Elle n’a pas la gueule des coups d’éclat. Elle ne cherche pas la lumière, mais elle finit toujours par la trouver. Lou Bogaert, 20 ans à peine, queue de cheval blonde impeccablement lissée, a quelque chose dans le regard, sa façon sans doute de planter ses yeux dans les vôtres. Vivacité souriante. Comme si elle disait en silence :« Je suis là pour durer. »
Formée au football dans le Nord, entre US Lesquin et Wasquehal, c’est au LOSC qu’elle apprend à poser ses appuis, à lire le jeu, à défendre avec la tête autant qu’avec le cœur. Dès ses débuts en D2 avec Lille, les observateurs notent cette solidité, cette maturité inhabituelle pour une joueuse de son âge. Elle marque, elle construit, elle apprend. Et très vite, elle attire les regards. Le regard, toujours.
En 2022, le Paris FC l’appelle. Un club engagé dans le développement du foot féminin, qui sait repérer les tempéraments aussi bien que les talents, pas de meilleur endroit pour faire son nid. Lou Bogaert s’y installe, sans tapage. Une certaine et charismatique joueuse est là pour la couver, elle et les autres. Elle s’appelle Gaëtane Thiney et la regarde évoluer. Et Lou Bogaert n’a pas besoin d’en faire trop : sa place, elle la gagne sur le terrain, à chaque match, à chaque duel.
Latérale gauche de formation, elle incarne ce poste souvent ingrat, mais essentiel. Lou Bogaert, on ne la voit pas toujours, mais elle a tendance à manquer lorsqu’elle n’est pas la. Tout est dit. Défenseuse rigoureuse, propre dans ses interventions, capable de monter pour soutenir les offensives, elle est vite devenue un pilier dans l’effectif parisien.
Et puis, il y a l’équipe de France. Sélections chez les jeunes, Coupe du monde U20, Euro U19, et en octobre 2024, les Bleues lui ouvrent leurs portes. Une première cape avec l’équipe A, discrète mais prometteuse. Un moment fondateur.
Mais Lou Bogaert, c’est un peu le contre-pied de la starification, comme si elle voulait faire comprendre qu’elle n’est pas là pour faire le show. Pas de grandes déclarations, pas d’attitudes clinquantes. Juste du travail, du sérieux, et une ambition claire : jouer, progresser, gagner. Le tout dans cet ordre-là.
Pour l’Euro 2025 qui débute le 2 juillet, elle devrait être celle sur laquelle, encore une fois, les tricolores comptent pour fluidifier le jeu, donner le coup de pied au bon moment, elle aussi architecte de la victoire. Définitivement l’un des atouts de l’équipe de France.
Reste maintenant à s’ouvrir un peu, à accepter la médiatisation. C’est le jeu, petite Lou. L’humilité c’est bien, mais il faut savoir bousculer un peu, et soi-même et les autres, pour prendre la pelouse d’assaut et dire qu’on existe. Ici, on aime les trajectoires comme celle de cette jeune joueuse, mais on aime aussi faire du tapage autour de ce type de personnalités à la fois sage et déterminé.
Quand Lou Bogaert sortira (vraiment) de sa coquille, ça va faire mal.