Nathalie Servais
Après des années de danse pratiquée parallèlement à ses études de lettres à l’université Paris-Sorbonne, Nathalie
Publié le 19 août 2022 à 21h37, mis à jour le 22 août 2022 à 19h12
La marche sportive. Discipline sous-estimée et bien trop souvent moquée. Marcher à un rythme effréné en gérant son effort à la pulsation près, on est assez loin d’une discipline de sportif du dimanche.
Pour autant, les marcheurs et marcheuses de haut niveau ne sont pas tous considérés comme professionnels. Mais c’est loin de ralentir Clémence Beretta. Avec passion et acharnement, elle s’entraîne, faisant fi des obstacles.
Il faut dire que la marche et elle, c’est une sacrée histoire !
Son père, président du club d’athlétisme de Remiremont, dans les Vosges, la plonge dans la marmite quand elle était petite. Et rapidement, la marche sportive retient son attention. Mais, difficile de s’accrocher pour la Vosgienne.
Aucun problème niveau talent ou détermination. En revanche, pour s’essayer en compétition, c’est une autre histoire. Les disciplines reines de l’athlétisme ne se font pas au même rythme. Alors, Clémence Beretta comble comme elle peut ses week-ends. Du cross par-ci et par-là, mais dès que l’occasion se présente, elle marche (vite, très vite).
Une fois le lycée derrière elle, les choses sérieuses commencent enfin. Au Centre de Ressources d’Expertise et de Performance Sportive (CREPS) de Nancy, elle intègre le pôle France jeune de marche athlétique. Et, immédiatement, Eddy Rivat la prend sous son aile.
En parallèles de ses études, Clémence Beretta progresse à vitesse grand V et enchaîne (enfin) les compétitions. Et fidèle à elle-même, la demoiselle ne fait pas la fine bouche côté distances. Trois, cinq dix, vingt kilomètres, peu importe ! Et les résultats suivent. La Vosgienne détient toujours quelques records en junior et en espoir.
Mais, très vite, la cour des grands intéresse bien plus la jeune prodige. Fini le trois kilomètres, désormais, toute son énergie est focalisée sur les distances restantes (c’est déjà pas mal). Et le succès suit.
Peu importe le nombre de kilomètres, elle devient championne de France. Et sur le dix bornes, Clémence Beretta va même aller chercher un record de France vieux de vingt ans. Rien ne résiste à la Vosgienne.
Mais, en marche, la distance internationale reste le vingt kilomètres. Et à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, l’Agence Nationale du Sport a mis la barre très haute pour accéder au statut d’athlète professionnel.
Malheureusement, Clémence Beretta, multiple championne et recordwoman française, n’est pas encore rentrée dans ces critères. Son statut de semi-pro expire et tout se complique pour elle.
Son entreprise n’aménage plus son emploi du temps et les stages et frais habituels ne sont plus pris en charge par la Fédération Française d’Athlétisme.
Un coup dur pour celle qui ne respire que baskets aux pieds. Mais pas suffisant pour l’arrêter. Elle démissionne de son poste d’assistante marketing pour se mettre à son compte. Et en bonus, elle ouvre son atelier de fabrication de bougies végétales.
La priorité de Clémence Beretta, ça reste la marche. À 23 ans, elle quitte Nancy et le CREPS pour retourner dans ses Vosges natales. Avec l’Athletic Vosges Entente Clubs (AVEC) et son nouvel entraîneur Gérard Lelièvre, elle organise son propre emploi du temps pour continuer de s’entraîner.
Et une fois de plus, les efforts et sacrifices consentis par la jeune femme paient. Elle se qualifie pour les Championnats sportifs Europeens à Munich. Et qui va s’élancer ce samedi 20 août avec les meilleures marcheuses européennes ? Pas mal pour une « amatrice », non ?
Avec cette compétition internationale, elle lance sa campagne pour d’un : être de nouveau une athlète professionnelle et de deux : se qualifier pour les JO de Paris.
Et, attention les yeux, ça commence par un vingt kilomètres de folie dans les rues munichoises !
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