Elle est une source d’inspiration pour toutes celles – et ceux – qui cherchent à durer, à se réinventer, à résister. Prodige précoce, celle qui a vu le jour en 1987 à Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, enfourche son premier vélo de course à l’âge où d’autres hésitent encore à quitter leurs roulettes. À 19 ans, la jeune Marianne Vos est déjà championne du monde de cyclisme. Route, piste et cyclo-cross : en 2008, elle devient, à 21 ans, la première cycliste sacrée championne du monde dans ces trois disciplines. Trois fois championne du monde sur route. Huit fois championne du monde en cyclo-cross. Championne olympique par deux fois, aux JO de Pékin en 2008 et à ceux de Londres en 2012. Championne d’Europe. Vainqueure du Giro Rosa. Et aujourd’hui, encore, elle écrit sa légende sur les routes du Tour de France Femmes. Son palmarès est vertigineux : plus de 250 victoires professionnelles. Mais ce qui fascine chez elle, ce n’est pas tant la quantité de ses trophées que la qualité de sa présence. Marianne Vos est partout, toujours. Intelligente dans la course. Lucide dans la défaite. Inarrêtable dans la victoire.
Force tranquille, Marianne Vos n’a jamais crié plus fort que les autres. Elle a laissé ses jambes parler, ses relais faire l’histoire, et son sourire humble conquérir le peloton. On l’appelle souvent « la Cannibale » du cyclisme féminin – en référence à Eddy Merckx – mais elle ne dévore pas pour dominer. Elle inspire pour élever. Elle est cette coureuse qui se relève après chaque chute, qui adapte sa stratégie, qui accepte l’évolution du cyclisme féminin tout en continuant de tracer sa route. Quand d’autres prennent leur retraite à 30 ans, elle reste au sommet à 38. Et pas seulement au sommet de son art : au sommet de son engagement pour faire évoluer le sport des femmes. Elle est une boussole pour le cyclisme féminin.
Marianne Vos est une athlète, mais aussi une ambassadrice naturelle de son sport. Elle a vu les premiers salaires précaires, les courses sous-financées, les calendriers raccourcis. Elle a vu aussi l’arrivée du World Tour, la résurrection du Tour de France Femmes, la montée en puissance médiatique. Et elle n’a jamais lâché. Elle a porté les espoirs, les ambitions, les luttes – sans discours tapageur, mais avec une régularité exemplaire. Elle est cette coureuse qui crée de l’espace pour les autres, qui pousse ses jeunes coéquipières, qui célèbre leurs victoires comme les siennes. Un mentor silencieux, une locomotive extra…ordinaire.
Voilà donc une icône du sport en route pour révolutionner le monde du vélo féminin. Mais c’est aussi une icône de la résilience. En 2015, elle s’effondre. Le surentraînement, la pression, la fatigue mentale. Elle coupe. Elle doute. Mais elle revient. Lentement, prudemment, à sa manière. Et quelques saisons plus tard, elle gagne à nouveau. Encore et encore. Marianne Vos est une histoire de constance, de cœur et de classe. Elle nous rappelle que le sport, ce n’est pas une question d’âge, mais d’élan intérieur. Que la victoire n’est pas toujours une ligne d’arrivée, mais un état d’esprit. Bref, Marianne Vos n’est pas seulement une championne, elle est un repère. Une trace vivante de ce que le cyclisme peut être quand il est humain, humble et acharné. À chaque coup de pédale, elle nous dit : continuez. Peu importe l’âge. Peu importe les obstacles. Continuez.