Il est de ceux qu’on ne voit pas venir. Pas le genre à taper du poing sur la table, plutôt celui qui observe, écoute, comprend… dans le seul but d’agir à bon escient. Il a aussi une tête d’acteur, genre hollywoodien de Very Bad Trip, mais on s’égare.
Depuis l’été 2024, Laurent Bonadei n’est plus seulement « l’adjoint de », il est désormais le sélectionneur de l’équipe de France féminine de football. Le patron. Et ce n’est pas un hasard. Dans l’ombre d’Hervé Renard, son prédécesseur, il a appris à respirer au rythme des Bleues. Et lorsque le coach star a quitté le banc, c’est naturellement que le technicien discret a pris la lumière. Mais ne vous faites pas de film : ce fut une prise de relais sans fracas. Derrière son apparente tranquillité, il y a de la sagesse dit-on, mais il y a surtout une vision.
À 54 ans, Laurent Bonadei est un homme de terrain, de transmission. C’est dans les centres de formation qu’il a forgé son regard : Toulon, Grenoble, le PSG, Nice… Il a vu passer, grandir et éclore des talents, il sait détecter le feu sous la glace. Bonadei aime bâtir, pas empiler les noms. Donner une direction, faire grandir les individualités dans un projet collectif, voilà ce qu’il met en avant, voilà sur quoi il travaille.
Son scénario préféré ? Miser sur l’intelligence émotionnelle autant que sur la tactique. Autant vous dire qu’ici ça nous parle. Laurent Bonadei se présente comme un grand compréhensif, apparemment proche des joueuses. Il nourrirait l’ambition de créer un cadre de performance tout en douceur. De la pression, donc, mais pas de la pression inutile, voilà ce qui s’appelle insuffler un vent nouveau. De là à dire que Laurent Bonadei épouse nos valeurs ÀBLOCK!, il n’y a qu’un crampon : du sport comme vecteur d’émancipation, de confiance, de dépassement. Si c’est bien ça, alors oui.
Les Bleues courent toujours après un titre majeur. Lui, ne promet pas la lune, mais pose les bases d’un jeu plus libre, plus audacieux. Pour autant, puisque son rôle est de sélectionner, il sélectionne : il prend son temps, soupèse, jauge et juge. Dans la liste des 23 pour l’Euro 2025 par exemple, il a laissé Eugénie Le Sommer et Wendie Renard aux portes du stade. Question prise de décisions, quand c’est plié, c’est plié.
Lui, il sait que la victoire commence dans les têtes, que la résilience d’un groupe se construit brique après brique dans les détails. Pour autant, Laurent Bonadei n’est pas le Diable, il est juste sacrément efficace : il a gardé avec lui le préparateur mental Thomas Sammut, pour ancrer la confiance ; il expérimente des systèmes de jeu plus dynamiques ; il place les femmes au centre du projet. Un vrai stratège.
Donc, on vous refait le pitch : ce n’est pas un gourou, c’est un guide. Pas un showman, un artisan. Pfiou, cet homme-là semble le modèle parfait du type qui va nous mener à la victoire ! Disons que maintenant qu’on a payé pour la séance, on a hâte de voir s’il est le miracle tant attendu des Bleues. Sinon, déception.
Parce que ce que Laurent Bonadei défend, sur le terrain comme en dehors, c’est une certaine idée du sport. Un sport inclusif, exigeant, joyeux, profondément humain. Et ça, encore une fois, ça nous parle. Mais pas de pression inutile, ok ?