionner pour éclaircir les faits.
Par Sophie Danger et Valérie Domain
Publié le 26 octobre 2023 à 7h49, mis à jour le 04 septembre 2024 à 10h56
Tu pratiques l’aviron à haut niveau. Comment est-ce que tu es venue à cette discipline ?
Je suis arrivée à l’aviron par pur hasard. Mes parents sont champions olympiques de canapé, l’aviron tout comme le sport de niveau, ce n’est pas trop leur truc !
J’ai découvert la discipline, il y a quasiment dix ans. J’avais 12 ou 13 ans, j’étais en vacances et il y avait une tournée de la Française des Jeux qui passait par toutes les plages de France. Sur l’un des stands, il y avait quatre ergomètres (machines d’exercice physique, ici des rameurs, Ndlr), j’y suis allée avec ma mère et deux frères en pensant qu’ils allaient me battre mais, à ma grande surprise, je me suis plutôt bien débrouillée.
La personne qui animait le stand m’a demandé d’où je venais et m’a indiqué un très bon club au Havre. À la rentrée, j’ai décidé d’y aller pour voir et j’y ai rencontré mon coach de club. Ce qui est drôle dans tout cela c’est que, moi, j’ai découvert l’aviron via les ergomètres et, lorsque je suis arrivée au club et que l’on m’a dit de monter dans un bateau avec trois autres personnes, j’ai été extrêmement surprise car je ne savais pas du tout qu’il fallait aller sur l’eau !
Tu as apprécié malgré tout ?
Oui, j’ai découvert l’aviron par hasard mais un bon hasard si je peux dire ça comme ça. Lorsque je me suis inscrite au club, je pensais faire une ou deux séances par semaine, plus un petit footing pour me garder en forme mais, trois mois après, j’en étais à cinq entraînements par semaine.
C’était la première fois que tu faisais du sport en club ou, même si tes parents ne sont pas sportifs, ils t’avaient quand même incitée à pratiquer ?
Mes parents m’ont toujours poussée à avoir une activité physique. Pendant très longtemps j’ai fait de l’équitation, mais j’ai dû arrêter en raison de problèmes médicaux. Ça a été l’un des grands échecs de ma vie parce que j’avais envie de devenir vétérinaire équin ou, à tout le moins, travailler dans le domaine du cheval.
Par la suite, j’ai fait du badminton, de la danse, du judo, mais je n’ai jamais retrouvé quelque chose qui me qui me plaisait vraiment. Quand j’ai découvert l’aviron, j’ai persévéré avant tout parce que je me débrouillais bien, que ça occupait mon temps et que ça me permettait de me vider la tête.
Tu as appris à aimer la discipline au fil du temps ?
Oui. J’ai longtemps admiré les gens qui pratiquaient un sport en ressentant du plaisir, en ayant de l’envie. Moi, au début, j’étais contente de m’entraîner, de repousser mes limites, mais ce n’était pas à proprement parler une passion.
Et ça l’est maintenant ?
Je dirais que c’est en cours de travail. Personnellement, je suis de nature plutôt hyper active et si j’ai commencé l’aviron, c’était avant tout pour calmer ce qui se passait dans ma tête. Moi, j’ai toujours été grande et, au collège comme au lycée, ce n’était pas la joie car, quand tu dépasses les garçons d’une tête, ce n’est pas bien vu.
Le fait de me mettre à l’aviron, d’avoir un coach qui s’intéresse à moi, qui me pousse, qui me dise que ce que je faisais était bien m’a fait du bien. J’ai pris conscience que je n’étais pas si nulle qu’on pouvait me le faire ressentir, que je pouvais être utile à quelque chose.
L’aviron va te mener à une pratique de haut niveau et tu vas poursuivre ton chemin à l’INSEP, l’Institut National de Sport, de l’Expertise et de la Performance.
Oui et c’est là que l’aviron est devenu une torture pour moi, du moins quelque chose de pesant pour lequel je ne prenais plus aucun plaisir. Chaque fois qu’il y avait une sortie bateau, je n’avais qu’une hâte, que ça se termine et que je me débarrasse de mes entraînements.
Ce n’est pas la discipline en soi qui ne me plaisait plus car j’aime ce sport, j’aime la rigueur qu’il demande, le fait qu’il nécessite de repousser ses limites, mais c’est l’environnement qui ne m’a pas plu, les coaches…
Le fait que j’aime mon sport est ce qui m’a permis de continuer et de rester plusieurs années à l’INSEP jusqu’à ce que j’arrive au bout de ce que je pouvais supporter.
Qu’est-ce qui fait que tu es arrivée au bout de ce que tu pouvais supporter ?
J’ai fait les frais du népotisme, du harcèlement de coachs qui choisissent leurs athlètes pour être mieux vus. Actuellement, dans le sport en France, ce n’est plus le sportif qui est au cœur du projet, le sportif est un pion pour servir la gloire d’un coach ou d’une fédération.
Si tu veux ouvrir ta bouche, si tu veux dire que tu n’es pas d’accord avec la politique fédérale, même si tu as des résultats, tu dégages. Moi, durant des années, j’ai eu une épée de Damoclès en permanence au-dessus de ma tête et une petite voix qui me répétait : « Il ne faut pas flancher, il ne faut pas dire que ça ne va pas, que tu as mal, sinon tu risquerais de tout perdre ».
Quand on est jeune, que l’on est dans cette perspective de haut niveau qui a nécessité de faire tellement de choix, on en arrive à penser que l’on existe que par ça. J’ai fini par tomber en dépression, mais je me dis que c’est finalement un mal pour un bien. Ces six derniers mois, j’ai réalisé énormément de choses : j’ai compris que je n’étais pas aussi nulle que l’on avait essayé de me le faire croire là-bas, mais il m’a fallu neuf ans pour m’en rendre compte !
Quand est-ce que tout a commencé à s’écrouler autour de toi ?
Il y a un an et demi. Je me suis fait une grosse blessure et ça a été le début de la descente aux enfers. Je crois que j’avais tellement accumulé de choses difficiles, tout ce que l’on a pu me dire, tout ce que l’on a pu me faire, sans jamais me plaindre, que j’ai fini par atteindre mes limites. Mon corps a clairement dit « stop ».
Quand est-ce que ta situation a commencé à changer au point de devenir insupportable à vivre pour toi ?
Je suis entrée à l’INSEP en 2020, j’avais 19 ans. Je suis arrivée au top de ma forme et je vais connaître mon premier problème au bout de deux mois.
À cette époque-là, on fait ce que l’on appelle « une tête de rivière », c’est une course sur six kilomètres avec un départ les unes après les autres. Moi je suis sénior, première année, la plus jeune du pôle et, contre toute attente, je me classe parmi les meilleures, ce qui fait que je sors une fille du groupe olympique. On est alors à un an des Jeux de Tokyo mais je ne prétends à rien, je sais que je suis jeune et je suis juste contente de ma performance. Le problème est que je traîne une blessure depuis quelques temps or, deux jours plus tard, on me fait passer un test VO2 max sur ergomètre. Lorsque je rentre au pôle pour m’entraîner, on me signifie que je ne monterai pas sur l’eau et ça va durer huit mois.
Pourquoi tu ne peux pas monter sur un bateau ? À cause de cette blessure ?
Oui, je suis suivie par un médecin qui cherche la nature de cette blessure. Le problème, c’est que je vais devoir changer de médecin pour être suivie par celui du pôle. Tout ce qui avait été mis en place est alors terminé. J’ai d’abord été envoyée en réathlétisation avant que l’on m’empêche de ramer pendant quatre mois en attendant un diagnostic.
Quand est-ce que tu vas recommencer à ramer ?
Durant l’épidémie de Covid, je suis rentrée chez moi car l’INSEP a fermé. Pendant deux mois, je me suis entraînée six heures par jour en faisant cent kilomètres de vélo sur mon home-trainer tous les matins ainsi que deux à trois heures de musculation, étirements, renforcement les après-midis.
À la fin de cette période, j’ai été autorisée par une préparatrice physique à ramer de nouveau. Mais pour diverses raisons, j’ai pris un peu de poids. Au mois de juin, je suis convoquée à une réunion pour parler de mon avenir avec la responsable du pôle, la coach, le médecin, la préparatrice physique, une psychologue et mon père. Là, devant tout le monde, ma coach explique que, médicalement, on n’a pas trouvé de raisons pour expliquer ma blessure, qu’elle vient certainement de mon poids car, dit-elle, je suis obèse et que si je n’en perds pas, je suis virée.
Comment as-tu réagi ?
Quelques semaines plus tard, début juillet, il y a une régate qualificative pour les Championnats d’Europe, on m’annonce que je ne suis pas convoquée mais seulement invitée. Je m’entraîne pendant plus de vingt-sept heures par semaine pendant trois semaines et je perds cinq kilos.
Je prends part à la régate et, même après neuf mois d’arrêt, je me qualifie pour les Europe. Par la suite, cette pression par rapport à mon poids va devenir si intense que je vais perdre quasiment dix kilos. J’en étais arrivée au point où je pouvais me mettre à pleurer devant une assiette de concombres.
Comment est-ce que tu arrivais à gérer cette situation ?
Elle s’est aggravée cette situation en octobre-novembre 2021. À ce moment-là, je fais une sortie bateau pour un exercice et je bats celle qui est alors numéro 1 française. C’était la première fois que ça m’arrivait, j’étais heureuse d’avoir progressé, je sentais que j’étais sur la bonne voie. La coach me demande alors de venir la voir et là, elle me dit que j’ai fait n’importe quoi, que je n’arrêtais pas de me jeter sur l’avant, que mon bateau coulait et elle me demande si je n’ai pas repris du poids.
Je me suis effondrée. En rentrant chez moi, je me pèse : je n’ai pas repris de poids, non, au contraire, j’ai de nouveau perdu 1,4kg. À ce moment-là, je commence à basculer dans des troubles du comportement alimentaire sévères avec des phases de boulimie. En l’espace de deux ou trois semaines, je reprends tout le poids que j’ai perdu. Hormonalement, je suis complètement détraquée, j’ai mes règles quasiment en continu depuis un an et je suis hormono-dépendante, c’est-à-dire que, si je suis angoissée, je prends un kilo ; si je pleure, je prends un kilo…
Mais tu continues pourtant de t’entraîner ?
Oui, je ne lâche rien, je me dis : « Ben voilà, faut y aller quoi ! » Sauf qu’en fait, je suis épuisée, mais vraiment épuisée.
De décembre à mars de l’année suivante, je suis lessivée et je ne récupère pas, je ne suis pas bien, je me prends des réflexions par les coachs : « Non mais, qu’est-ce que tu fous, tu fais des contre-perfs, c’est n’importe quoi ! » Moi, je leur dis que je ne vais pas bien, et c’est la première fois que je leur dis ça, parce que ça me rend malade de prononcer ces mots. Mon coach me répond : « Ok, bon bah rendez-vous aux 20 km ! » Il en a rien à faire. J’ai ramé avec des fractures, j’ai ramé dans des états lamentables, peu importe, il faut t’entraîner !
À ce moment-là, je connais un drame familial et je demande l’autorisation de passer un week-end en famille tout en expliquant que je continuerai sur place à m’entraîner. La responsable du pôle me dit mot pour mot : « Si tu rentres chez toi, tu peux y rester, c’est que tu t’es trompée de projet professionnel. »
Et là, qu’est-ce qu’il se passe ?
Tu encaisses et puis tu parviens malgré tout à battre ton record personnel sur l’ergo, tu es devant les U 23 du pôle ! Pourtant, la responsable du pôle me dit : « On se demande si t’as les tripes, en fait. » Je fais partie des meilleures Françaises, je sais pas quoi dire, je prends ça dans la tronche.
Deux mois après, je suis toujours dans mes troubles du comportement alimentaire. Je participe à un goûter du pôle et là je me dis, il va y avoir des croissants, des viennoiseries, ça doit faire un an et demi que j’ai pas mangé des trucs comme ça, je vais me faire plaisir, juste une fois. La responsable de pôle demande à me voir et je me dis : « Ah, c’est cool, je vais avoir un bon débriefing », mais elle me regarde et me dit : « T’es malade, il faut que tu te fasses soigner, t’as le goût en bouche, pourquoi tu te ressers ? T’as des championnes autour de toi, tu les vois manger un deuxième croissant ? Il faut que tu te fasses soigner. » Et ce que je vous raconte, ces vraiment ces mots là… Je me souviens : une angoisse, un trou qui s’est creusé dans ma poitrine, je faisais tout pour retenir mes larmes, ça m’a dévasté.
Clara Valinducq signait un premier record de France sur ergomètre en février 2018.
Quelques mois après, tu ne vois pas ton nom sur la liste des sélectionnées aux championnats du monde…
Oui, j’apprends que je ne suis pas prise mais que d’autres filles devant lesquelles j’ai pourtant été toute la saison, y sont convoquées. Je me suis entraînée toute l’année, j’ai fait le chemin des sélections, j’ai donc fait mes preuves et je reste chez moi ? Tu poses des questions, tu veux savoir : on te répond qu’en fait c’est parce que t’es obèse, que tu coules le bateau.
En dehors de ça, je n’ai jamais su pourquoi je n’étais pas retenue malgré mes performances, jamais. Ce qui est dingue, c’est qu’on te dit que c’est comme ça, c’est le sport de haut niveau. Non, le sport de haut niveau, c’est pas ça. En sport, c’est le premier qui passe ligne d’arrivée qui est choisi, pourquoi moi je passe la ligne d’arrivée devant et que je ne suis pas choisie ?
On a l’impression en t’écoutant, que tu as été prise en grippe dès ton arrivée, que ton sentiment c’est que la fédé essaye de mettre certaines filles en avant…
Ça fait un an que je suis sur la touche. Donc, j’ai pris rendez-vous avec la fédé à qui j’ai raconté tout ce que je viens de vous raconter. Le monsieur à qui je dis tout ça se liquéfie au fur et à mesure et me dit : « Pourquoi tu ne nous l’as pas dit avant ? » Par la suite, le DTN (Directeur technique national, Ndlr) appelle mon coach, je me dis c’est cool, ça va bouger, mais rien n’a bougé.
Et là, c’est le coach de mon club du Havre qui décide de se battre pour que je reste en pôle et j’ai été placée au pôle espoir de Normandie que je ne remercierais jamais assez d’ailleurs. Mais, là, je reçois une lettre de la fédération disant : « Comme vous l’avez stipulé, vous voulez arrêter le pôle, nous vous souhaitons une bonne continuation. » Je ne comprends pas, je n’avais jamais rien dit ni écrit sur le fait que je voulais arrêter !
Et du jour au lendemain, t’es plus à l’INSEP, c’est ça ?
Exactement. Mais ce qui est dingue c’est que personne, encore une fois, ne prend la peine de m’appeler ou de m’expliquer ce qu’il en est.
Comment ton coach du club du Havre a réagi à tout ce que tu as vécu à l’INSEP et avec la Fédération, tu ne t’es pas ouverte à lui ?
En fait, je ne parlais pas. Parfois, on était en froid car il voyait une athlète renfermée, j’étais malheureuse. Je regrette aujourd’hui de ne pas avoir su lui demander de l’aide, il est devenu un très grand soutien.
La championne de plongeon Laura Marino nous a raconté qu’elle avait continué malgré son mal-être, jusqu’à ce jour où elle s’est rendu compte qu’elle était en haut d’un plongeoir à deux mètres et qu’elle allait peut-être se laisser tomber. Là, elle s’est dit que ça devenait grave. Qu’est-ce qui fait que dans ces moments-là, on ne veut pas renoncer ?
Il y a la performance. En fait, j’étais dans les clous, c’est ça qui est dur. À l’époque, les résultats étaient là et comme il n’y avait que ça qui existait pour moi, je me disais pourquoi arrêter ? Je voulais garder la tête haute, ne pas montrer que je pouvais être faible. On vous dit tellement que vous êtes une merde, que vous estimez que oui et ça vous paraît tellement normal ! Tu ne te dis pas qu’en fait ce que tu vis c’est du harcèlement et que, non, ce n’est pas normal.
Et puis, il y a la peur de tout perdre et la culpabilité : je culpabilisais car mes parents payaient mes études et l’INSEP ; ils n’ont pas les moyens de me prendre un appartement à Paris et je n’ai pas d’aide de la Fédération. Alors, on se dit : je ne vais pas lâcher et je ne vais pas non plus en parler car sinon je vais tout perdre.
Prendre la parole, c’est quand même un acte de courage extraordinaire, qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir nous raconter tout ça ?
Bien sûr, ça me fait très peur. En racontant tout ça, j’ai la sensation d’être faible et ça depuis un bon bout de temps ! Je me sens nulle mais, en fait, je déteste l’injustice et au-delà de moi, de ce que j’ai pu vivre au sein de la Fédération française d’aviron, il y a d’autres filles qui ont vécu ça au sein des fédérations françaises en général. On est plein à vivre ça et j’en ai marre.
J’ai publié un post Instagram récemment, j’ai des rameurs qui sont venus me parler en me disant « Tu fais bien de le dire », mais en fait personne n’en parle à haute voix, parce qu’on n’en parle pas. Il y a des coachs de pôle qui savent ce qui se passe, que certains athlètes sont davantage protégés que d’autres, moi ça me rend dingue, vous êtes là, vous voyez les choses et vous ne faites rien, vous ne faites rien !
Alors, oui, je prends des risques, sachant que je n’ai pas terminé mes études, que je n’ai pas de salaire fixe, mais je souffre, j’ai été anéantie et j’ai voulu me faire du mal. J’ai assez donné, je n’en peux plus de cette situation, il est temps pour moi de vivre.
Oui, j’ai toujours essayé d’être parfaite, de tout faire bien et on est beaucoup trop nombreux dans ces situations-là. J’ai besoin que cette situation soit rectifiée, j’aimerais que, pour une fois après tout ce que j’ai fait, qu’on puisse m’aider, qu’on fasse quelque chose de positif pour moi.
Et, au-delà de ça, j’ai envie de dénoncer ce qui se passe dans les fédérations. En fait, plus la fédération est petite, moins on a notre mot à dire. On est beaucoup à souffrir, à se battre pour avoir des contrats. À côté de ça, il y a les coachs qui ont leurs chouchous, certaines athlètes à protéger… j’en ai marre de tout ça.
On parle beaucoup du harcèlement sexuel, on sait qu’il existe, mais le harcèlement moral, on n’en parle pas parce qu’il est normalisé dans le sport de haut niveau : si tu craques, c’est parce que t’es mauvais ou que t’es faible. Moi, ce que j’ai vécu, si je l’analyse avec le recul, j’étais loin d’être faible. C’était pas du haut niveau ce qui s’est passé, c’était pas ce que j’étais censée vivre.
J’apprends à vivre, à être bien, à être plus au clair avec moi-même, je ne veux plus me faire marcher dessus. Depuis septembre, je rame, je suis bien dans mon skiff, quoiqu’il arrive je me donne à 100 % pour entrer dans le collectif olympique. Mon objectif, c’est d’avancer. Mais tout dépend de ma blessure à l’épaule, je n’irai plus au-delà des limites de mon corps.
Après, il y a le sujet du haut niveau. Je n’aime pas ce que j’y ai connu : le manque d’humanité, l’hypocrisie. Et pourtant, je sais que je suis faite pour ça, que je suis capable de faire de grandes choses. En ce moment, c’est plutôt cool ce que je vis avec mon coach de club ; en revanche, entrer en stage avec l’équipe de France, je ne sais pas si je pourrai faire face, l’environnement est trop délétère.
Donc, la suite pour moi, c’est me réapproprier ma vie. Être moi, Clara.
Contactée par ÀBLOCK!, la Fédération française d’aviron a réagi aux propos de Clara Valinducq. Pour son Directeur Technique National, Sébastien Vieilledent, « Ce sont des sujets auxquels on fait extrêmement attention et nous avons un process au sein de la fédération pour faire remonter ces problématiques. Les sportifs et sportives, s’ils estiment avoir été en difficulté, ont à leur disposition un ensemble de contacts pour faire remonter officiellement leur problématique. Avec Clara, on pensait être restés sur une situation beaucoup moins problématique que ça, mais apparemment ce n’est pas le cas. J’espère donc que si elle en ressent le besoin, et il semble que oui, elle nous en fera part officiellement afin qu’on puisse regarder ça en détail. Nous avons un comité d’éthique et de déontologie et j’invite Clara à nous solliciter de la sorte et, bien entendu, comme pour tous les autres dossiers, on regardera ça avec grande attention. Lorsque nous avons rencontré Clara, nous avons abordé avec elle sa situation d’athlète de haut niveau, elle n’a peut-être pas ressenti, à ce moment-là, le besoin ou le contexte d’aller plus loin, mais grâce à votre article, elle a pu libérer sa parole et je l’invite à le faire avec nous. Dans ce genre de sujet, un ensemble de médias va se lever pour libérer la parole, ce sont des sujets qu’on souhaite porter, mais pas n’importe comment. On aimerait entendre Clara mais, elle, en direct. »
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