Mévéna : « Je sais pourquoi je m’entraîne, pour devenir championne du monde d’Hyrox ! »Compétitrice d'Hyrox, ostéopathe, 29 ans

Mévéna : « Je sais pourquoi je m’entraîne, pour devenir championne du monde d’Hyrox ! »
À 29 ans, elle donne l’impression d’avoir déjà eu mille vies. Championne de badminton avant de devenir ostéopathe, Mévèna Altiparmak se passionne désormais pour une discipline exigeante, l’Hyrox, dont elle est l’une des figures françaises.

Propos recueillis par Sandra Pétrus

Publié le 08 janvier 2025 à 16h52, mis à jour le 09 janvier 2025 à 12h19

« Petite fille, j’étais plutôt prédestinée à pratiquer l’athlétisme parce que je courais très vite pour mon âge et pour mon sexe, mais le club ne prenait les enfants qu’à partir de 10 ans. Donc, j’ai commencé le badminton à l’âge de 9 ans, c’était un peu un choix par dépit. Et au bout d’une saison, mon entraîneur n’a pas voulu me laisser partir pour aller vers l’athlétisme. Il sentait qu’il y avait un truc à faire. Je suis restée dans le badminton jusqu’à mes 23 ans !

Je ne suis pas très grande – je mesure 1,60m- mais au badminton, il n’y a pas trop de standard de taille. Chaque taille va avoir son lot d’avantages et d’inconvénients. Quand tu es petite, tu es plus vive, explosive, mais tu n’auras pas les mêmes qualités que les grandes qui sont plus lourdes. Mais il n’y a pas de morphologie type. Chacun va jouer avec ses armes. Tu as plein de petits paramètres qui entrent en jeu. Moi, je n’étais pas une bonne technicienne pour mon niveau, mais j’étais une mobylette, une pile électrique : j’étais partout sur le terrain, j’étais très explosive. Si je le pouvais, je sautais, je tombais, puis je me relevais très vite. Quelqu’un de plus grand donc plus lourd va plonger, mettre une demi seconde de plus pour se relever mais c’est trop tard, le volant est déjà par terre !

©DR

J’ai vite brillé au niveau départemental et régional et à partir de mes 17-18 ans, j’étais installée dans les meilleures Françaises de ma catégorie d’âge et puis toutes Françaises confondues, tout âge confondu. J’ai fait quelques compétitions internationales et ça s’est soldé deux semaines avant mes 18 ans par une rupture du ligament croisé. Là, ça a mis un petit stop dans ma carrière de haut niveau et j’y suis revenue après, mais je suivais alors des études supérieures en parallèle. J’ai continué un temps le haut niveau en national pour finalement décider d’arrêter en 2020.

Tout le monde me demande si ça me manque, mais non, parce que j’ai pas envie de jouer pour jouer, pas envie de faire du loisir, parce que le naturel reviendra au galop, et justement, c’est là où il ne faut pas, là où on peut se blesser facilement, il y a trop de pivots, trop de contre-pieds, trop de trucs comme ça et ça ne va pas le faire ! Et puis, maintenant, il y a l’Hyrox !

©DR

L’Hyrox, c’est une course de fitness qui mêle course à pied et exercices de fitness dits fonctionnels. En gros, tout le monde peut être capable de le faire. Alors, avec plus ou moins de difficultés, évidemment, il faut être quand même un petit peu sportif et en bonne santé, mais vraiment, eux, ils vendent, ils prônent des exos qui sont capables d’être faits par tout le monde. A contrario du CrossFit, où tu as des gestes d’haltérophilie compliqués et très techniques. Alors que tout sportif peut se frotter à l’Hyrox. Avec mon conjoint, on y est depuis une toute petite année en double mixte, ça va vite, c’est chouette. C’est une discipline qui correspond bien à nos qualités et, cette année, après quelques semaines d’entraînement, on est 3e aux Europe et 6e aux Monde. Pas mal pour une première année.

Mon ambition, notre ambition à tous les deux, dans ce sport, c’est de devenir champions du monde, parce que 6e c’est chouette mais bon, le titre c’est encore mieux ! En tout cas, on s’entraîne pour ça. Là aussi, je fais en sorte de me débrouiller avec ma petite taille. Les grandes ont un gros point fort en Hyrox pour les stations fonctionnelles de la partie fitness. Sur la partie course à pied, en général, les petites, comme c’est le cas pour le badminton, sont moins lourdes, donc peuvent aller un petit peu plus vite. Mais voilà, encore une fois, chacun y va avec ses armes, même si c’est vrai qu’on est sur une discipline qui favorise davantage les grands gabarits, pas forcément lourds, mais les grands gabarits. c’est pour ça que je me suis spécialisée dans le double mixte avec mon conjoint et pas en simple fille. Là, on a un super truc à vivre ensemble, on est identifiés comme le couple phare double mixte en France, pour le moment on a de très bons résultats : c’est peut-être pour ça aussi que je me camoufle derrière le mixte. Enfin, je l’aide quand même énormément, mais c’est vrai que la tactique fait qu’on peut davantage briller, même si on est petite, en mixte qu’en solo.

©DR

En dehors de l’Hyrox, je suis ostéopathe, parce que j’ai toujours été très intéressée par tout ce qui est science, approche du corps. J’ai toujours aimé tripoter les gens quand ils avaient mal quelque part, essayer de comprendre, et ça depuis toute jeune. C’est un job aussi qui me plaisait bien car on est à son compte, on n’a pas forcément de collègues. On rencontre quand même beaucoup de gens, parce que même si je ne veux pas de collègues, j’aime bien les gens ! Ça aide quand même pour le métier. Et du coup, voilà, ostéo, ça me collait bien. Et puis, j’ai eu la chance de rencontrer des ostéopathes qui m’ont beaucoup aidée dans ma carrière de jeune sportive. Du coup, ça s’est fait un peu naturellement.

Il y a parfois de grands ou gros gabarits qui viennent me voir et ça se passe toujours très bien. Ça arrive, mais très rarement, de me frotter à des gabarits pour lesquels il y a certaines manipulations compliquées à exécuter. Parce que, physiquement, ce n’est pas une question de force, seulement je ne peux pas faire le tour sur certaines manipulations. Globalement, ma réputation, c’est que je suis petite, mais que j’envoie la caisse ! Ce n’est d’ailleurs pas parce que les patients sont petits qu’ils vont être plus faciles à manipuler. Il y a des gabarits petits qui sont plus laxes, très compliqués à manipuler, comme les gymnastes, les danseuses. Au niveau sportif et blessures, les conseils vont être les mêmes pour les deux gabarits, en revanche, les morphotypes grands et longilignes auront généralement plus de soucis de dos. Les petits, souvent plus trapus, se rattrapent mieux musculairement.

©DR

Bref, y a toujours du plus et du moins. Mais, moi, je suis beaucoup à tirer le positif. Si on fait en sorte que rien n’est un problème, alors ça va bien se passer. Le positif attire le positif. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais n’attendez pas que les choses vous viennent toutes crues. On vit dans une société où maintenant on a accès à plein de choses en termes de formations, en termes de rencontres…Il y a plein d’opportunités. Même si beaucoup de filles ne vont pas être d’accord avec moi, je ne trouve pas que ce soit un frein d’être une femme. En tout cas, je me suis interdite de le penser. »

Le témoignage de Mévèna Altiparmak dans le podcast 1m60max dont ÀBLOCK! est partenaire.

Ouverture ©DR

Elles aussi sont inspirantes...

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève, jusqu’à avoir la peau en sang ! »

Loïs : « J’associe le sport à la vie : on essaie, on tombe, on se relève… »

Tombée dans la marmite du sport toute petite, Loïs, 17 ans, est une sportive tout-terrain qui n’a peur de rien et surtout pas des garçons sur un terrain de foot ou un ring de boxe. Future pompier professionnel, elle s’essaye autant au wakeboard ou au ski qu’au tennis et à l’escalade, histoire de s’éclater et de se préparer à s’adapter à toutes situations. Une tête bien faite dans un corps surentraîné.

Lire plus »
Maureen : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Maureen Marchaudon : « Grâce au street workout, on se sent maître de soi-même et de son corps. »

Suite à une anorexie mentale, Maureen Marchaudon découvre la pratique du street workout, un sport encore jusque-là réservé aux gros bras masculins. Piquée de ces figures qui allient force, agilité et technique, elle devient vite insatiable jusqu’à décrocher le titre de vice-championne de France 2024 de street workout freestyle et à l’enseigner aux femmes qui veulent r(re)trouver la confiance en elles. Who run the world ? Girls !

Lire plus »

Vous aimerez aussi…

Motardes, vous avez un Bol…d’Or !

Motardes, vous avez un Bol…d’Or !

Le week-end prochain, ça va faire du bruit au circuit Paul Ricard ! Le Bol d’Or reprend la route au Castellet après plus d’un an de restrictions. Sur des dizaines de gars, vous pourrez compter les motardes sur les doigts d’une main. Alors, on les suit plutôt deux fois qu’une !

Lire plus »
Clémence Delavoipière, la para-escrimeuse qui fait mouche

Clémence Delavoipière, la para-escrimeuse qui fait mouche

À la fin de l’envoi, elle touche ! Clémence Delavoipière, 24 ans, est l’un des grands espoirs français de l’escrime fauteuil. Amputée d’une jambe, elle a découvert la discipline par hasard il y a trois ans et a déjà décroché l’or à l’Épée en Championnat du monde. La voilà en place pour disputer ses premiers Jeux Paralympiques, à l’épée, au fleuret et au sabre. Allezzzzz !

Lire plus »
Tanya Naville

Best-of 2021, nos témoignages ÀBLOCK!

Tout au long de l’année 2021, elles ont donné de la voix sur ÀBLOCK! Les parcours de vie et de sport de ces championnes du quotidien (comme celui de Tanya Naville sur notre photo) nous inspirent, nous touchent et nous dynamisent. Retour sur douze mois de témoignages ÀBLOCK!

Lire plus »
Eve Périsset, à force de détermination

Eve Périsset, à force de détermination

La constance paye. Grâce à ses années d’expérience dans différents clubs, Eve Périsset est toujours à la lutte pour une place de titulaire avec les Bleues. Sa polyvalence, ses ambitions et sa (déjà) grande connaissance du terrain ont fait la différence.

Lire plus »
Clare Connor

Avec Clare Connor, le cricket féminin tient sa trajectoire

Figure féminine dirigeante rare dans le milieu du cricket, l’ancienne joueuse pro Clare Connor deviendra en 2021 la première femme présidente de l’histoire du Marylebone Cricket Club (MCC). Historique pour ce gardien des lois du cricket âgé de plus de 200 ans ! Portrait d’une cricket-girl qui n’hésite pas à lancer des balles fortes en faveur d’un milieu sportif plus inclusif.

Lire plus »
Sophia Flörsch

24 Heures du Mans : les filles vont faire fumer l’asphalte !

Une (quasi) première dans l’histoire du sport automobile : un équipage 100 % féminin est sur la grille de départ de la mythique course d’endurance, en LMP2. Un seul précédent : le trio Lyn St. James, Desiré Wilson et Cathy Muller, en 1991, qui avaient finalement dû abandonner la course. Prouver que les femmes ont leur place dans le sport auto, trop souvent trusté par les hommes, est l’ambition clairement affichée par son sponsor, l’horloger Richard Mille. Entretien sans langue de bois avec sa directrice marketing, Amanda Mille.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner