Le hockey sur glace voit le jour au Canada, à la fin du XIXe siècle. Dès 1889, la presse canadienne s’intéresse à un match pas comme les autres… Les dames du palais du Gouverneur du Canada s’opposent aux dames du club de patinage de Rideau.
Sur la glace, la fille du Gouverneur : Miss Isobel Stanley, considérée aujourd’hui comme une des pionnières dans ce sport.
Rapidement, le hockey sur glace s’exporte à l’étranger. Il arrive en France en 1891 et le premier match féminin est organisé à Paris en 1908.
Mais le hockey sur glace féminin fait surtout des émules outre-atlantique. George Kennedy, DG des légendaires Canadiens Montréal, déclare en 1916 dans le Montreal Star, au sujet des joueuses de la Eastern Ladies Hockey League de Montréal : « Ces joueuses de hockey semblent être plus en demande que n’importe qui d’autre dans la ville en ce moment… La moitié de mes gars ne pourraient pas jouer dans cette ligue. »
Albertine Lapensée, tout juste 16 ans, est LA star du moment. Sur les 226 buts que son équipe, les Victorias de Cornwall, marquera lors de la saison 1916-1917, 150 lui reviennent ! Certains affirment que pour jouer aussi bien, Albertine ne peut pas être une fille.
La rumeur enfle au point que son père doive témoigner publiquement du sexe de son enfant. La hockeyeuse prodige prend sa retraite à la fin de la guerre et disparaît… Tout comme la Eastern Ladies Hockey League.
En France, en 1908, le premier match féminin fut disputé à Paris, il s’appelait le « Challenge Savoye ». Après une première interruption, le hockey sur glace féminin refait son apparition dans les années 30.
Le premier championnat national féminin de hockey sur glace est organisé à Megève en 1932. Comme le raconte très bien le site du club de hockey Besançon Doubs, l’équipe parisienne des « Droit au but » bat alors l’équipe féminine de Chamonix, les « Edelweiss ».
Une équipe, « Droit au but », qui remporte également le titre de championne de France, par deux fois, en 1933 puis en 1934, après avoir défait leurs ennemies jurées, les « Flèches noires ». Des « Flèches noires » qui leur rendra l’appareil, l’année suivante, en les battant lors du quatrième et dernier titre national décerné.
La guerre, à nouveau, oblige les athlètes à ranger crosses et palets. A la libération, la Fédération Française des Sports de Glace (fondée en 1941) interdira les compétitions aux personnes du sexe féminin… Une interdiction levée en 1985 avec l’intégration d’un premier club féminin à la fédération, celui de Grenoble.
Interdiction levée grâce notamment à la bataille juridique d’une jeune fille de Strasbourg, Angela Lezziero. Elle déposa un recours devant le Conseil d’état avec pour principal argument qu’on lui interdisait sans raison de pratiquer son sport favori comme son frère jumeau, Alexandre.
En 1989, la Fédération Internationale de Hockey sur Glace (IIHF) crée un championnat d’Europe féminin pour promouvoir la pratique. Les premiers championnats sont organisés l’année suivante.
Le hockey sur glace féminin continue de se battre pour sa légitimité, jusqu’à faire son entrée aux Jeux Olympiques en 1998 à Nagano, soixante-quatorze ans après sa version masculine…
D'autres épisodes de "Il était une fois le sport... conjugué au féminin"