Denis Broyer « Photographier le sport féminin, c'est photographier l'émotion. »
ÀBLOCK! poursuit sa série consacrée aux photographes de talent, pros ou amateurs, qui ont l'œil pour mettre le sport en lumière et plus particulièrement les sportives. Place à Denis Broyer pour qui la photographie est un loisir devenu passion, au point de passer tous ses week-ends derrière son objectif. Il partage, avec ÀBLOCK!, 5 clichés qui lui ressemblent.
Publié le 27 décembre 2022 à 8h27
Comment la photographie s’est-elle invitée dans ton parcours ?
Les premières « vraies » photos que j’ai faites datent de la période où les premiers appareils photo reflex sont arrivés sur le marché. Il n’y avait pas réellement de démarche artistique de ma part à ce moment-là. J’étais alors ce qu’on appelle un « geek » et l’idée d’avoir un appareil photo numérique a eu sur moi un effet « wahou » immédiat.
C’était il y a quinze ans, j’ai investi dans du matériel en me disant que j’allais voir ce que ça pouvait donner. Je me suis un peu amusé avec et, quand les smartphones sont arrivés, j’ai fait comme tout le monde : j’ai remisé mon appareil au fond du garage et je l’ai complètement oublié.
Je suis vraiment retombé dedans lorsqu’une de mes amies, qui travaillait à la communication du club professionnel de handball Tremblay, m’a proposé de la rejoindre. L’idée était de faire vivre les soirs de match sur les réseaux sociaux.
J’ai cherché à comprendre comment se racontaient les événements sportifs et, pour cela, je suis allé en voir dans une patinoire. Là, il n’y avait pas de photographe et on m’a dit : « Si tu veux, fais des photos ! ». J’ai ressorti mon reflex et depuis, je n’arrête pas.
Quelle est ta définition d’une belle photo de sport ?
Une belle photo de sport ne correspond pas forcément, pour moi, à l’idée que la majorité des gens s’en font. Beaucoup de photographes cherchent à figer le geste parfait mais, moi, je ne me trouve pas assez bon dans ce domaine.
Ce que je veux, c’est donner à voir ce que les gens ne voient pas, montrer une autre facette du sport. Ça passe par des clichés de disciplines moins médiatisées, des coulisses, des émotions…
Est-ce que les gens sont à la recherche de ça ou du geste parfait ? C’est une vraie question. Je continue à me dire que cette dernière option n’est pas forcément la plus intéressante. Si tu couvres un match de foot, le geste parfait, tu peux le voir mille fois en replay et tous les photographes vont avoir l’objectif rivé dessus.
Je préfère photographier des gestes de victoire sur le banc plutôt que de m’acharner à immortaliser le palet qui arrive en plein milieu de la lucarne. Ma démarche est de montrer un autre aspect de l’événement.
Est-ce que tu abordes le sport féminin de manière différente lorsque tu couvres un évènement?
La différence majeure entre sport féminin et sport masculin est que je ne peux pas rentrer dans les vestiaires quand je couvre une rencontre féminine !
Il y a également un peu plus de retenue de ma part. La semaine dernière, par exemple, un joueur s’est ouvert l’arcade sourcilière. Je n’ai pas de scrupules à shooter un mec en sang alors que, s’il s’était agi d’une fille, je pense que j’aurais hésité à montrer ce genre de choses.
L’autre différence fondamentale pour moi est que le sport féminin est plus accessible, plus sympa. Les photos sont, de fait, plus naturelles, dégagent davantage d’émotions, c’est moins sous contrôle. Photographier le sport féminin, c’est photographier l’émotion.
Tu as sélectionné pour nous 5 de tes clichés préférés, quel est ton cliché N°1 ?
Cette photo ci-dessous est celle deCharlotte Cagigos. Je trouve son parcours assez génial : celui d’une fille qui joue avec des garçons.
Durant la rencontre, elle était sur la glace avec vingt joueurs de chaque côté. Son histoire est intéressante, c’est pourquoi cette photo a du sens. C’est peut-être d’ailleurs celle de mes photos qui a été la plus partagée, reprise, ré-utilisée.
Pour la shooter, je suis resté dix minutes à ses côtés sur le banc à essayer de faire le meilleur cliché possible, ce qui ne m’arrive d’ordinaire jamais. Ce qui interpelle ici, c’est son regard. Il est magnifique. On la sent ultra concentrée, son œil bleu ressort par rapport à la blancheur de l’arrière-plan.
Cette jeune femme, c’est Amina Tounkara. Elle est gardienne au club de hand de Noisy-le-Grand, un club professionnel de deuxième division.
Cette photo est doublement intéressante : il y a le côté géométrique avec lequel j’aime jouer et les couleurs que j’adore faire ressortir. En termes de rendu, c’est génial.
La direction de son regard va dans le même sens que la ligne. Symboliquement, ça parle de franchir la ligne, de passer de l’autre côté, ce qui résonne avec l’histoire d’Amina : elle a créé Hand’Joy, une association qui vient en aide aux filles qui n’ont pas accès au sport, dans le but de les encourager à pratiquer.
Je photographiais là deux équipes de Ligue Magnus, deux équipes professionnelles de hockey sur glace, Cergy et Amiens, à l’occasion d’un qualificatif de playoffs.
Pour moi, cette photo est symbolique de l’énergie qui se dégage du hockey. Un sport sous-médiatisé, difficileà retransmettre à la télévision car il est quasi-impossible de suivre la rondelle, peu aisé de comprendre les règles… Si tu pousses les portes d’une patinoire, tu vas tout de suite le comprendre !
Ce qui me plaît aussi sur cette photo, c’est que tu ne sais pas où sont les têtes, où sont les pieds, où sont les crosses. Il y a des gens qui se sont d’ailleurs amusés à la reproduire sur tablette en la dessinant, c’était assez amusant de la voir en mode bande-dessinée.
Cette photo, je l’ai prise lors d’un entraînement de para-hockey. Le club de hockey de Neuilly-sur-Marne dont j’assure la communication essaie de mettre cette discipline en avant, mais tant que tu n’as pas vu ces joueurs et ces joueuses évoluer « en vrai », il est très difficile de se rendre compte des difficultés auxquelles ils et elles doivent faire face pour pouvoir pratiquer. Je trouve ça à la fois hallucinant et héroïque de leur part.
Avec le sport, ils s’éclatent. Pendant l’heure et demi durant laquelle ils évoluent sur la glace, il y a des sourires, de l’engagement, le même que celui des professionnels valides. Dans la démarche handisport, valides et joueurs handicapés physiques sont mélangés, garçons et filles également.
Moi, après cette session, j’ai quitté la patinoire en étant conscient d’être un peu différent. Cette photo n’est peut-être pas artistique, mais il y a ce regard et ce handicap assumé qui démontrent bien que l’inclusion par le sport est d’une grande importance.
Cette photo montre une équipe de floorball, un cousin du hockey qui se joue dans un gymnase, sans glace et sans roulettes. En gros, il faut s’imaginer pousser une balle avec une crosse mais en courant. Dans le genre sport méconnu, le floorball se pose là !
L’une des particularitésde cette discipline est que, en France, les compétitions sont mixtes. Ce cliché prouve que tous les sports ne sont pas misogynes. Quand on assiste à un match de floorball, on repère d’abord la joueuse. Elle joue avec des garçons, elle donne ses directives et tout le monde l’écoute, tout le monde applique ses consignes. Sur la photo, elle donne l’impression d’être la patronne et tout se passe très bien !
ÀBLOCK! est un média indépendant qui, depuis plus d’1 an, met les femmes dans les starting-blocks. Pour pouvoir continuer à produire un journalisme de qualité, inédit et généreux, il a besoin de soutien financier.
Pour nous laisser le temps de grandir, votre aide est précieuse. Un don, même petit, c’est faire partie du game, comme on dit.
Le Festival international des sports extrêmes (FISE) s’apprête à varier les plaisirs. L’organisateur d’événements sportifs va s’associer à Keyce Business School pour proposer un nouveau campus dédié aux métiers du sport et plus particulièrement aux sports émergents. La FISE Academy by Keyce ouvrira ses portes à la rentrée.
C’est officiel, le parcours du Tour de France Femmes 2023 a été annoncé. Les coureuses savent désormais à quoi s’attendre dont plusieurs championnes tricolores qui reprendront la route ÀBLOCK!. Petit point sur la Grande Boucle féminine.
La Chine brille de mille feux sur les plongeoirs des championnats du monde de natation de Kazan, en Russie. Ce 25 juillet 2015, la paire féminine du plongeon synchronisé à 3m fait honneur à sa réputation et se pare d’or. L’hégémonie chinoise sur la discipline continue.
On les adore ces séances où on pète la forme, où tous les exercices nous semblent easy, où on se dépasse en mode “même pas mal“. Forcément, ça donne envie de recommencer. Vite, trop vite. Et c’est là que la récupération joue son rôle. Pas convaincu ? Lis plutôt la réponse de notre coach, Nathalie Servais !
Deux amies d’enfance, deux basketteuses françaises, deux rêves américains. L’ailière du club de Bourges, Iliana Rupert, et la meneuse de l’ASVEL, Marine Fauthoux, ont été draftées le même jour pour rejoindre le championnat américain WNBA. C’était le 15 avril dernier et, depuis, elles ne touchent plus le parquet !
On ne compte plus les sélections de Charlotte Bilbaut pour les Bleues. Milieu de terrain expérimentée, elle continue sur sa lancée avec l’Euro 2022. L’occasion pour elle de s’engager sur la pelouse comme dans la vie. Portrait d’une joueuse qui a le cœur sur la main.
Dans l’épisode 2 de ce podcast exigeant qui mêle voix et ambiances, Amandine se confie à Audrey, notre réalisatrice elle-même boxeuse thaï et fière de l’être. Audrey qui interroge ces femmes boxeuses avec curiosité et respect de la parole offerte, comme un don de soi.
ÀBLOCK! accueille le podcast d’Audrey qui nous propose d’entrer dans l’univers et la tête des boxeuses. Du pur documentaire audio. Montez sur le ring avec elle.
C’est l’haltérophilie qui l’a choisie et non l’inverse. Dora Tchakounté, 25 ans, est devenue athlète de haut niveau sans même y penser. Une drôle d’histoire de rencontre, non avec sa discipline, mais avec un coach qui l’a guidée sur la voie du toujours plus haut, toujours plus fort. Rencontre avec une fille qui pèse lourd.
Les Internationaux de France de tennis s’ouvrent porte d’Auteuil et avant de savoir qui soulèvera la coupe Suzanne-Lenglen (les paris donnent gagnante Iga Swiatek sur notre photo), zoom sur les championnes de ces sept dernières années, celles, souvent inattendues, qui ont brillé sur les courts du plus grand tournoi parisien.
Elle se démarque dans les rangs français et porte en elle toutes les chances de lever les bras à l’arrivée de l’une des huit étapes du parcours. Son nom ? Évita Muzic. Retour sur le parcours de championne de cette athlète d’à peine 23 ans.
Elle n’a pas encore 20 ans mais déjà une détermination de fer. Angelina Favario, jeune pilote, n’a qu’une idée en tête : devenir pro et, pourquoi pas, évoluer, à l’avenir, en Formule 1. La Savoyarde, qui a fait ses gammes l’an passé en F4, sait qu’elle devra, pour cela, se battre tout au long du chemin contre adversaires et préjugés. Rencontre avec une demoiselle que rien ne peut freiner.