La naissance du squash remonte au XIXe siècle, en Angleterre. Il serait l’un des nombreux descendants du Jeu de Paume français, inventé, lui, au XIIIe siècle ! Certains disent que le squash aurait été inventé par des prisonniers, tandis que d’autres estiment qu’il est né dans un lycée. C’est en effet dans la prestigieuse école pour garçons d’Harrow que le « baby rackets » devient le squash, notamment grâce à l’avènement de la vulcanisation du caoutchouc.
D’abord pratiqué par les élèves sur des courts de rugby fives, la discipline s’est rapidement répandue dans toute la Grande-Bretagne. Arrivé en France en 1911, le journal La Vie au Grand Air parie que « ce tennis modifié » fera des émules. Le squash plaît, mais n’est encadré par aucune institution jusqu’en 1928, avec la création de la première fédération nationale d’Angleterre : la Squash Rackets Association (aujourd’hui appelée England Squash).
Pendant longtemps, le Jeu de Paume français, s’est joué à main nue, mais la pratique étant douloureuse, on inventa des battoirs en bois pour renvoyer la balle.
Puisqu’il est né dans des milieux 100 % masculins, on pourrait croire que le squash a longtemps ignoré les femmes, mais que nenni ! Voici enfin l’exception qui confirme la règle : le plus ancien et prestigieux tournoi de squash de l’histoire a débuté avec… des joueuses ! Et oui, le premier championnat britannique féminin a été organisé en 1922, avant même la codification officielle de la discipline. À titre de comparaison, la version masculine du célèbre British Open (considéré comme le championnat du monde officieux à l’époque) s’est tenue pour la première fois en 1930. Si les tournois masculins et féminins se sont déroulés séparément jusqu’en 1983, ils se tiennent simultanément depuis cette date.
Qui dit premiers tournois, dit premières championnes. Parmi ces pionnières, on se souvient des sœurs Cave, Joyce et Nancy, mais aussi de Cecily Fenwick ou encore de Janet Morgan. Mais s’il ne fallait retenir qu’un nom marquant de l’histoire féminine du British Open, ce serait sans doute celui d’Heather McKay.
L’Australienne a remporté cette compétition historique seize fois d’affilée, entre 1962 et 1977 ! Comme si cela ne suffisait pas, elle devient, en 1976, la première championne du monde de squash féminin, un championnat du monde officieux qui se tient alors à Brisbane. Trois ans plus tard, elle remportera le Championnat du monde féminin devenu, cette fois, officiel. Restée invaincue pendant presque vingt ans, Heather McKay demeure aujourd’hui l’une des plus grandes joueuses de squash de l’histoire. Pour la petite histoire, celle qui fut nommée entraîneure de la division Squash de l’Institut australien du sport en 1985, était aussi une sportive de haut niveau dans d’autres sports que le squash, dont le hockey sur gazon et le racquetball.
L’année 1976 marque un grand tournant dans l’histoire du squash, puisque ce sport prend alors une dimension mondiale. L’International Squash Rackets Federation est créée, avec sept pays membres : l’Angleterre, l’Australie, l’Inde, le Pakistan, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Égypte. Justement, depuis les années 2000, les joueuses égyptiennes dominent les courts de squash féminin. Nour El Sherbini, Raneem El Weleily et Nouran Gohar occupent brillamment les premières places mondiales.
Des places qui valent cher et qui, aujourd’hui, sont d’une valeur égale pour les athlètes hommes et femmes. Visiblement, le squash aime sortir des rangs… En 2023, le championnat du monde masculin de squash de la Professional Squash Association (PSA) a attribué le même prix aux champions qu’aux championnes. Une égalité qui fait plaisir, tant elle est rare dans le milieu du sport. Mais plus incroyable encore, la même année, le championnat du monde féminin de la PSA a été doté d’un prix plus élevé que celui des hommes, une première dans l’histoire du sport !
Nouran Gohar…©Dan Vojtech/Red Bull
Autant dire que le squash féminin a le vent en poupe ! En France aussi, le squash mise de plus en plus sur l’égalité. Dès 2010, la FFSquash a présenté des projets axés sur la mixité et la mise en lumière de la pratique féminine. Le Tournoi des Déesses a ainsi vu le jour en 2012. Soixante-quatre joueuses y ont participé, sans aucun doute galvanisées par la présence de la N°1 française, Camille Serme.
Trois ans plus tard, Camille Serme devenait la première Française à remporter le fameux British Open. De quoi motiver la Commission Sportive Nationale (C.S.N.) à miser sur nos championnes. En 2017, elle publie pour la première fois un classement national mixte, en plus du classement par sexe. C’est peut-être cette décision qui a inspiré l’équipe de France féminine à décrocher, en 2019, le premier titre international de son histoire : celui de championne d’Europe.
Camille Serme…©squash fitness paradis
Prochaine étape pour les championnes de squash féminin : se faire une place sur le devant de la scène olympique. Notre meilleure française, tête de série numéro 1, Mélissa Alves, actuellement 18e joueuse mondiale, a pour objectif de se rapprocher du top 10, visant les jeux de Los Angeles 2028 : « Pour tout sportif, les Jeux Olympiques sont la plus grande « scène » sur laquelle on rêve de jouer. C’est également une très bonne nouvelle pour le squash et sa visibilité », dit-elle dans M+. Pour la visibilité, c’est effectivement une belle avancée. Et si elle pouvait, à 32 ans, devenir la première championne olympique de l’histoire du squash…
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