Croisière des AlizésLa voile comme bouée de sauvetage

Croisière des Alizés : la voile comme bouée de sauvetage
« Offrir l’horizon et les vertus thérapeutiques de la voile en partage ». C’est la très belle initiative de l’association québécoise, La Croisière des Alizés, qui initie à la voile des jeunes filles vivant des troubles alimentaires et en chemin vers le rétablissement. Un élan de solidarité venu tout droit d’un vécu ou l’histoire d’une résilience par le sport. Larguons les amarres avec Nathaly, la mère d’Ariane, qui en sont les deux fondatrices.

Par Claire Bonnot

Publié le 12 avril 2022 à 6h00, mis à jour le 08 mai 2022 à 16h29

« Tout a commencé lorsque nous avons traversé la maladie de notre fille Ariane, en 2012. Elle a subi une sorte de grave dépression et suite à son hospitalisation en pédopsychiatrie, elle a développé une anorexie. Il y avait un mélange de beaucoup de mal-être avec des comportements à risque, raconte Nathaly. Elle a été hospitalisée pendant très longtemps, de l’âge de 14 ans à celui de 21 ans.

Ça a été une période extrêmement difficile. Dans ce cadre, la voile a été, pour elle comme pour moi, sa mère, un moyen de mieux-être. Ce sport nécessitait de l’énergie mais pas non plus en excès, on faisait donc de la voile avec plaisir. C’est aussi une activité qui l’obligeait à être dans le ici, maintenant.

On s’est alors jurées, quand elle irait mieux et quand elle serait prête, qu’on allait aider les autres jeunes filles dans la même situation. La Croisière des Alizés nous a alors été inspirée par La Croisière des Guerrières lancée par le pédopsychiatre Xavier Pommereau, en 2017, avec la navigatrice Florence Arthaud. »

©Laurence Labat

Telle une profession de foi, Ariane se lance dans ce défi avec sa mère, contre vents et marées : « Parce que nous voulons aider les jeunes filles et leurs familles à vaincre cette maladie, parce que nous savons que le combat peut être long et difficile et que nous souhaitons par-dessus tout qu’elles retrouvent le plaisir de vivre, nous mettons en place un projet de voile à vocation thérapeutique : la Croisière des Alizés. »

©Laurence Labat

Les premières excursions ? Elles ont lieu à l’été 2021 autour d’un projet pilote qui embarque dans l’aventure la Maison L’Éclaircie (OBNL d’aide et de sensibilisation aux troubles alimentaires) et le groupe de recherche sur les troubles alimentaires, Loricorps.

Des jeunes filles de 14 à 25 ans – en voie de rétablissement – sont alors initiées à la voile, le temps d’un week-end. Le but ? Tester scientifiquement les bienfaits de la voile sur une population en voie de guérison, de manière à élargir à un public plus sensible et en besoin.

Au programme de ces sorties en mer : des cours de navigation encadrés par des skippers expérimentés.

©Laurence Labat

« Prendre le gouvernail, c’est comme prendre le contrôle de sa vie, naviguer en fonction des éléments naturels et contre vents et marées, c’est comme faire avec ce que nous donne la vie, diriger le bateau, c’est savoir trouver des solutions malgré là où le vent nous mène ». Nathaly présente la voile comme une métaphore de la vie et c’est limpide.

Une croisière ou une excursion en bateau ramène à l’essentiel et demande de se battre et de persévérer pour avancer et ne pas sombrer.

Témoignage d’une navigatrice en herbe ? « Naviguer en étant acteur au sein d’un équipage redonne confiance, confiance en soi et confiance dans les autres. C’est une réelle école de la vie… en harmonie avec la nature ». Tout est dit.

©Laurence Labat

Le projet de l’association est de perpétuer ces sorties en mer afin d’aider ces jeunes filles ainsi que leurs familles. Mais, également, de sensibiliser le personnel du milieu de la santé et de l’univers psychosocial aux bénéfices d’une telle activité.

Place est faite aux recherches de partenariats avec des écoles de voile, comme Mercator qui s’est déjà embarqué dans l’aventure, et équipementiers.

Cet été, La Croisière des Alizés plongera dans sa grande traversée. Elle sélectionne déjà des navigatrices en quête de résilience, celles qui veulent larguer les amarres pour se (re-trouver), grâce au concours expert de la maison de l’Éclaircie.

On leur souhaite bon vent !

  • Pour suivre la formidable vague de résilience de cette association, direction son compte Facebook

Vous aimerez aussi…

Ruth Croft, celle qui a fait vaciller la reine Dauwalter

Ruth Croft, celle qui a fait vaciller la reine Dauwalter

Elle n’a pas crié victoire. Elle a laissé les montagnes parler pour elle. En remportant l’UTMB 2025, Ruth Croft n’a pas seulement franchi une ligne d’arrivée, elle a fait basculer l’histoire du trail. Face à Courtney Dauwalter, icône que l’on pensait indétrônable, la Néo-Zélandaise de 36 ans a imposé sa cadence, sa vision, sa manière de courir. Implacable.

Lire plus »
Charline Picon

Charline Picon : « La planche à voile, c’est clairement ce qui m’a construit. »

Apaisée, combative, imprévisible aussi. La véliplanchiste Charline Picon, championne olympique en titre depuis Rio, en 2016, médaillée d’or pour la 5e fois aux Championnats d’Europe, ce samedi au Portugal, vogue désormais vers Tokyo 2021. Car cette reine de la glisse n’a pas pris sa dernière vague et éclabousse tout sur son passage. Nous l’avions rencontrée en décembre dernier, avant qu’elle ne fête cette nouvelle victoire, l’occasion de la mettre de nouveau en avant. Car cette sportive en a des choses à dire ! Et à partager.

Lire plus »
Raphaëlle : « La voile m’a aidée à me reconstruire après mon AVC. »

Raphaëlle : « La voile m’a aidée à me reconstruire après mon AVC. »

Elle a su prendre la vague d’une nouvelle naissance grâce à la voile. Suite à un AVC, Raphaëlle avait quasiment perdu sa motricité. Mais il en fallait plus pour qu’elle lâche le sport. Et la voilà qui plonge dans une expérience sportive et humaine : la pratique de la voile avec la Team Jolokia, une asso qui prône l’inclusion par le sport. Une très belle leçon de vie.

Lire plus »
Sophia Flörsch, la pilote qui vit pied au plancher

Sophia Flörsch, la pilote qui vit pied au plancher

Les sports motorisés et les femmes, ça a toujours été compliqué. Mais aujourd’hui, certaines se frottent à l’asphalte et n’hésitent plus à rouler sur les préjugés. En pôle position, l’Allemande Sophia Flörsch, une prodige du volant pour qui la ligne d’arrivée n’est rien moins que la Formule 1.

Lire plus »

8 mars : l’égalité des sexes au menu du CIO

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, ce 8 mars, le Comité international olympique a annoncé le nom des 6 lauréat.e.s de ses trophées « Femme et Sport » 2020. Des lauréat.e.s « défenseurs » de l’égalité des sexes. Le monde bouge dans l’olympisme.

Lire plus »
Fanny Caspar

« Bump It » : tout schuss pour le ski freestyle féminin !

Ce 25 février 2021 aurait dû avoir lieu, en Andorre, un show de ski freestyle 100% féminin. Des rideuses devaient y promouvoir la cause des femmes dans le sport extrême. La Covid-19 est passée par là et la démo est reportée en 2022, mais pas le soutien aux sportives du ski freestyle. Ni à celles qui rêvent, en secret, de se lancer sur la piste. On se lève tous et toutes pour « Bump It » !

Lire plus »
Il était une fois le baseball... féminin

Il était une fois le baseball… féminin

Il débarquera aux Jeux Olympiques 2028 de Los Angeles. Rien de très surprenant pour un sport made in America. Les femmes en ont d’abord été écartées, mais elles ont vite pris les battes en main ! Retour sur l’histoire des pionnières du baseball.

Lire plus »
Pink Power Team

Stéphanie : « Le permis moto, ça a été le début de mon émancipation. »

Rien ne prédestinait Stéphanie à devenir une motarde semi-pro rugissante. Pourtant, même une grave blessure n’aura pas abîmé sa passion de la vitesse. Cheveux roses, motos qui dépotent, elle ne lâche pas son rêve et le transmet à d’autres filles qui, comme elle, roulent des mécaniques sur les circuits amateurs mais, cette fois, en karting. La Pink Power Team est de sortie, faites place !

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner