Devenir athlète handisport ? Elle n’y avait même pas pensé. Et pourtant, haute comme trois pommes, celle qui ne quitte pas son grand frère d’une semelle de basket prend goût à la piste : s’il pratique l’athlétisme en club, elle veut le suivre ; s’il court, elle veut aller plus vite que lui. À 5 ans, la gamine orléanaise cavale déjà comme une gazelle.
Huit ans plus tard, sa coach prononce le mot handisport et tout s’éclaire pour la jeune Marie, 13 printemps et la vie devant elle. Car ce n’est pas une atrophie du bras droit, conséquence d’une naissance compliquée, qui va l’arrêter dans son élan. D’ailleurs, confie-t-elle au monde.fr, « J’ai ce handicap depuis bébé, Pour moi, c’est comme si je n’étais pas en situation de handicap. »
Lors des championnats régionaux et départementaux, la licenciée à l’ECO-CJF Athlétisme d’Orléans aligne les victoires et premières places dans toutes les disciplines athlétiques : courir, sauter, lancer, marcher… Marie Ngoussou s’exprime dans tous les domaines pourvu qu’elle s’amuse. Mais c’est à la course qu’elle performe et ce malgré son handicap.
Certes, elle ne peut pas faire correctement le mouvement de balancier avec ses bras lorsqu’elle court, mais ses jambes compensent, ses foulées sont puissantes, son corps tout entier vibre de vitesse. Elle sprint comme elle respire et elle se permet même de flirter avec le saut en longueur, son petit truc en plus !
Lors du meeting Handisport Open du stade Charléty, à Paris, dans sa catégorie T46 (handicap touchant un membre supérieur), Marie Ngoussou (de son nom complet, Marie Ngoussou Ngouyi) décroche la 2e place au saut en longueur. Pas trop mal pour la jeunette, mais c’est sur deux distances reines, le 100m et le 200m, qu’elle fait sensation avec des médailles d’or à la clé. Mieux, au 200m, elle rafle la première place en coup de vent et décroche par la même occasion les minima paralympiques. Paris 2024 est à elle. Circulez, y a rien à voir.
Aux championnats de France handisport 2024, un mois plus tard, à Albi, Marie Ngoussou enfonce le crampon en réussissant les minima sur son autre Joker, le 100m. Et la voilà devenue benjamine de l’équipe de France pour les Jeux paralympiques, la plus jeune sportive des 237 membres de la délégation française aux Jeux de Paris pour, non pas une, mais deux possibilités de ramener une médaille à la maison. Elle a 15 ans, encore cadette première année. Une HPI de l’athlé !
Si elle a loupé sa rentrée des classes -elle est en bac pro « Animation enfants et personnes âgées » mais rêve de devenir entraîneuse-, celle qui avoue être fan de rap, de Jul et…de Francis Cabrel (Petite Marie, je parle de toi…) ne compte pas pour autant se laisser prendre au piège de la piste : « J’ai une scolarité normale avec beaucoup de sport, explique-t-elle sur letudiant.fr. En gros, je suis libre tous les jours vers 16 heures et j’ai cinq entraînements de deux heures par semaine. Mais j’ai hâte de reprendre l’école et de retrouver mes potes. Aux Jeux, je suis presque tout le temps avec des adultes… »
Elle devra pourtant rester encore un peu avec les ieuves puisqu’elle sera dans les starting-blocks de la finale du 100m ce 3 septembre (en catégorie T47, surclassée avec des athlètes moins handicapées qu’elle, sa catégorie n’étant pas présente aux Jeux Paralympiques), mais aussi le 7 septembre sur le 200m. Pour un doublé historique ?
En tout cas, le lycée devra attendre sa nouvelle star, avec ou sans breloque autour du cou, mais avec la banane, ses entraîneurs Christophe Letellier et Nicola Queval ont insisté : « Amuse-toi ! ». Ça va le faire. Allez, Marie, file sur la piste !