En Asie, les femmes s’entraînent aux arts martiaux depuis des siècles, à l’image des nonnes Shaolin pratiquantes de kung-fu en Chine. Des femmes dévouées à ces pratiques qui ont sans doute inspiré la britannique Sarah Meyer. En 1935 elle est devenue la première femme d’une origine autre que japonaise à obtenir une ceinture noire de karaté.
Mais si la première édition des championnats du Monde de karaté est organisée à Tokyo en 1970, les femmes ne sont pas de la partie. En compétition, les karatékas peuvent seulement prétendre à des titres en kata. D’ailleurs les premiers Championnats de France kata féminins se déroulent dès 1975. Sophie Berger, une des grandes pionnières du karaté, y fait ses débuts dans la catégorie des moins de 53 kg. En novembre 1981, elle remporte les premiers Championnats de France féminins organisés à Coubertin. En février 1982, elle participe aux toutes premières épreuves féminines de kumite des Championnats d’Europe mais s’incline en finale face à sa compatriote Francine Fillios.
Une défaite qui donne la niaque à Sophie Berger… En novembre de la même année, lors de la 6e édition des Championnats du Monde (qui accueille également pour la première fois des épreuves féminines de kumite), elle réalise l’impossible : battre en finale et à son domicile, la Taïwanaise Yau Li ! La championne française devient ainsi la première Championne du Monde de karaté de l’histoire (dans la catégorie des moins de 53 kg).
Quelques années plus tard, Karyn Turner va prouver au monde entier que les femmes peuvent exceller dans ce sport supposé « masculin ». En 1976, au Championnat du Monde de karaté féminin justement, elle devient la première femme à sortir doublement victorieuse : au combat conventionnel (kumite) comme à la technique (kata). Elle est également la première femme à intégrer, aux Championnats du Monde, les divisions masculines de kata et de combats armés.
Un parcours épatant qui lui vaut d’être qualifiée, en 1978 par le magazine Black Belt, de « femme la plus extraordinaire de l’histoire des arts martiaux ». Mais elles sont nombreuses les femmes d’exception qui pratiquent le karaté. Pas besoin de faire de la compétition pour s’approprier ce sport, à l’image des « bonnes sœurs de la sainte famille », installées à Philadelphie et qui, à la même époque, sont devenues maîtres en aïkido et en karaté pour défendre leur orphelinat.
En France, on citera les noms de Laurence Fischer, une des plus grandes karatékas du monde et qui a fondé l’association Fight For Dignity qui a pour objectif d’accompagner les femmes vulnérables par la pratique du karaté. Et, plus récemment, Sophia Bouderbane, multi médaillée, cinq fois championne d’Europe de kumite.