Maame Biney La black short-track attitude

Maame Biney, la black short-track attitude
Elle est la première femme noire à faire partie de l’équipe olympique américaine de patinage de vitesse sur piste courte et le revendique haut et fort. Cette reine du 500 m, sa discipline préférée dans le short-track, est une étoile de ce sport fascinant, toujours le sourire aux lèvres et la foulée explosive. Maame Biney sait comme personne briser la glace.

Par Claire Bonnot

Publié le 26 avril 2022 à 16h30, mis à jour le 25 mai 2022 à 9h40

« La seule chose froide au Ghana est la bière froide. » Maame Biney, wonderwoman sur glace, est né dans un pays chaud -le Ghana donc- il y a vingt-deux ans. Et on déroule l’histoire : enfant, elle rend visite à son père aux États-Unis et y pose ses valises, conquise. C’est là que le destin s’en mêle.  

Son père, au volant de sa voiture, passe devant un panneau qui l’interpelle : « Apprenez à patiner cet automne ». Un loisir comme un autre. Il propose alors à sa fille de débuter le patinage artistique. « Mon père est la plus grande source d’inspiration de ma vie », écrira plus tard Maame Biney sur son compte Instagram.

Bien guidée, la petite Maame chausse donc les patins et brise (littéralement) la glace : elle patine très vite, trop vite. Ce sera donc le short-track, le patinage de vitesse : « J’imagine que je suis née pour faire ce sport », lance-t-elle en riant lorsqu’on l’interroge sur son agilité à apprivoiser la glace. 

En 2017, elle déménage à Salt Lake City pour s’entraîner avec l’équipe nationale. Et change radicalement de vie pour l’amour de son sport : l’ado habite dans une famille d’accueil, étudie à distance pour terminer son lycée et s’entraîne 24/24h, 7/7j.  

Le travail et le dévouement paient : en 2017, Maame Biney se voit couronnée reine des glaces. Elle perce sur la scène du sport mondial lors des Championnats du monde juniors, à Innsbruck, en Autriche, en se plaçant sur la troisième marche du podium au 500 mètres – sa distance favorite.  

Elle est connue pour sa rapidité sur la ligne de départ et son amour du 500 m : « Aller très vite dans une course courte, ce sont mes deux choses préférées dans le patinage ». Au classement général ? Elle termine 7e.

©Robert Snow/Red Bull Content Pool

Maame Biney glisse sur la piste de son succès à tout juste 17 ans : elle s’assure une place au circuit de coupe du monde et concourt pour les tout premiers Jeux Olympiques de sa carrière. Elle se qualifie en effet au sein de l’équipe américaine de patinage de vitesse sur piste courte pour les JO d’hiver de 2018, à Pyeongchang.

Maame Biney rentre alors dans l’histoire en devenant la deuxième athlète née en Afrique à représenter les États-Unis aux JO d’hiver, la première femme noire à se qualifier dans l’équipe olympique américaine de short-track et la plus jeune sportive américaine des JO d’hiver de 2018. Et elle aime le rappeler parce qu’elle sait être une source d’inspiration.

Si elle ne rapporte pas de médailles, elle est déjà une légende qui laisse un impact durable pour les athlètes noires et notamment féminines américaines. 

©Robert Snow/Red Bull Content Pool

Maame Biney assume avec plaisir son statut de « rôle-model ». Quand on lui demande ce que représente pour elle le fait d’avoir été la première afro-américaine à se qualifier aux JO pour le patinage de vitesse, elle répond simplement : « Cela signifie beaucoup pour moi, c’est un tel honneur que les gens m’admirent et me voient comme un modèle. Je ne me considère pas moi-même comme un modèle parce que j’ai 17 ans et que je suis encore une enfant, mais j’espère inspirer tout le monde à y aller un jour. »  

Maame Biney sait qu’elle ouvre la voie et pave le chemin dans son sport, pour les femmes noires et plus généralement pour les petites filles : « Je suis très honorée d’avoir ce titre et j’espère l’utiliser et le porter avec respect. Je pense que mon objectif principal est de m’assurer que les autres jeunes femmes noires, en particulier les petites filles, réalisent que tout ce à quoi elles rêvent est tout à fait réalisable. »

©Robert Snow/Red Bull Content Pool

Elle-même a des icônes qui l’inspirent – « Je fais tout pour être comme elles un jour », dira-t-elle : les Américaines Gabby Douglas, gymnaste artistique ; Simone Biles, gymnaste et Serena Williams, tenniswoman.  

La tête sur les épaules, les pieds bien ancrés dans le sol – contre toute attente car attention sol glissant ! – Maame Biney donne de très sages conseils : « Amusez-vous. S’amuser est la meilleure chose que vous puissiez faire. Aussi, n’ayez pas peur d’échouer. Si vous échouez, relevez-vous parce que c’est comme ça qu’on apprend, et apprendre c’est génial. »

©Robert Snow/Red Bull Content Pool

La suite ? En 2018, elle remporte le 500 m aux championnats du monde junior. Mais, en 2020, elle traverse un passage à vide et se pose même la question d’arrêter la compétition. L’une des causes ? la pression de ces débuts historiques.

Derrière la personnalité pétillante et la sportive hors-pair, il y a une jeune âme pour qui le poids est « trop lourd », avouera-t-elle. « La pression était trop forte, mais j’ai aujourd’hui les outils pour y faire face ». On pense à Simone Biles. Ces interrogations profondes lui montrent finalement le chemin de la résilience. Maame Biney est prête à reprendre la piste, plus mûre et plus déterminée que jamais.

©Robert Snow/Red Bull Content Pool

Ce sera pour les JO de Pékin en février 2022 pour lesquels elle remporte deux des six courses de qualification nationale. Son but ? « Je n’ai pas vraiment d’attentes. Je vais juste aller là-bas, courir, m’amuser, être heureuse et avoir confiance en mes capacités. Nous verrons où cela me mène. »  

Si la déception côté résultats est au rendez-vous, l’imperturbable optimiste garde confiance et dit pouvoir « renaître de ses cendres tel le Phénix ». Elle montre encore une fois la voie : « Je pense qu’il n’y a pas lieu d’être amère à propos d’une situation contre laquelle je ne peux rien faire », déclarait-elle suite aux Jeux. « Et je pense que c’est une sorte d’inspiration pour moi-même, ainsi que pour les jeunes filles noires du monde entier, qui ont le sentiment que quelle que soit la situation qui leur est présentée, elles (peuvent) la surmonter et se relever comme un Phénix. » 

Maame Biney, une athlète à suivre de près, pour son mental de battante 100 % ÀBLOCK! 

Pour glisser sur la piste du sport de haut niveau avec Maame Biney, direction son compte Instagram : @biney.biney 

Ouverture ©Robert Snow/Red Bull Content Pool

Vous aimerez aussi…

Marie Patouillet la para cycliste qui veut rouler sur l’or

Marie Patouillet, la para cycliste qui veut rouler sur l’or

Devenir sportive de haut niveau était son rêve d’enfant. Mais Marie Patouillet est née avec des malformations au pied et à la cheville. Son envie de sport la distance : elle n’y croit plus… Pourtant, en 2017, le vélo lui offre une percée fantastique dans le monde du sport de haut niveau. Une lancée dans le cyclisme fulgurante : vice-championne du monde en 2020 et double championne de France de paracyclisme dans sa catégorie. Portrait d’une fille qui tient la piste.

Lire plus »
La Parisienne 2022, plus que quelques jours…

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Notre classique retour sur l’histoire sportive du mois d’août, une piqûre de rappel pour une course en Capitale (le joyeux événement La Parisienne sur notre photo), le bilan des grandes compétitions estivales et l’ouverture d’un slalom au fil de l’eau, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! cette semaine. Bon rattrapage !

Lire plus »

Rallye des Gazelles : Anne et Sandra attendront encore un peu…

Elles se sont lancées un défi un peu fou : participer au Rallye Aïcha des Gazelles au Maroc, le seul Rallye-Raid hors-piste 100% féminin au monde. Elles, ce sont Anne et Sandra. Elles devaient nous faire partager leur préparation jusqu’au départ, en 2021, mais le COVID-19 est passé par là et décision a été prise de reporter d’un an. Mais ce n’est que partie remise.

Lire plus »
Pauline Stey, la jeunesse qui marche bien

Pauline Stey, la jeunette qui marche bien

À 22 ans, Pauline Stey a déjà parfaitement commencé à écrire son histoire. Qualifiée aux JO de Paris 2024, elle a réussi son 20 kilomètres marche olympique, même si elle aurait préféré mieux faire. Mais l’avenir est en marche !

Lire plus »
Claire Floret : « Le cyclisme m’a permis de devenir une autre femme. »

Claire Floret : « Le cyclisme m’a permis de devenir une autre femme. »

C’est une histoire d’amour qui a donné vie à une autre. Claire Floret a découvert le cyclisme via la passion de son homme, fan de vélo. En 2015, elle lance un pari audacieux : faire renaître le Tour de France au féminin. C’est un peu (beaucoup) grâce à son asso « Donnons des Elles au vélo J-1 » que le Tour de France Femmes a repris la route. Claire Floret est au micro du podcast ÀBLOCK!

Lire plus »
Aurélie Tourte, l’arbitre de chaise qui sait prendre de la hauteur

Aurélie Tourte, l’arbitre de chaise qui sait prendre de la hauteur

Incontournable du paysage tennistique, arbitre féminine française la plus gradée avec le badge d’argent en 2014 puis le badge d’or en 2017, Aurélie Tourte, qui a fait ses classes dans le circuit féminin, a aussi réussi à se faire sa place sur la terre battue au masculin en étant la première femme à accéder à cette chaise. Portrait d’une fille qui parcourt le monde pour l’amour de la balle jaune.

Lire plus »
Juliette Willmann, la peuf cékoiça

La « peuf » ? Cékoiça ?

Les adeptes de ski et autres disciplines des pentes enneigées, connaissent bien ce terme. La peuf, celle qui leur procure frissons et sensations fortes… C’est quoi, à votre avis ? Les coachs, les sportifs et sportives ont leur langage, selon les disciplines qui, elles aussi, sont régies par des codes. Place à notre petit lexique pratique, notre dico « Coach Vocab ».

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner