Catherine Steenkeste « J’ai plaisir à penser que l’on photographie différemment le sport quand on est une femme. »
Elle se destinait à une carrière dans la pub, elle est devenue accro à la photo. Catherine Steenkeste, notamment photographe de la NBA, trace son parcours en solo avec toujours la même passion, la même exigence. Pour ÀBLOCK!, elle a accepté de partager cinq clichés qui lui ressemblent. Comme ce portrait gourmand de la basketteuse Sandrine Gruda...
Par Sophie Danger
Publié le 16 octobre 2023 à 17h45, mis à jour le 17 octobre 2023 à 17h20
Comment la photo s’est-elle invitée dans ton parcours ?
Je faisais des études de publicité à Paris et, après ma 3e année, j’ai réalisé qu’il allait peut-être être difficile de trouver un bon poste dans ce domaine. Je me suis dit que pour mettre toutes les chances de mon côté, il serait bien de partir à l’étranger. Il y avait une affiche dans la cafétéria où il était écrit : « Partez aux États-Unis faire vos études ». Ce n’était pas trop cher et ça pouvait me servir pour revenir bilingue et trouver un meilleur emploi.
Je suis partie au Texas, à Athens, où j’ai intégré le Trinity Valley Community Collège. J’y ai suivi un cours de photo et j’ai assez rapidement couvert les matches de l’équipe de basket du Collège.
Tu avais envie de devenir photographe publicitaire lorsque tu étais étudiante ?
Non, je voulais travailler dans la publicité côté stratégie mais je me suis rendu compte que j’avais du talent pour la photographie lorsque j’étais aux États-Unis et que le photographe affilié au journal local m’a dit que l’on parlait de moi à la rédaction, que mes photos étaient vraiment bien et que je devrais persévérer dans cette voie-là. Je lui ai dit : « Mais c’est votre métier ? », il m’a répondu oui et je me suis dit : « Wahou, la photographie de sport, c’est vraiment cool ! ». Même si j’ai toujours aimé l’image, je n’y avais jamais pensé avant.
La suite de ton parcours est encore plus fou. Tu fais tes premiers pas en tant que photographe aux US, tu reviens en France, on ne te propose rien, tu repars là-bas et tu vas devenir photographe officielle de la principale ligue de basket-ball au monde, la NBA…
Tout s’est passé assez vite. Quand je suis rentrée du Junior Collège, j’ai essayé de percer ici mais j’ai très vite vu que ça n’allait pas le faire : on me disait que ce métier n’était pas pour moi, que j’étais une femme et que la photographie de sport était un monde de mecs. J’ai pris note.
Je travaillais quand même un peu pour Basket News et le magazine de la FIBA et, comme je connaissais Olivier Saint-Jean, devenu depuis Tarik Abdul-Wahad, le premier Français qui allait intégrer la NBA, je me suis dit que j’allais retourner aux US pour faire un reportage sur lui et le leur proposer.
C’est la NBA qui m’a découverte et ça a été du pur hasard. Un jour, à l’issue d’un match, j’ai pris un cliché d’un photographe qui avait une vingtaine d’appareils autour du cou. J’allais partir quand il m’a demandé pourquoi j’avais pris cette photo.
En entendant mon accent, il a commencé à me poser tout un tas de questions et, à la fin de la conversation il s’est présenté et m’a dit qu’il s’appelait Andrew Bernstein. À ce moment-là, je suis devenue toute blanche. Ce gars, c’était un des meilleurs photographes de la NBA et je m’étais promise, si un jour je le rencontrais, de lui mettre une bonne baffe en lui demandant de me laisser une petite place dans les magazines. Ça l’a fait rire. Il avait vu que j’avais de bonnes interactions avec les joueurs, il a voulu voir mon book. Moins de six mois après, je faisais partie de son équipe.
Être une femme photographe et s’imposer en sport, un univers à dominante masculine, c’est compliqué ?
Bizarrement, ça a été beaucoup plus facile pour moi aux États-Unis qu’en France. Ici, je me suis fait jeter comme une malpropre, là-bas, on m’a donné ma chance. Après, il faut saisir cette chance et montrer qu’on la mérite, il faut montrer que l’on a du talent, qu’on a l’ambition de durer, il faut travailler dur.
En ma qualité de femme, et de femme française, il fallait presque que j’en fasse deux fois plus qu’un homme mais j’étais jeune et je vivais un rêve éveillé, ce qui fait que je ne l’ai pas ressenti comme ça. Je vivais et je respirais NBA, c’était cool, à tel point d’ailleurs que je ne m’étais même pas rendu compte que mon nom s’était exporté.
C’est quoi pour toi une belle image en tant que professionnelle ?
Une belle image, quand on la regarde, elle doit faire vibrer, procurer des émotions. Il faut que ce soit aussi d’une certaine beauté, que ce soit bien composé, qu’il y ait de jolies couleurs… Une belle photo, il faut qu’elle parle d’elle-même, qu’elle fasse bouger la personne qui la regarde.
Est-ce qu’il y a, pour toi, une spécificité à la photo de sport ou bien la photo, quel que soit le domaine, obéit aux mêmes principes ?
Que la photo soit une photo de sport ou de paysage, il faut qu’elle fasse réagir celui qui la regarde mais peut-être que c’est un peu plus marqué dans le sport.
Photographie-t-on différemment le sport quand est une femme selon toi ?
J’ai plaisir à penser que oui. Homme ou femme, les photos sont plus ou moins pareilles mais une femme apporte une petite touche de douceur et quand je parle de douceur, ça ne veut pas dire moins de force ou de violence dans la photo, mais un petit truc en plus, de la tendresse, un peu d’humour…
Tu as sélectionné pour nous cinq photos. Sur la première, on y voit la handballeuse internationale suédoise Anna Langerquist avec une position et une expression qui font penser à l’univers manga et donne même l’impression d’un montage…
C’est une photo de l’Euro 2018, un match de poule à Nantes. J’adore cette photo. Effectivement, on dirait presque un personnage de manga, mais c’est surtout sa position qui est incroyable. Ce qui était fou, c’est qu’elle ne faisait que des choses comme ça pendant la rencontre et, avec les autres photographes, on se disait que c’était trop cool.
Je me suis renseignée et maintenant, cette fille joue à Nantes pour les Neptunes. Quand j’ai su ça, je me suis dit que, si elle faisait encore des mouvements comme celui-là, le photographe du club devait kiffer !
Une autre photographie très chorégraphique, c’est celle d’Eugénie Le Sommer. On sent la puissance dans son mouvement et, en même temps, il s’en dégage une sensation de légèreté, de grâce.
C’est marrant parce que, que ce soit en handball ou en football, filles ou garçons, on retrouve les mêmes mouvements mais, parfois, il y a des surprises avec des poses qui sortent de l’ordinaire, qui sont un peu irréelles et je trouve ça très beau.
C’est vrai que, parfois, les joueuses donnent l’impression d’être des danseuses sur le terrain. Ça rejoint ce que l’on disait précédemment à propos des femmes photographes de sport, je trouve qu’il y a une certaine grâce qui se dégage de ces photos, de la force aussi. Ça vaut particulièrement pour le football d’ailleurs : les filles tombent peut-être plus que les hommes mais elles se relèvent beaucoup plus vite et ne se plaignent pas. Quelque part, je pense qu’elles sont un peu plus physiques que les hommes.
Le cliché de l’équipe féminine de basket US est aussi fabuleux. Le format joue mais aussi les expressions, la manière de poser.
C’était à Tenerife et c’est la NBA qui m’avait mise dessus à l’occasion de la Coupe du monde. Un matin, on m’appelle pour me dire de venir photographier les filles, moi je n’avais pas été prévenue, je n’avais pas de flash, rien pour ré-éclairer, mais on m’a rassurée en me disant que je n’aurai pas besoin de tout ça, qu’il fallait que je me rende sur la terrasse de l’hôtel et ça fera très bien l’affaire.
Lorsque les filles sont arrivées, je leur ai demandé de commencer par me faire leur « game face », le visage de match en somme. Elles ont adoré ça et elles ont tout de suite joué le jeu à fond. Au moment où je prenais la photo, j’étais en train de bouillir parce que je savais qu’elle serait folle : il y avait le placement, les regards, une petite touche d’arrogance – ce sont les meilleures joueuses du monde ! – et en même temps une petite touche de retenue.
Il y a un peu de ça aussi dans le cliché des Américaines qui se sautent dans les bras en football. On sent de la joie, de la surprise, de l’amusement pour une célébration rafraîchissante que l’on voit finalement peu dans le sport professionnel…
C’était pendant la Coupe du monde 2019, le match se passait à Reims, un match contre la Thaïlande gagné 13-0, une raclée. Sur la photo, on voit Alex Morgan qui saute dans les bras de Megan Rapinoe, c’était le 5e but qu’elle marquait, et Mallory Pugh mettre sa main devant sa bouche. La photo est drôle, même si la situation ne l’était pas pour la Thaïlande. On sent qu’il y a un petit peu de retenue de la part des filles mais que, en même temps, ce qu’elles vivent est dingue. Il y avait une telle ferveur pendant cette Coupe du monde !
J’ai vu des matches avec des équipes battues à plate couture mais, à un moment, l’équipe gagnante ne célèbre plus par respect pour son adversaire or, il faut célébrer surtout quand on est à la Coupe du monde !
La dernière photo, c’est celle de Sandrine Gruda et c’est un cliché que l’on n’a pas l’habitude de voir car tu as joué la « carte fille » à fond alors que souvent, les sportives de haut niveau expliquent qu’elles se sentent obligées de gommer leur féminité…
Cette séance photo-là était pour l’équipe de France de basket. J’avais envie de sortir un peu de ce que l’on faisait d’habitude et j’avais demandé la permission de faire un shoot créatif, ce que l’on m’a accordé.
J’avais installé un souffleur de chaque côté, il fallait que les bulles arrivent au bon moment, pas trop dans le visage, qu’elles soient assez grosses parce que j’aime bien faire les studios en vrai, pas repasser derrière avec photoshop. Les filles étaient très contentes, elles me disaient qu’elles pouvaient enfin se lâcher, rigoler. J’aime cette photo de Sandrine Gruda parce qu’on sort un peu du cadre sport tout en y restant. Ça change, c’est rafraîchissant.
Moi, je pense qu’il faut prendre des risques, il faut essayer d’être créatif, de rester dans sa ligne sportive mais aussi de savoir en sortir un peu pour montrer aux gens qui regardent nos photos qu’on sait s’amuser dans notre métier, que l’on soit sportif ou photographe.
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