Pour une sportive, mieux vaut surveiller les courbes de ses hanches que de ses performances.
Dès 2016, Silvana Lima, la plus grande surfeuse brésilienne avait déjà dénoncé le peu d’appétence des sponsors pour son physique trop commun.
Eut-elle été mannequin, eut-elle choisi la chirurgie esthétique, elle n’aurait pas eu tant de difficultés à payer ses billets d’avion pour les compétitions… Son coup de gueule lui a permis d’être la première sportive sponsorisée par une crypto-monnaie.
Mais les marques de luxe ne l’ont toujours pas contactée.
La surfeuse française Tessa Thyssen, championne du monde junior, s’est séparée de son sponsor, trop friand de bikinis et de clichés sexy sur Instagram.
Si vous épluchez la presse, vous trouverez plus d’articles sur « ces sportives qui auraient pu être mannequins » que d’analyses sur la supériorité technique d’une lutteuse gréco-romaine ou d’une épéiste.
Cela me rappelle lorsque, dans ma jeunesse, l’équipe de basketball d’Australie avait remisé short et tee-shirt larges pour adopter une combinaison entièrement moulante. Et la capitaine, penaude, d’expliquer qu’il fallait bien attirer les spectateurs pour que le basket féminin soit enfin reconnu.
Sur un terrain, dans la rue ou dans les foyers, seul le désir masculin aurait-il le pouvoir magique de faire exister les femmes ?
Féminine avant d’être talentueuse
Inutile de dire qu’en ce qui concerne les hommes, les sponsors se fient à leurs performances, à elles seules. Que ni la beauté ni la laideur ni même le niveau de nudité n’interviennent dans le nombre de spectateurs.
Mélissa Plaza résume, lors de la dernière Coupe du monde de football féminin : « On nous demande d’être féminines avant d’être talentueuses ».
Je propose que l’on généralise très rapidement, et dans tous les sports, les équipes mixtes.
Pour que les femmes aient les mêmes moyens de s’entraîner. Pour qu’on les voit aussi s’imposer face à des hommes. Tout ne se règle pas à coup de masse musculaire pure.
Quand les femmes seront des compétiteurs comme les autres, on n’osera plus leur demander d’être décoratives.
*Marie Petitcuénot est la créatrice du podcast Michelle qui raconte des histoires de femmes libres. Pour ÀBLOCK!, elle donne la parole à des “sportives libres”…