Elle déteste perdre, dixit son entraîneur. Milena Surreau est autiste, elle est aussi atteinte d’une maladie neurologique rare qui engendre des troubles musculaires, des faiblesses aux jambes. « Elle n’est pas dure à motiver ! Mais quand elle ne gagne pas, elle est au-dessous de tout, il faut être à ses côtés », explique son entraîneur Loris Dufay dans Ouest-France.
Adolescente et très sportive, la lycéenne Milena entre en sport étude de tennis à La Baule. Elle a toujours voulu être une sportive de haut niveau, son rêve de gosse est de participer aux Jeux Olympiques et lorsque sa maladie est détectée, elle ne lâche pas son projet. Ce ne sera finalement pas le tennis mais l’autre, celui qui se joue non pas avec une balle mais avec un volant. Le para badminton sera sa planche de salut. Mais pas tout de suite.
En 2014, elle obtient son bac puis se dirige vers des études de musique, une autre de ses passions. Devenue professionnelle en 2017, elle joue avec l’orchestre de La Baule. La musique l’inspire, elle s’inscrit alors comme auteure-compositrice à la Sacem et réalise un album. « J’ai commencé à jouer de la guitare à 8 ans. En autodidacte, je regardais des tutos sur YouTube », se souvient-elle. S’ensuivent la batterie, le violon, le saxophone… tout l’intéresse.
Deux ans plus tard, Milena Surreau passe de la musique à l’exploitation du sel. La voilà paludière dans les marais salants de Guérande. Elle est à la tête d’une petite exploitation de 24 œillets et s’en va parfois sur les routes pour des concerts. Son idéal ? « Faire mon sel l’été, être au grand air de Guérande, et pouvoir jouer de la musique l’hiver. »
La période Covid marquera la fin de cette double vie et si les spectacles, c’est terminé, Milena Surreau conserve son exploitation et se défoule dans le club de badminton de Saint-Molf, chez elle en Loire-Atlantique. Les deux vont bien ensemble : être paludier est un métier physique, il lui permet de muscler le haut du corps, ce qui l’aide pour progresser au para badminton, surtout lorsqu’on a des troubles musculaires au niveau des jambes. Équipée d’orthèses sur le court, elle joue debout mais se déplace le reste du temps en fauteuil roulant pour s’économiser. Mais sa béquille, son fidèle compagnon, c’est son chien d’assistance, Eugène. L’un(e) ne va pas sans l’autre.
À plus de 20 ans, elle se met en tête de réaliser son rêve de JO, devenu suite à son handicap, un rêve de JP. Peu importe, l’événement est beau, l’objectif est là. Et c’est ce qu’elle écrit dans une lettre à Loris Dufay. Ce coach qui vient du sport adapté lui dit Go ! et Milena Surreau se met au travail.
En juillet 2021, lorsque Milena Surreau décroche une médaille d’argent aux Championnats de France dans la catégorie SL4 (concerne les joueurs qui ont un handicap sur l’une ou les deux jambes, et une déficience minimale de l’équilibre en marchant ou en courant), sa performance lui permet d’obtenir sa certification internationale. Nous sommes en mars 2022 et cela la propulse au sein de l’équipe de France de para-badminton.
En 2023, elle devient vice-championne d’Europe et 7e mondiale dans sa discipline. Pour les Jeux Paralympiques, seules les 6 premières se qualifient, mais la commission bipartite lui octroie le fameux sésame grâce au système de « repêchage » où 14 places sont à distribuer, 7 places pour les joueurs debout et 7 places pour les joueuses debout. Elle y est !
À 26 ans, en seulement trois ans, Milena Surreau a atteint le niveau international à une vitesse fulgurante. Ses atouts : sa frappe très puissante et son mental pour atteindre un rêve, une médaille aux Jeux de Paris 2024.