Tu es animatrice télé, et avant tout journaliste sportive. Une passion pour le journalisme ou pour le sport ?
Les deux ! J’ai toujours voulu être journaliste, et plutôt dans le sport, parce que le sport fait partie de ma vie depuis que je suis petite. Je crois que j’ai tout testé, du basket à la natation, en passant par le volley, le badminton, la planche à voile, la plongée, le snowboard…
Tu confies avoir été « éduquée à la garçonne », c’est-à-dire ?
Je faisais du sport nautique et extrême avec mon père, du motocross, du jet ski, du karting… J’aimais bien ces ambiances musclées, j’ai toujours adoré les sports avec des moteurs, du bruit, des odeurs d’essence. Mais je n’étais pas un garçon manqué, je faisais justement de la danse pour être un peu plus fille ! C’était un bon équilibre, même si j’ai commencé par du classique puis du jazz avant de terminer par du hip-hop en baggy !
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Tu es entrée à Eurosport par la « petite porte » comme tu dis, pourquoi ?
Mon père préférait que je fasse des études de marketing plutôt que de journalisme, parce que c’était un métier avec peu de débouchés. J’ai donc contourné ça en passant un master en marketing des médias et lorsque j’ai dû m’orienter professionnellement, j’ai tout de suite pensé à Eurosport. J’y suis entrée en tant que marketing manager sur la partie internationale d’Eurosport, je m’occupais aussi de la communication du WTCC, le Championnat du monde des voitures de tourisme. Je dis donc que j’y suis entrée par la petite porte car, à terme, je voulais y devenir journaliste.

Et tu as repris tes études…
J’ai repris un master, en journalisme cette fois, et en alternance sur Eurosport. Je suis partie tout en bas de l’échelle, j’ai adoré. Rapidement, on m’a fait faire des tests, des tests en direct ! J’ai animé les Championnats du monde de snowboard au Canada. En live.
J’étais très excitée, avec une super équipe prête à me donner ma chance, mais en gros, j’ai vite senti qu’il fallait faire mes preuves. Et le meilleur conseil qu’on m’a donné alors était de me sur-préparer, pour être stressée le moins possible.
Non seulement, j’ai donné le meilleur, mais j’ai pris un plaisir fou ! Je n’ai pas eu peur, je savais que j’étais faite pour ça. Être là, à un micro, devant une caméra, parler de sport… j’en rêvais depuis enfant.
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Puis il y a eu, en 2014, les JO de Sotchi, un challenge ?
Toujours pour Eurosport International, je suis repartie commenter le Championnat du monde de ski freestyle puis effectivement, il y a eu les JO de Sotchi. Je pensais partir au casse-pipe car on n’avait pas les droits de diffusion, je me demandais si j’avais les épaules pour faire deux émissions par jour.
Là, j’ai testé l’écriture de textes : il fallait raconter les JO sans avoir d’images. J’ai aussi connu mes premiers prompteurs. Finalement, ça s’est bien passé. J’étais bien entourée.

Tu t’es pourtant fait quelques ennemis au sein de la rédaction…
Je m’en suis fait beaucoup à vrai dire !
On m’a fait payer cher le fait que ça marche vite et bien pour moi, en m’ignorant, en faisant comme si je n’étais pas là, ni de bonjour ni d’au revoir. Et puis c’est bien connu, une femme ne sait pas parler sport et pour peu qu’elle soit jolie, c’est fini !
J’ai tout de suite senti que je devrais travailler deux fois plus qu’un homme et plus encore lorsque tu es grande et blonde de surcroit ! Ma force à Eurosport, c’était que j’étais bilingue. Je pouvais tout présenter en anglais et je connaissais mes sujets parfaitement.
Heureusement, car tu n’as pas droit à l’erreur. Alors, oui, je les compte sur les doigts de la main ceux qui m’ont félicitée pour mon travail à Sotchi.
Pourtant, tu n’as rien lâché…
J’étais en rage, mais je peux les remercier aujourd’hui car ça m’a donné une sacrée niaque !
Quand Eurosport a été racheté par les Américains de Discovery, les budgets de production ont été gelés.
J’avais 31 ans, diplôme de journaliste en poche, un an d’antenne en direct et en anglais… j’ai quitté mon CDI et je suis allée toquer à la porte de toutes les rédactions.

Et ça a pas mal remué !
J’ai fait plein de choses ! J’ai officié sur ma chaîne Sports Extrêmes, ma passion, pendant six mois puis j’ai développé mon réseau, intégré i-télé pendant un an, une super expérience car j’étais dans le feu de la matinale. C’était physiquement très difficile, je me levais à 2h du matin et rentrais chez moi à 13h. Je n’avais plus de vie sociale, je ne maintenais que mes séances de sport : course à pied, fitness, vélo, yoga, ski.
J’ai ensuite présenté une série documentaire de voyage dans la montagne, mon meilleur projet jusque-là, j’y étais vraiment moi-même. Je me suis éclatée : j’ai plongé sous la glace, sauté d’un hélicoptère, dormi contre le flanc d’une montagne, incroyable !
J’ai aussi été « speaker » dans des stades, j’ai tourné pour Netflix, j’ai animé le Ballon d’Or, présenté un talkshow sociétal sur l’automobile tous les jeudis pendant un an sur Auto-Moto La Chaîne et, depuis un an, j’y anime V6, une émission auto pour ceux qui aiment les sensations fortes.
Enfin, depuis janvier 2019, j’anime quelques émissions de divertissement sur France 2. Ma carrière est un mélange des genres, entre sport et désormais divertissement.

Tu maries même les deux en animant le nouveau tournoi de tennis UTS (Ultimate Tennis Showdown) diffusé en ce moment sur Eurosport et sur les réseaux sociaux. Ce format inédit veut dépoussiérer le tennis…
L’idée d’UTS : du tennis, de l’émotion et du show ! C’est du tennis 2.0, rapide, court, intense, avec du jeu. Je suis en direct toutes les heures, avec des invités, des résumés des matchs… avec une experte du tennis à mes côtés : Alizé Lim.
Le but de ce tournoi est de rajeunir les spectateurs car ils vieillissent. Le tennis ne se renouvelle pas, la moyenne d’âge est de 61 ans. UTS, c’est une ligue parallèle, créée par Patrick Mouratoglou, le coach de Serena Williams. Il l’a montée en trois semaines, c’est diffusé sur 60 chaînes dans le monde, c’est assez dingue !
Et, il faut bien l’avouer, j’aime plutôt ce qui est assez dingue !