En ce samedi 2 juillet 2005, les Américaines Venus Williams et Lindsay Davenport vont offrir aux près de quinze mille spectateurs présents dans le mythique Centre Court de Wimbledon un combat d’exception.
Aux termes d’un match de 2h45, l’aîné des sœurs Williams s’imposera…enfin ! Un record. Encore aujourd’hui, il s’agit de la finale dames la plus longue de l’histoire du tournoi londonien.
Avant même l’entame de la rencontre, les deux joueuses sont tendues, contraintes d’attendre pour faire leur entrée sur la pelouse. Il faut, pour cela, attendre que se termine la demi-finale masculine, interrompue la veille par la pluie.
L’Américain Andy Roddick l’emporte finalement en quatre sets sur le Suédois Thomas Johansson et libère enfin la place pour ses compatriotes.
Les parieurs font grise mine et peine à élire une favorite. Lindsay Davenport est N°1 mondiale, mais elle n’a pas gagné de tournois du Grand Chelem depuis cinq ans.
De l’autre côté, Venus Williams est redescendue au 16e rang et surtout s’est faite sèchement éliminée quelques semaines plus tôt du tournoi de Roland Garros par la Bulgare Sesil Karatantcheva, alors âgée de 15 ans. Tous les scénarios sont encore possibles avant match.
Logiquement, la N°1 fait parler son classement et remporte la première manche en trente-trois minutes. 6-4.
Pas de temps à perdre, on joue pour un titre en Grand Chelem. La Californienne continue d’imposer son rythme et prend même le service de son adversaire à 5-5 dans le deuxième set. Son sacre semble assuré.
De l’aveu même de Richard Williams, sa fille n’est pas aussi « hargneuse » que sa sœur. Alors, aculée et dos au mur, on ne parie pas vraiment sur elle. Erreur !
L’histoire retiendra que ce 2 juillet 2005, du mental, elle en avait. Et pas en carton. Vous reprendrez bien un peu de tennis, parce que la partie ne fait que commencer !
Venus débreake et empoche le deuxième set qui aura duré cinquante-quatre minutes. Un partout, balle au centre et direction une troisième manche. La plus longue. 1h19 de combat acharné.
Lindsay Davenport n’a pas dit son dernier mot. Malgré une douleur au dos qui nécessite la présence de son kiné, elle prend l’avantage d’entrée et s’offre même une balle de match à 5-4. Un sublime revers long de ligne et Venus l’efface sans trembler.
C’est elle, désormais, qui impose son rythme et finit par s’offrir son troisième Wimbledon. Contre toutes attentes : « J’étais la tête de série n°14. Je n’étais pas censée gagner. Je suppose que quiconque a parié sur moi au début du tournoi a fait une bonne affaire. Mais je parie toujours sur moi-même. » Pas mal.
Pas mal aussi le fait qu’elle ait passé la veille de la finale en salle de réunion. Généralement, les finalistes se mettent dans leur bulle et peaufinent les derniers détails à l’entraînement.
Elle, elle faisait face au Conseil du Grand Chelem, l’organe représentatif des quatre plus grands tournois (Open d’Australie, Roland Garros, Wimbledon et l’US Open) pour plaider une cause et non des moindres dans l’univers sportif : un prix égal pour les gagnants des tournois féminin et masculin de Wimbledon. Nouvelle victoire !
En 2007, elle s’adjugera en effet un quatrième sacre en terre britannique et sera la première joueuse à empocher un prize money identique à son homologue masculin. Ça s’appelle faire carton plein.