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Publié le 14 octobre 2024 à 9h14, mis à jour le 13 janvier 2025 à 16h09
Vous avez publié un article concernant l’impact des Jeux olympiques sur notre mémoire collective. Diriez-vous que les Jeux de Paris 2024, dont le souvenir commence doucement à s’estomper, font et continueront malgré tout à faire partie de notre patrimoine mémoriel commun ?
Même si tout événement connaît son apogée, son moment de gloire, il est forcément suivi d’une descente, d’une sorte de d’éloignement. Malgré tout, il est moins question ici de chercher à conserver l’intensité des Jeux Olympiques, que d’en conserver des traces. Il me semble que l’impact mémoriel est là, dans l’idée de réfléchir à la manière de garder traces des Jeux, des traces visibles – on s’est posé la question notamment de conserver les anneaux, on s’est également posé la question de l’avenir des sites… – mais aussi des traces invisibles qui sont des souvenirs communs que chacun aura dans sa tête, ou que l’on aura nationalement.
©️Paris Secret
Tous ceux qui ont vécu les Jeux en garderont pourtant un récit parcellaire qui, de plus, ne sera pas forcément le même pour tous. Pour perdurer, il faut de la cohérence, s’accorder sur un récit qui va devenir commun. Quels sont les mécanismes à l’œuvre dans cette restitution et cette transmission ?
En premier lieu, il y a le fait que lorsque l’on vit un événement comme les Jeux Olympiques, on le vit en tant qu’exception, on le vit comme un moment que l’on n’oubliera pas. C‘est quelque chose de très fort et cela prépare à la mémoire, à la référence. L’investissement médiatique joue également. Grâce aux médias, cette parenthèse enchantée qu’ont été les Jeux Olympiques n’a pas été vécue uniquement par celles et ceux qui étaient dans l’arène mais a permis de créer une caisse de résonance qui a permis à tous de vivre l’événement.
Malgré cela, il reste que l’on n’a pas pu tout voir. Cela a généré de la frustration et ça aussi c’est un élément important, constitutif de la dimension mémorielle : on a approché l’événement soit par la télévision, soit sur site, on n’a pas pu tout embrasser et c’est cette frustration qui est aussi le goût du souvenir.
Manon Brunet-Apithy, première athlète française à avoir décroché une médaille aux Jeux de Paris 2024 en escrime.
La candidature parisienne présentait un volet baptisé Héritage qui annonçait son envie de s’inscrire dans la durée. Est-ce que cette donne-là contribue aussi au souvenir de ce moment ?
Oui et non. Non parce que la dimension d’héritage n’est pas nouvelle, on pourrait presque considérer que les Jeux Olympiques ont été vécus, d’emblée, à chaque fois comme des événements excepté, peut-être, pour les éditions qui ont eu lieu avant la Première Guerre mondiale.
Vous avez néanmoins raison pour ce qui est de la notion d’héritage – un mot très largement partagé à l’échelle universelle – qui a pris beaucoup plus de place ces dernières années avec une réflexion qui a mûri et qui dépasse le seul plaisir de vivre l’événement en tant que tel pour en faire un récit. Cela fait partie de ce que l‘on appelle les olympiades culturelles, à savoir faire en sorte que l’événement ne soient pas que sportif mais aussi culturel.
La notion d’héritage regroupe plusieurs choses : il y a l’idée de ne pas voir périr ce qui s’est vécu et d’essayer de le conserver, il y a aussi le fait d’utiliser le sport et les Jeux Olympiques dans des héritages d’autres natures, je pense par exemple aux monuments parisiens valorisés par le sport, la ville de Paris magnifiée par les Jeux Olympiques, ça aussi c’est une manière de fabriquer un héritage.
©Paris 2024/Florian Hulleu
Quand on pense mémoire collective, ce qui vient à l’esprit ce sont en premier lieu des évènements d’ordre politique, social… Disons des évènements qui transforment la société dans laquelle on vit. Peut-on dire que le sport en fait également partie ?
Jusqu’aux années 60–70, on n’inscrivait jamais un événement sportif comme étant un élément d’histoire. Ces dernières décennies, le sport a pris une place différente à l’échelle du monde, ce qui fait qu’un événement sportif peut désormais s’inscrire dans l’histoire d’un pays. Cela s’explique par le fait que des événements sportifs, et en particulier les Jeux Olympiques, sont de nature à structurer nos imaginaires nationaux, internationaux…
Lorsque vous demandez aux Français par exemple, quel est l’événement majeur qui a marqué le pays dans les années 80-90, on vous répondra mai 81, un événement politique, mais on citera également black-blanc-beur, la Coupe du monde de football 98, un événement heureux et qui a eu une dimension sociale. On va puiser dans un événement sportif, un événement national.
Est-ce que cela signifie qu’il faut impérativement que l’évènement sportif sorte du cadre du stade et s’invite dans la rue pour imprégner la mémoire collective ?
Non, l’évènement sportif existe sur deux plans. Le premier plan c’est lorsque l’évènement sportif est mobilisé par l’imprévu et souvent l’imprévu politique : là où on attend l’événement sportif, on va saisir un événement politique motivé par des attitudes d’athlètes, par des incidents comme des attentats, par des polémiques.
Et puis il y a sa dimension réussite, bonheur, histoire festive. On peut se référer à des événements qui se sont bien passés et ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu d’embûches qu’il n’y a pas, derrière, une réflexion sociale. En 98, cette réflexion portait l’intégration, les Jeux de Paris 2024 ce sera la mise en avant du handicap, la valorisation d’un certain nombre de valeurs humanistes.
On pourrait dire qu’il y a une double événementialisation ou une double mémorialisation du sport et des JO : on peut le mémoriser et le garder en souvenir parce qu’il s’est bien passé et que derrière ce bien passé il y a eu des valeurs qui se sont diffusées, on peut également le mémoriser parce qu’il y a eu des incidents qui sont venus faire événements dans l’événement.
La championne paralympique française de boccia, Aurelie Aubert… ©Commission Fédérale de la boccia
Il y a eu quelques moments qui sont pourtant sortis du cadre à Paris, qui ont constitué un évènement dans l’évènement…
Il y a eu des micros–événements comme l’histoire de la boxeuse algérienne par exemple, mais ces micros-évènements n’ont pas supplanté l’événement en lui-même comme ça a pu être le cas à Munich en 1972 par exemple. Là, la prise d’otage des athlètes israéliens par un commando palestinien est venue recouvrir l’événement sportif. Chaque olympiade peut avoir ses propres ressorts. Il aurait pu y avoir des incidents durant les Jeux de Paris et cela aurait donné une autre teneur à cet évènement. Il y a un côté incertain, aléatoire du fait sportif qui peut amener le meilleur et parfois le pire.
La boxeuse algérienne Imane Khelif qui a remporté la médaille d’or de boxe, catégorie des moins de 66 kg, a créé une polémique liée à son genre.
Vous évoquiez le regard sur le handicap dans les héritages des Jeux parisiens, la parité peut-elle en faire elle aussi partie ?
Ce que nous garderons de Paris 2024 est encore un peu incertain même si l’on se préoccupe de la notion d’héritage et que l’idée de trace laissée est à l’ordre du jour. Tout cela n’empêche pas que, dans dix ou vingt ans, on puisse retenir ou pointer d’autres choses qui nous sont apparues, au premier abord, secondaires ou pas forcément essentielles.
On a beaucoup parlé de la parité mais, pour ma part, ce qui m’a semblé peut-être plus important encore, c’est l’accent mis sur le handicap. Ceci étant, la question du transgenre s’est posée, par exemple. Quoi qu’il en soit, les messages qui ont été délivrés sont des messages très portés sur la tolérance et on ne peut pas ne pas en faire cas, même s’il ne s’agit pas d’être dans l’angélisme total. Ça me semble être un élément important et seul le sport peut permettre ça.
Si on doit retenir quelque chose de l’été 2024, on parlera de cuisine politique et des Jeux avec une préférence pour les Jeux parce que les tourments politiques se succèdent alors que les Jeux restent quelque chose d’assez unique.
Valentina Petrillo, première athlète transgenre à participer aux Jeux Paralympiques.
Comment expliquer, au regard de ce que vous dites, que le récit sportif soit absent des livres d’histoire, en France du moins ?
Le sport a changé de statut et est devenu totalement présent dans la société alors, qu’avant, on l’avait envisagé comme étant à l’extérieur. Aujourd’hui, on considère tous que le sport est politique, culturel, qu’il est social, que c’est un fait total. Comme il est rentré dans les mœurs, on ne s’empêche plus, y compris dans la recherche, de l‘étudier. Il y a vingt ans, travailler sur le sport semblait complètement saugrenu, cela revenait à étudier des choses futiles alors que c’est tout sauf cela.
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