La Coupe du monde de rugby féminin débute le 22 août prochain en Angleterre. Au moment où l’on se parle, 38 joueuses ont été retenues dans le groupe élargi du XV de France dont une majorité de Bordelaises que vous accompagnez depuis maintenant deux saisons. Ça fait quoi d’être le plus gros pourvoyeur de talents de l’équipe de France ?
Ça fait plaisir, vraiment, parce qu’il y a une forme de reconnaissance du travail fait par le staff de Bordeaux, ça fait aussi vraiment plaisir pour les filles en particulier, à titre individuel. Les dix qui sont dans le groupe pour cette Coupe du monde de rugby, ce sont des bosseuses, des filles qui méritent être là, ce qui ne veut pas dire que les autres ne le méritent pas.
Ces sélections ne vous ont donc pas surpris ?
Je ne suis pas surpris par ces sélections au regard de l’investissement des filles mais après, c’est toujours un choix très très particulier les sélections. Chacun a un peu ce que j’appellerais ses tendances. En somme, il y a les faits et puis il y a aussi le ressenti de l’intérieur d’un groupe que nous, à l’extérieur, on ne maîtrise pas.
©Les lionnes du Stade Bordelais
Vous qui avez la double culture Amérique du Nord-Europe et club-équipe nationale, que leur avez-vous transmis aux Bordelaises qui va leur servir en équipe de France ?
Une forme de rigueur, la volonté d’en faire plus, de ne rien prendre pour acquis, toutes ces choses simples qui justement semblent acquises mais qui en fait, ne le sont jamais. Chez les Anglo-Saxons, en faire plus est quelque chose de pleinement intégré ; chez les Latins, sans vouloir généraliser, disons que ce n’est pas toujours ancré dans la culture. Je pense que c’est ça que j’ai pu leur apporter, cette façon de voir les choses : en faire plus, travailler plus et faire en sorte que chaque minute compte quand on s’entraîne par exemple.
Le rugby, pour vous, ça a commencé il y a quelques années de cela lorsque vous évoluiez en tant que joueur, au SC Angoulême notamment. L’idée d’entraîner, elle vous est venue rapidement ou est-ce vous aviez envie que la parenthèse joueur se prolonge le plus longtemps possible ?
J’ai toujours aimé entraîner. J’étais impliqué avec les jeunes au club à Angoulême à l’époque. Durant mon parcours de joueur, j’ai eu pas mal de blessures solides – ligaments croisés, tendons d’Achille, plancher orbital… – et quand ça s’est arrêté, je n’ai pas senti le fameux vide, j’ai tout de suite basculé dans l’entraînement. Je pense que c’était quelque chose fait pour moi.
Vous vous étiez fixé des objectifs en tant qu’entraîneur lorsque vous avez débuté ?
À l’époque de cette transition joueur-coach, j’ai entraîné très peu en France, une année et demie, presque deux, mais j’avais vraiment envie d’aller le plus loin possible pour voir ce que j’étais capable de faire. Il s’avère qu’après j’ai bougé et, une fois que je me suis fixé en Amérique du Nord, là je me suis mis comme objectif principal d’entraîner vraiment le plus haut possible et pour moi, le plus haut possible, c’était l’équipe nationale canadienne. J’ai construit mon parcours, j’ai construit ma vie, mon agenda avec ce seul objectif.
Cette aventure en Amérique du Nord, on a la sensation d’un coup de tête : vous passez votre brevet d’état d’éducateur sportif, vous faites votre baluchon, vous ne parlez pas anglais, vous posez un doigt sur la mappemonde et ce sera le Canada ?
Je ne pourrais pas le résumer autrement parce que c’est vraiment ce qui s’est passé. Une fois arrivé, je me suis fixé un objectif, celui de ne pas revenir tant que je n’aurai pas atteint mon but.
En choisissant le Canada, vous avez complexifié la chose puisque le rugby n’y est pas un sport très populaire…
C’est plus dur mais, en même temps, c’est moins lourd parce qu’il y a beaucoup de choses à construire, beaucoup de choses à faire. Le fait que ce soit moins lourd permet d’arriver du champ gauche comme je l’ai fait et, avec énormément de volonté et de travail, d’y arriver. En disant cela, je condense les dix premières années de ma vie là-bas en trois phrases mais, en réalité, c’est quand même plus dur que ce que ça laisse entendre. Ceci étant, j’avais des objectifs et, en même temps, je suis quelqu’un de très lucide : je sais quand je peux les atteindre ou non et ceux que je m’étais fixé me paraissaient atteignables. Ça peut paraitre masochiste en effet de choisir le Canada mais ça ne l’est pas, c’est comme quand on coupe la corde qui retient un bateau, ça permet de se dire : voilà, maintenant c’est tout droit, je ne peux pas revenir. Il faut se jeter dans le vide. Si on ne fait pas ça, il y a des moments où on lâche, où on se dit que finalement, c’est trop difficile.
Vous aviez quand même pris le pouls du rugby dans le monde avant d’arrêter votre choix de destination ?
Je finissais avec mes groupes d’entraînement en mai et il fallait que je voie ce qui se jouait au printemps, à l’été, à l’automne sur la planète. Je ne voulais pas partir en Australie ou Nouvelle-Zélande parce que je ne parlais pas un mot d’anglais à part « where is Brian » et « Brian is in the kitchen » ce qui me limitait un peu. Quand j’ai regardé du côté de l’Amérique du Nord, j’ai vu que ça jouait et qu’en plus, on parlait français et anglais dans l’Est du Canada. J’ai envoyé quelques bouteilles à la mer en disant que j’étais un jeune entraîneur, que je ne demandais rien, pas même qu’on me paye, j’avais juste besoin qu’un club m’accueille et c’est arrivé très vite.
Qu’est-ce qui les a séduits chez vous pour que ça aille si vite ?
Il y a beaucoup de Français en Amérique du Nord, ce qui fait qu’il y a eu des connexions une fois sur place avec machin qui connaît machin, qui connaît machin et cetera. Je pense aussi et surtout qu’au rugby club Montréal où j’ai débuté, ils avaient besoin d’un entraîneur et que le timing était bon. Il y a toujours une part de chance dans ce genre de situation. Et puis, je ne demandais rien, alors quand on a sous la main quelqu’un dont entraîner est le métier, même s’il débute, quelqu’un qui veut donner plus que recevoir, c’est toujours plus facile à gérer. Ceci étant, tout n’a pas été facile, mais j’ai eu un coup de bol parce qu’en 2008 ou 2009, la Fédération canadienne a changé son entraîneur à la tête de l’équipe nationale masculine. Ils ont pris un Néo-Zélandais, Kieran Crowley, qui venait d’être champion du monde avec les Blacks – de 20 ans et, la première chose qu’il a faite, c’est de faire le tour du pays pour chercher de jeunes entraîneurs. À l’époque, j’étais basé au Québec, j’entraînais l’équipe de la province, il m’a repéré et il m’a pris. Je suis devenu stagiaire de l’équipe nationale et, là, ça a basculé. Même si rien n’était fait, on venait de m’ouvrir la porte qui menait vers mon objectif et moi, je m’y suis engouffré à bloc !
Tellement à bloc que vous allez demander et obtenir la nationalité canadienne.
Il me semble logique, quand on entraîne une équipe nationale, d’en avoir au moins la nationalité. Il n’est pas facile d’obtenir la nationalité canadienne mais, pour moi, ça validait aussi un temps sur place, ça validait l’investissement dans le pays à travers le rugby qu’il soit scolaire, provincial, en club ou en université. Tout cela m’a permis, après, quand j’étais avec les joueurs ou les joueuses de l’équipe nationale de parler le même langage dans le sens où tout le monde savait d’où venait tout le monde. Je n’étais pas l’entraîneur français parachuté en équipe nationale, j’étais l’entraîneur français qui avait passé toutes les étapes du rugby canadien et donc la légitimité était là. La nationalité canadienne avait du sens.
C’est en 2014 que l’on vous confie les rênes de l’équipe nationale féminine. Vous vous étiez imaginé un jour entraîner des femmes ?
Et vous vous êtes dit quoi ? Courage, fuyons !
Pas du tout ! Ça ne m’était pas venu à l’esprit parce que je n’avais jamais baigné dans ce milieu-là en raison de mon parcours de joueur déjà et puis également du fait que je suis né en 1972, une époque durant laquelle on n’a pas toujours vu la lumière sur ces sujets-là, c’était la préhistoire du rugby féminin. Quand je suis rentré dans le giron des équipes nationales comme stagiaire avec le XV masculin, on m’a d’abord donné l’équipe du Canada garçon en – de 18 ans, ce qui était déjà un super laboratoire pour m’exprimer, pour apprendre mon métier d’entraîneur. En 2012-2013, les dirigeants ont changé le management de l’équipe féminine et ils m’ont fortement conseillé de porter ma candidature. Je l’ai fait avec plaisir parce que j’entrainais déjà des groupes techniques de filles depuis deux-trois ans sur la province du Québec. C’est particulier mais, en ce qui me concerne, je ne fais pas du tout la différence entre les mecs et les filles quand on parle de contenu. C’est le même travail, ce sont les mêmes les mêmes exigences même si, évidemment, l’interaction est parfois un peu différente or moi, tout ce que je voulais, c’était faire du haut niveau. C’est pour ça que quand on m’a sollicité pour entraîner l’équipe féminine et préparer une Coupe du monde, j’étais ravi. J’ai dû apprendre le fonctionnement psychologique plus particulier des athlètes féminines de haut niveau mais ça, c’était juste du bon sens et un peu de littérature sportive.
À quoi ressemblait le rugby féminin canadien à l’époque ?
L’équipe féminine était mieux classée que l’équipe masculine en revanche, le rugby était professionnel chez les mecs dans le monde entier depuis 95 même si ça l’était un peu moins chez les nations mineures comme le Canada ou les États-Unis. Chez les filles, il n’y avait pas encore de pros, les joueuses venaient des universités, elles avaient une vraie culture sportive, il fallait juste intégrer la culture rugby mais pour le reste, ici au Canada, masculin ou féminin, peu importe.
Vous dites de vos années à la tête de la sélection qu’il a fallu faire preuve de beaucoup de créativité et relever pas mal de défis. Vous expliquiez d’ailleurs à ce propos que c’était aux filles de financer leurs déplacements.
C’était très dur effectivement. Il faut savoir que le Canada, c’est dix provinces qui vont de Terre-Neuve jusqu’à la Colombie-Britannique et c’est 4h30 de décalage horaire entre Vancouver et Terre-Neuve. Il a fallu être super créatif pour monter des groupes d’entraînement dans chaque province et communiquer avec les outils qu’on avait sachant que les filles avaient très très peu d’aide, à part dans quelques provinces, et qu’elles devaient tout financer. Maintenant, c’est mieux, elles ne payent plus pour jouer, elles sont même un peu payées en équipe canadienne mais ça reste toujours un challenge. Paradoxalement, le Canada a toujours été, et est encore, numéro 2, 3 ou 4 mondial avec cette espèce de boulet.
Si les filles voulaient jouer au rugby, elles devaient pouvoir s’offrir leur carrière en somme ?
C’est ça. J’ai un souvenir qui remonte à 2014, on était en finale de Coupe du monde, on perd contre l’Angleterre, toutes les Anglaises sont pros alors que pour toutes les Canadiennes sur le terrain, il a fallu débourser à peu près 10 000 $ dans l’année pour se préparer parce qu’on a fait une tournée en Nouvelle-Zélande, une tournée en Australie, parce qu’on a fait des camps d’entraînement… Aujourd’hui, c’est un peu plus équilibré mais tout de même, maintenant que je suis dans le Championnat de France, je vois la chance qu’ont les Françaises en termes de ressources, d’aides, de logistique. C’est le jour et la nuit avec le Canada.
Avec ces filles, vous remportez une Ligue des Nations en 2013 et, l’année suivante, vous vous hissez en finale de la Coupe du monde après avoir sortie les Françaises en demie de leur Mondial. Il est coutume de dire que cette Coupe du monde a été un tournant pour le rugby féminin en termes, notamment, de médiatisation. Vous avez ressenti un avant et un après ?
Oui, absolument, c’est vraiment là le tournant. Avant cette Coupe du monde, il y avait des réunions avec World rugby et on nous avait clairement dit que si le jeu n’était pas au rendez-vous, si le spectacle n’était pas au rendez-vous, cette Coupe du monde serait probablement la dernière. C’était assez clair.
Vous aviez une pression immense…
Il y avait de la pression sur les nations, mais en ce qui nous concerne nous, techniciens, l’intention de produire du jeu, l’intention de faire du spectacle était là. Il reste que cette Coupe du monde était un vrai tournant. Les filles, les gens qui sont en place aujourd’hui ne se rendent pas compte du fait que ça aurait pu basculer.
Est-ce que ce tournant a eu des répercussions concrètes sur la situation des filles, et notamment des Canadiennes ?
Oui et non. Oui, il y a eu une prise de conscience mais non, dans les faits, ça n’a pas changé grand-chose. La priorité était sur les mecs parce que les Coupes du monde, chez les garçons, génèrent plus d’argent et puis qu’il y avait ces obligations envers World rugby d’avoir une équipe, chez les garçons, qui fonctionne, qui se qualifie même si c’est plus le cas aujourd’hui. On a néanmoins refait une Coupe du monde en 2017 et la situation s’était un peu améliorée pour les filles, elles ne payaient plus pour les stages notamment, mais ça a été une bataille tout le temps.
Vous allez poursuivre l’aventure avec le XV canadien jusqu’à cette Coupe du monde 2017, il y aura également un passage avec le XV masculin, une aventure fédérale, les Arrows de Toronto, avant de recevoir un coup de fil de Bordeaux. Vous qui étiez installé au Canada depuis quelques années, est-ce que vous avez été surpris ?
En fait, pendant la période du Covid, ici, on était complètement bloqué en termes de jeu, même pour ce qui est du plus haut niveau. Un jour, je reçois un message des dirigeants de Bordeaux qui avaient eu mon contact par l’intermédiaire de l’ancien entraîneur de l’équipe de France. Ils voulaient savoir si nous avions des joueuses, au Canada, qui désiraient venir jouer en France où le Championnat élite continuait. J’étais dirigeant de la Fédé québécoise à ce moment-là, j’ai fait le tour de mes meilleures joueuses sur la province et c’est comme ça que quatre Canadiennes sont arrivées à Bordeaux. Par la suite, nous avons gardé des liens très amicaux avec les dirigeants et, comme ma mère habite en Charente, ce qui n’est pas loin, je suis allé voir régulièrement les filles et les dirigeants pour prendre des nouvelles. Ceci étant, je ne pensais jamais que j’entraînerais à Bordeaux quatre ans après !
Et puis, lors de ma dernière année à Toronto, le Canada me propose de reprendre le centre national de formation. J’avais déjà un peu fait ça et j’avais l’impression de tourner en rond là-dedans. C’est là que Bordeaux, qui changeait de management, m’a contacté en me disant : « Voilà, on vient de gagner le Championnat de France, les managers ont fait un cycle de quatre ans, ils sont épuisés, est-ce que ça t’intéresserait de venir ? » Sur le coup, je n’étais pas sûr du tout et puis, le lendemain, j’ai appelé pour leur dire : « Ok, c’est bon, on y va ! »
©Les lionnes du stade Bordelais
Vous qui aviez largué les amarres, vous avez pu faire enfin le voyage en sens inverse…
Oui, le projet était super intéressant : j’arrivais dans un club qui venait de gagner le Championnat et ça, c’était chaud. Mes collègues, au Canada, me disaient de ne pas y aller, ils me disaient d’attendre que le club perde et de dire oui après.
Qu’est-ce qui vous a finalement pousser à vous engager ?
Le fait que le club venait de gagner justement. Je me suis dit que j’allais montrer qu’on pouvait gagner deux fois alors qu’une petite voix en moi me disait que c’était vraiment trop con, que j’allais me ridiculiser. Il y avait aussi le fait que Bordeaux avait un projet très bien construit et que le club était un peu en avance sur ses objectifs de victoire en Championnat de France. En somme, le club venait de remporter la finale, mais il y avait encore du travail à faire et c’est ça qui me plaisait. Ma mission était de professionnaliser le club, l’approche des entraînements, le projet… Il fallait apporter un petit truc en plus pour que cette victoire ne soit pas juste un one shot.
Ce petit truc en plus c’est cette rigueur que vous évoquiez en début d’entretien ?
Oui, c’est ça. La rigueur, en sport de haut niveau, ce n’est pas forcément ennuyeux, ni négatif. Au contraire, c’est malheureusement presque essentiel d’autant que, même avec de la rigueur, on n’est pas sûr de gagner. Je pense que les filles, à Bordeaux, n’étaient pas au maximum de leurs possibilités, je pense qu’elles ne le sont toujours pas d’ailleurs, mais ça viendra et c’est pour ça qu’il fallait travailler plus, travailler plus structuré, travailler autrement. Ça s’est plutôt bien passé parce qu’on a gagné le Championnat, je ne vous cache pas que j’étais un peu soulagé. J’ai re-signé pour une année, on a regagné de nouveau et tant mieux et là, je repars pour une autre saison et après, on verra.
La morale de l’histoire c’est que quand vous vous engagez dans un défi, vous le réussissez !
Honnêtement, j’ai un problème parce que, quand on réussit un truc, je suis super content mais, la seconde d’après, c’est fini. C’est chiant parce que je n’en profite pas. Mais là, si jamais l’équipe va au bout et gagne un autre Championnat, ça leur en ferait quatre d’affilée, ce qui n’a jamais été fait. Moi, c’est ce truc-là qui m’intéresse.
Vous cherchez toujours le défi impossible pour vous challenger au maximum ?
C’est un peu le truc du sport de haut niveau : c’est un boulot pour les gens anormaux. Que ce soient les entraîneurs, les joueurs, les joueuses, il faut une part un peu anormale ou disons obsessionnelle. Il faut se fixer des challenges comme ça. Se dire qu’on pourrait arriver à quatre parce que, d’abord, ça ferait sûrement plaisir à tous ceux qui y participent mais en plus, ça marquerait un truc. Ceci étant, si ça n’arrive pas, personne ne va mourir bien sûr mais moi, je fonctionne un peu comme ça.
Il y a aussi le fait que l’on s’habitue à la victoire et que, dans ces cas-là, elle devient routinière.
C’est vrai, je pense que je déteste plus perdre que j’aime gagner ! C’est ça qui me motive en plus du fait que j’adore le club pour lequel je travaille, la ville, l’environnement.
Vous vous impliquez également dans le futur du rugby féminin en militant pour une refonte du championnat. C’est un passage obligé pour pouvoir rivaliser avec les grosses nations et notamment l’Angleterre qui résiste souvent aux Bleues ?
J’essaie de m’y impliquer de façon parallèle. On a souvent des meetings avec la Fédération Française, des gens qui travaillent étroitement avec la FFR pour essayer d’améliorer les choses. En ce qui concerne les Anglaises, juste un petit aparté, je pense vraiment que nous sommes meilleurs ; individuellement, je ne les trouve pas surréalistes. La seule vraie différence, c’est que leur championnat est professionnel, qu’il est géré par du privé et qu’il est diffusé tous les week-ends. Tout ça fait qu’il est devenu une structure attrayante pour les joueuses. Nous, on est encore dans un Championnat fédéral et même si la Fédération le gère très bien, la différence est là. Ce n’est pas un business or, il faudrait que cette Ligue devienne un business dans le bon sens du terme. Je pense que, tant qu’on ne bascule pas dans une Ligue pro, dirigée par des pros dont c’est le métier, en partenariat bien sûr avec la Fédération comme la LNR chez les mecs, la différence sera là.
Vous les voyez aller jusqu’où les Françaises durant cette Coupe du monde ?
Je les vois aller au bout. Je pense qu’il y a quatre équipes qui peuvent la gagner cette Coupe du monde : la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre, la France ou le Canada. J’aimerais vraiment qu’il y ait une surprise, une équipe qui arrive du champ gauche et qui bouleverse toutes les cartes mais, honnêtement, ces quatre équipes là devraient se retrouver en demi-finale. Il y a des faiblesses dans chaque formation donc, ce n’est pas vrai qu’il y a une équipe qui ultra-domine. Et même si l’Angleterre fait figure de favorite, je pense qu’elle peut passer à la trappe sur le défi physique, sur un petit zeste de folie ou je ne sais quoi.
Et ce XV de France, est-ce que c’est une éventualité, en tant qu’entraîneur, qui vous trotte dans la tête pour une aventure à plus ou moins long terme ?
Oui, forcément ça me trotte dans la tête comme j’espère ça trotte dans la tête de tous les entraîneurs d’Élite 1 parce qu’une fois qu’on est engagé dans un Championnat national, au plus haut niveau, ce genre de projet fait partie des choses que l’on doit envisager. En revanche, même si ça me trotte dans la tête, ce n’est pas une obsession.
En quoi diriez-vous que ces années passées en compagnie d’équipes féminines vous ont façonné en tant qu’entraîneur ?
C’est une réflexion que j’ai eue. Ces années en compagnie d’équipes féminines ont été très bénéfiques pour moi et ça l’est toujours d’ailleurs. J’ai eu la chance, sur les dix dernières années, d’alterner entre filles et mecs et je pense que je suis meilleur maintenant grâce à ça. Les deux publics sont un peu différents, pas dans le contenu comme je le disais tout à l’heure, mais dans l’interaction, le feed-back, le côté sociétal, l’aspect privé aussi. On n’interagit pas avec des athlètes de haut niveau féminines comme des athlètes de haut niveau masculin, c’est comme ça, ça s’apprend et ça a énormément élargi mon champ. Tout cela m’a fait réfléchir et évoluer je pense.
Ouverture ©Rugby Canada