« Je suis coach mentale dans le milieu sportif mais pas seulement, je travaille aussi pour des entreprises, une nouvelle activité après avoir été infirmière. C’est en fait une vraie continuité pour moi, je m’en rends compte car je suis toujours dans l’accompagnement relationnel, comme je l’étais auprès de mes patients. Je coache des sportifs amateurs, aujourd’hui essentiellement dans le milieu du CrossFit que je connais bien, ainsi que des employés au sein de diverses entreprises. Je travaille avec mon père : à moi la gestion du stress, le développement personnel, la performance et à mon père le leadership et le management.
Le vrai miracle du coaching est d’aider les gens à prendre conscience de leur potentiel. Je dis toujours que c’est la métaphore de la chenille et du papillon. Le miracle c’est devenir le joli papillon que l’on doit être en trouvant la flamme en soi.
J’ai opéré ma reconversion en 2022, après la naissance de ma fille. Le moteur a été un burn-out. Après avoir travaillé sur moi, j’ai eu envie d’accompagner d’autres sportifs, leur démontrer qu’on peut allier plaisir et performance, leur permettre de retrouver du bien-être, du sens, sans toujours penser à la performance qui, selon moi, doit s’inscrire dans un deuxième temps. Et ce grâce à la préparation mentale qui commence à émerger en France.
Mon histoire avec le sport commence par la danse lorsque j’étais enfant, avec du modern jazz pratiqué pendant quinze ans. J’avais aussi testé la natation mais j’avais toujours fui les compétitions par peur de l’échec. C’est lorsque j’ai découvert le CrossFit que j’ai découvert aussi ce côté compétiteur chez moi, un côté que je ne soupçonnais pas. Le CrossFit, c’était en 2012 grâce à mon ancien compagnon qui était l’un des premiers propriétaires, en France, d’une box (nom que l’on donne à la salle de CrossFit, Ndlr). Avant, je me souviens, on s’entraînait sur des terrains de foot.
Aujourd’hui, je pratique toujours cette discipline, mais pas du tout de la même manière. À un moment, je m’entraînais tellement que mon corps ne coopérait plus, j’ai d’ailleurs toujours des douleurs au dos, très typiques de la pression de la compétition. J’ai donc décidé d’arrêter, j’ai tourné une page.
Pourtant, la beauté du CrossFit, c’est que quel que soit notre passé sportif, on se découvre un point fort et c’est très gratifiant ! J’adore regarder les gens travailler car le dépassement de soi se voit et c’est magnifique. On dit souvent aussi que c’est le plus collectif des sports individuels. On est tous liés par et dans l’effort, on s’encourage et c’est ça le sport, c’est le partage ! C’est d’ailleurs ces valeurs que je souhaite transmettre au travers de mon exposition* d’une vingtaine de dessins de Crossfiteurs : rappeler que le sport, ce n’est pas que les podiums, c’est une communauté, une vraie camaraderie qui s’installe, ça lie les êtres humains.
Pour autant, il y a deux mondes dans le CrossFit : le monde bienveillant dont je parle et le monde des compétiteurs qui peut vite devenir malveillant lorsqu’il y a des enjeux de performance et donc de l’argent et des sponsors en jeu. Il faut faire attention à ne pas tomber dans le piège.
Après ma lune de miel avec le CrossFit, j’ai connu un revers de la médaille : j’étais constamment dans la recherche de la perfection, de toujours plus de performance… À l’époque où j’ai débuté, il y avait beaucoup moins de filles que maintenant et dès qu’on avait un bon niveau en tant que femme, on était un peu dans le viseur, mises en avant quoi ! C’était très compliqué pour moi, je ressentais beaucoup de stress, j’ai alors commencé à m’auto-saboter. Ce n’était pas de la faute des coachs, c’était moi, je voulais prouver que j’étais la meilleure, mon esprit était focalisé sur le résultat, la perf’.
Je me mettais tellement la pression, j’étais tellement dans la comparaison que je ne prenais même plus de plaisir dans ma pratique sportive. C’était totalement contre-performant au final. J’ai subi une prise de poids importante, un dérèglement hormonal, j’ai perdu confiance en moi, je pleurais tout le temps… C’était un cercle vicieux, un burn-out sportif.
La première chose que j’ai faite a été de fuir les box et les réseaux sociaux. Puis, lorsque je me suis sentie mieux physiquement, en 2020, j’ai voulu reprendre et j’ai continué à m’entraîner pendant deux ans, mais là encore je pratiquais sans plaisir, j’avais la boule au ventre avant chaque entraînement. C’est quand j’ai changé de travail, en 2022, que je me suis dit que je ne pouvais pas être une maman constamment dans l’échec et la négativité. J’ai eu besoin de me reprendre en main : j’ai lu des livres autour de la préparation mentale et du développement personnel et j’ai fait appel à un préparateur mental pendant six mois, Frédéric Chevalier. Ça m’a vraiment aidé. C’est grâce à lui, à mon conjoint et à mon bébé que j’ai pu avancer.
Cette remise en question a duré cinq ans, c’est long mais je suis enfin plus en paix avec moi-même et je sais que je n’ai pas vécu ça pour rien. On se découvre dans l’adversité, je ne savais pas qui j’étais avant de faire du CrossFit et de vivre tout ça. Tout naturellement, moi aussi j’ai écrit un livre, « Révèle-toi à travers ta discipline ». L’idée, c’est vraiment d’engager les gens à y aller, que ce soit faire du sport ou se lancer dans toute entreprise ou relation qui les tentent et de voir ce qui se passe. Car même s’il y a des épreuves, on apprend toujours et on en sort grandi, je sais de quoi je parle !
Mon livre évoque la résilience et s’adresse à toute personne, sportive ou non. Ma mamie de 92 ans l’a lu et a été inspirée, vous voyez ! Nous passons tous par les mêmes étapes quand on se lance dans un projet, elles sont universelles. Le plus important est de se réaliser et de durer. Mon livre est un message d’espoir pour ceux qui ont peur de se lancer, je les motive, je les aide à ne pas baisser les bras.
Il n’y a pas de secret : pour être bien dans sa vie, pour s’en sortir après un échec ou un burn-out comme j’ai pu le subir, c’est la volonté qui compte, mais c’est surtout celle de demander de l’aide, de changer les choses…. Récemment, une personne que je coache a fait un record sur une barre. Elle m’a dit : « C’est grâce à toi ! ». Je lui ai répondu qu’on avait planté la graine ensemble, oui, mais que c’est elle qui avait fait en sorte qu’elle pousse.
On a tous cette possibilité de résilience en nous, cette capacité d’avancer comme un bébé qui tente de marcher, tombe et se relève. Il faut trouver le côté combatif en nous et le coaching aide à ça aussi. Quand on est une femme, dans le CrossFit ou ailleurs, on porte ce poids de vouloir se montrer sous le meilleur jour et notamment côté esthétique. Moi-même, dans mon travail, je me bats tous les jours pour être crédible, pour qu’on m’écoute plutôt qu’on me regarde. Les femmes ont toujours des murs à sauter ou des barrières qui peuvent les stopper. Ce que je dirais à celles qui ont peur de se lancer, c’est de se détacher du regard des autres, car ne sont pas les autres qui vous feront avancer dans la vie, et de garder ses objectifs en tête.
Quand je me suis mise à écrire mon livre, j’ai fait face à de nombreux obstacles dont la légitimité. Quand j’étais à fond dans le CrossFit avant mon burn-out, j’avais un besoin presque obsessionnel d’avoir des likes sur mes réseaux sociaux. Aujourd’hui, même si ça n’a pas complètement disparu, moins je poste sur les réseaux, mieux je me porte.
Si on est en phase avec ses convictions personnelles, on n’a pas besoin de prouver quoi que ce soit aux autres. Foncez avec vos valeurs intérieures, osez briller et vous inspirerez ces autres, justement ! »
- « Révèle-toi à travers ta discipline. Bien plus qu’une simple histoire de performance, l’effort physique nous mène aussi vers la réalisation de soi » de Louise Retailleau
- *Exposition du samedi 3 au vendredi 16 février, de 14h à 17 h sauf le dimanche, à l’Espace Rosa Bonheur, à Roissy–en-Brie.