Marie Appriou « Le boomerang, c'est une histoire de famille. »
Depuis près de vingt ans, son coeur fait boom. Marie Appriou, championne du monde de boomerang, s'apprête à remettre son titre en jeu. Ce 17 août, les championnats du monde débutent à Bordeaux. Et la Française compte bien prouver qu'elle est toujours une lanceuse de haut vol. Rencontre avec une nana qui n'a qu'une idée en tête : mettre son sport en lumière.
Par Alexandre Hozé
Publié le 16 août 2022 à 17h47, mis à jour le 25 août 2022 à 12h01
Le boomerang est un sport de famille. Tes parents, ton frère, ta sœur, tout le monde le pratique. Toi, tu es l’aînée, comment se sont passés tes débuts dans cette discipline ?
Oui, c’est une histoire de famille. J’ai commencé le boomerang à 5 ans, avec mon père, au club de Boomerang 33, à Cestas, en Gironde. C‘est lui qui a fondé le club car, avant ça, il n’y avait rien d’équivalent dans la région.
Il m’a filé le virus et mon frère et ma sœur n’ont pas résisté non plus. Mon père m’a beaucoup coaché évidemment, même si, en général, lors des compétitions, tout le monde s’aide et participe à la progression des lanceurs, en quelque sorte.
Et à part le boomerang, tu t’es essayée à d’autres sports ?
Enormément ! De l’athlétisme, du BMX, du handball… Avec mes études en STAPS en plus, j’ai pratiqué beaucoup de disciplines différentes.
Après, outre le boomerang, c’est surtout avec le hand que j’ai accroché. J’ai joué à plutôt bon niveau, mais je n’ai pas arrêté le boomerang pour autant.
Ça se comprend quand on voit à quelle vitesse tu as progressé. Dès tes 10 ans, tu participes à la Coupe du monde, alors à Seattle (Etats-Unis). Comment tu te sentais à ce moment-là, entourée de personnes bien plus âgées ?
En fait, ma participation à cette compétition est un concours de circonstances, j’étais du voyage avec une délégation française car mes parents étaient qualifiés. Je n’étais pas du tout censé lancer !
Mais, à la dernière minute, une équipe internationale junior s’est créée et j’ai été prise. J’étais la plus petite de très loin, mes coéquipiers avaient tous 18 ans ou pas loin.
Et après cette grande première, tu as continué les compétitions à l’étranger, mais sans assumer la pratique de ton sport, en tout cas avec tes camarades de classe…
Exactement. En gros, j’ai commencé à réellement assumer mon activité quand je suis arrivée au lycée. Avant, j’expliquais juste que je partais en voyage sans en donner la raison.
Finalement, c’est quand j’ai créé mon premier compte Facebook, en seconde, que forcément ça a commencé à se savoir : oui, je faisais du boomerang ! Et je n’ai eu que des retours positifs, ça m’a fait super plaisir. C’est d’ailleurs là que je me suis dis que le boomerang pouvait être un sport comme un autre.
Le fait que mes amis soient heureux pour moi a été un véritable soulagement car, au collège, c’était beaucoup plus dur, il y avait bien plus de moqueries.
Est-ce que cumuler compétitions internationales et lycée n’a pas été trop difficile ? Tu faisais partie d’une classe sportive ?
Je n’ai pas eu de problèmes pour mener de front cours et concours à l’étranger, même sans emploi du temps aménagé.
J’avais une option sport, mais c’est tout, car le boomerang a été reconnu comme un sport assez récemment : il a été intégré par la Fédération Française de Vol Libre en 2012 et a, dès alors, été reconnu comme tel en France.
Le boomerang reconnu officiellement comme un sport, est-ce que ton investissement a augmenté en conséquence ?
Tout à fait. L’arrivée au lycée, en plus de la libération du regard péjoratif de certains sur le boomerang, correspond au moment où j’ai commencé à faire des trucs intéressants sportivement.
Tout ça m’a donné la force pour progresser. Parce qu’avant, quand on est petit, c’est dur d’accrocher avec un sport. Du moins, quand on fait de la compétition. Il faut en vouloir, ne pas abandonner dès qu’on a un échec…
Et c’est assez dur à gérer quand on est une enfant. Mais quand j’ai commencé à avoir des résultats, je me suis rapidement dit que ça valait le coup de mettre de l’énergie dans le boomerang. Je me suis donc de plus en plus entraînée et mon lancer a progressé en conséquence.
Par la même occasion, j’ai aussi fait davantage de journées d’initiation. J’ai des souvenirs partagés avec mon père où l’on avait une centaine de jeunes par jour qui s’y mettaient.
C’était super, ça faisait plaisir d’en voir certains s’inscrire au club par la suite.
Ton épanouissement dans le boomerang a dû être un moment fort pour ta famille si investie dans ce sport ?
Sans doute. Après, on lance très souvent ensemble, on ne se rend plus trop compte de ce que l’on fait. On veut surtout se faire plaisir et faire tout de même les choses bien.
Les émotions fortes, c’est surtout après de grosses performances. Par exemple, lors de mon titre de championne du monde féminine toutes catégories en 2018, c’était un moment fort, la compétition avait été très rude, il y a très peu d’écart entre la deuxième et moi-même. Mais du coup, ça reste gravé dans ma mémoire.
Tu as déjà un sacré palmarès à 24 ans, les bons résultats s’enchaînent…
C‘est vrai, j’ai plusieurs records du monde, j’ai gagné différentes catégories lors de championnats du monde et d’Europe, j’ai été plusieurs fois numéro 1 mondiale en junior, filles et garçons confondus.
J’ai gagné des championnats d’Europe au général aussi…
Depuis que tu es dans ce milieu du boomerang, as-tu senti une évolution concernant le niveau des athlètes ?
Sur le niveau non, pas tant que ça. C’est assez similaire qu’au tennis, un petit groupe de lanceurs et lanceuses dominent outrageusement, ils se battent entre eux pour les gros titres.
Moi, j’essaye de m’imposer dans ce petit cercle de champions, mais c’est loin d’être évident.
La réelle évolution du boomerang, elle a lieu chez les jeunes. De plus en plus d’enfants pratiquent et participent aux compétitions internationales.
D’ailleurs, nous avons réussi à monter pour la première fois une équipe French Kids en 2016.
Donc, ce développement va vraiment dans le bon sens et on espère que ce n’est que le début.
Tes succès te propulsent tout de même sur le devant de la scène du boomerang et d’ailleurs tu te démènes sur les réseaux sociaux pour démocratiser ce sport…
C’est vrai, j’ai découvert pendant le confinement que la communication sur les réseaux sociaux est d’une grande efficacité, surtout pour les jeunes.
Pour moi, ça a très vite été une ambition d’expliquer ce que je fais.
C’est un peu de la déformation professionnelle, mes deux parents sont professeurs d’Education Physique et Sportive (EPS) et j’ai choisi la même voie.
Donc, la pédagogie et le plaisir de transmettre viennent, sans doute, aussi de là.
Les championnats du monde de boomerang débutent ce 17 août, après plusieurs années d’absence liées à la Covid, comment s’est déroulée ta préparation ? Tu mets en place une préparation physique spécifique ?
Oui, je m’entraîne en conséquence. Je fais, notamment, du CrossFit, avec des coachs qui adaptent les exercices pour me permettre d’être la plus performante possible en lancer, il y a donc beaucoup d’exercices autour de l’extension du bras.
Cette préparation physique sert aussi au niveau du cardio. En boomerang, lors des épreuves de vitesse et d’endurance, il faut pouvoir se déplacer rapidement et tenir le choc.
Quand on cumule le plus de lancers possibles en cinq minutes, il faut être préparé. À l’entraînement, on insiste beaucoup sur des séries de lancers croissantes en temps d’effort. On fait pas mal de fractionnés également.
Pour d’autres épreuves, comme le rattrapage acrobatique, c’est de la répétition encore et encore pour chaque figure afin d’arriver confiant en compétition. Certains rattrapages sont vraiment délicats, comme celui où l’on doit attraper le boomerang avec les pieds.
Pour ce qui est du rythme d’entraînement, on en fait un peu plus à l’approche d’une compétition, deux à trois fois par semaine. Mais, l’idée, c’est de ne pas se cramer, non plus.
Là, nous avons un peu augmenté les entraînements, mais on reste raisonnable. Il faut vraiment arriver au top de sa forme le jour J car les journées de compétition en boomerang, c’est très long.
Entre les différents concours, on passe dix heures sur le terrain, donc il faut vraiment être frais au moment de commencer.
Le boomerang est donc bien plus complexe qu’il n’y paraît…
Pour faire de la compétition, clairement, il faut un certain niveau. Même physiquement, il faut tenir la route.
À part quelques contre-exemples…ces champions qui vieillissent et restent excellents. Ça en devient d’ailleurs presque frustrant, ces champions ne se déplacent pas, leur boomerang revient de toute façon dans leurs mains !
Après, ça, c’est lorsqu’on atteint le très bon niveau. Au début, ça reste quand même accessible à tous. Mais, pour faire de la compétition, il faut être prêt à s’impliquer.
Dans ton club Boomerang 33, quel est l’état d’esprit avant ce mondial ?
Vraiment très convivial, on s’est préparés comme une équipe. Personnellement, je me suis pas mal entraînée avec les équipes juniors et il y a un vrai esprit de famille.
Mais, ça, on le retrouve même lors de compétitions internationales, il y a toujours une entraide entre lanceurs. Ça peut être des petits conseils, une information sur le vent, des encouragements…
En compétition, on est tous multi-casquettes, on est à la fois lanceurs, coachs, juges…
Donc, tu n’as pas d’entraîneur attitré ?
Pas vraiment. Dans le groupe d’entraînement, on est tous un peu le coach. On va se donner des conseils à tour de rôle, personne n’hésite à en demander, d’ailleurs.
En général, les plus expérimentés occupent ce rôle de manière plus naturelle, mais tout le monde aide.
Peu importe le lieu de la compétition, il y a toujours quelqu’un pour te soutenir, ça n’est même plus une question que l’on se pose.
Le boomerang, c’est un sport plutôt paritaire ?
Alors, malheureusement, c’est la dominance masculine par ici ! Donc, on essaye de séduire de plus en plus de femmes mais, pour arriver au niveau international, il faut en vouloir et certaines n’ont juste pas envie de se lancer dans un projet de la sorte.
Après, si on s’accroche, ça devient vite intéressant. Nous ne sommes qu’une centaine de lanceurs, donc on peut vite être appelé en équipe de France.
À partir du moment où l’on est motivé et que les résultats suivent, c’est un objectif qui est bien plus réalisable que pour la grande majorité des autres sports.
Il y a tout de même des sélections, on en a fait pour la Coupe du monde à Bordeaux, récemment, mais l’objectif est de qualifier le plus de monde possible car une compétition à la maison, c’est aussi une opportunité financière pour les lanceurs.
Dès qu’on part à l’étranger, ça coûte très vite très cher. Par exemple, lors d’un de nos voyages, pour cinq, on en a eu pour dix mille euros.
C’est tout de même une sacrée barrière pour certains. 90 % du budget des voyages, c’est nous qui l’avançons.
La Fédération Française de Vol Libre ne peut pas aider à ce niveau-là ?
La fédération regroupe plusieurs disciplines. Le cerf-volant, le parapente, le deltaplane… Le boomerang est le sport qui regroupe le moins de licenciés, donc notre budget est forcément moins élevé.
Mais la fédé nous aide autant qu’elle le peut, par exemple, pour la Coupe du monde, nous avons eu un financement spécifique, des lanceurs ont été aidés, nous sommes bien soutenus à ce niveau-là.
Et, désormais, nous avons également une ligue de Nouvelle-Aquitaine qui nous accompagne.
Le boomerang est donc majoritairement masculin. Est-ce que tu as déjà ressenti des injustices parce que tu es une femme ou même une jeune championne ?
Pas du tout. Je n’ai jamais ressenti ce type de problèmes vis-à-vis des filles, c’est même plutôt l’inverse. Tout le monde est super sympa, en tout cas avec moi, me motivant à continuer.
Mes parents ont évidemment aussi beaucoup contribué, mais ils n’étaient pas les seuls.
Encore aujourd’hui, des mecs me croisent et me disent : « C’est super que tu aies accroché, ça nous fait trop plaisir de te revoir »…
Pour beaucoup, ils m’ont vu grandir donc ils sont très fiers de ma réussite. J’ai beaucoup de compliments sur ma progression.
C’est un esprit de groupe solide qui transparaît au boomerang, apparemment…
Exactement. Le boomerang, c’est une grande famille. Je le dis aux jeunes que je croise lors des journées d’initiation.
Dans beaucoup de sports, dès qu’il y a un groupe, tout le monde est proche. Mais, au boomerang, ça va plus loin, c’est au-delà de la compétition.
Certains viennent pour s’amuser et revoir du monde, d’autres pour se donner à 200 % ou même juste pour lancer le boomerang et prendre du plaisir.
Pour ces championnats du monde qui vont débuter, tu remets ton titre de championne du monde en jeu. Confiante ?
Ça va être dur. En 2018, j’avais devancé de très peu ma concurrente, elle arrivera forcément très motivée !
D’autant qu’elle n’a jamais été championne du monde. Elle est plus âgée que moi mais elle a toujours la patate, c’est une véritable machine de guerre cette nana ! C’est peut-être sa dernière Coupe du monde, en plus…
Et puis, il y a les jeunes de mon club qui commencent à pousser aussi, comme ma petite sœur, par exemple. Il y aura aussi une Australienne très forte.
Après, il n’y aura pas non plus énormément de femmes. Les Japonaises, par exemple, ne viennent pas à ce championnat.
Quels sont tes objectifs dans les années à venir côté boomerang ?
J’espère que l’on pourra reconduire une équipe jeune, donc de 8 à 15 ans. Ça serait super pour le développement de ce sport en France.
Ensuite, personnellement, j’aimerais trouver de nouvelles concurrentes, françaises et étrangères. Mais, là, ça passe par un travail collectif des lanceurs dans le monde entier pour pousser à la démocratisation du boomerang.
Certains sont tout de même plus réticents à cette ouverture, parce qu’ils n’ont pas le temps, ils n’ont pas envie d’être débordés, ils veulent garder ça pour eux, en quelque sorte.
Pour certains, le boomerang est un refuge.Mais, ces personnes sont très minoritaires, c’est peut-être un athlète sur cent.Et l’ouverture est déjà en marche.
Lors de cette Coupe du monde, on va avoir une équipe mixte d’Inde et d’Indonésie, on a de très jeunes lanceurs qui arrivent dont un Américain de 6/7 ans.
Tout ça est la preuve que l’on avance dans la bonne direction.
Marie Appriou a confirmé sa performance de 2018 en montant cette année encore sur la première marche du podium dans la catégorie sénior féminine. Au classement général, elle a également amélioré sa perf’ et atteint son objectif en terminant à la 15e place. C’est sa compatriote Pauline Duprat qui a décroché l’argent devant l’Australienne Christene Metzakis.
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