Marie Petitcuénot : « 2020… et si on arrêtait de torturer les athlètes hypertestostéronées ? »

marie petitcuenot

Par Marie Petitcuénot, fondatrice du Podcast des femmes libres, "Michelle"*

Publié le 11 janvier 2020 à 16h43, mis à jour le 20 juin 2022 à 14h02

L’an dernier, l’athlétisme a pris des libertés avec les droits de l’Homme, ou plutôt avec les droits des femmes. Le tribunal arbitral du sport a validé le règlement de la Fédération internationale d’athlétisme qui oblige les femmes hyperandrogènes à faire baisser artificiellement leur taux de testostérone pour être acceptées dans la compétition.

De qui parle-t-on  ? De Caster Semanya, mais aussi de Margaret Wambui, de Francine Nyonsaba ou de Dutee Chand. Des athlètes qui secrètent naturellement plus d’androgènes que la moyenne des femmes, élevant ainsi leur taux de testostérone et potentiellement, leur masse musculaire.

À partir de maintenant, elles ne pourront prendre place derrière la ligne de départ qu’à condition d’accepter un traitement qui bride leur système hormonal. L’idée n’est guère plus choquante que ces générations de femmes qui prennent la pilule, dans un calcul bien compris entre les risques pour leur santé et le bénéfice du contrôle de leur fécondité.

La réalité est moins banale. Ce traitement contre l’hyperandrogénie induit des risques accrus de méningiomes, des tumeurs au cerveau. Il provoque des troubles de l’humeur, des règles et des accès de somnolence. C’est tout ?

Égalité de corps

Rappelons qu’aucune étude ne prouve clairement que l’androgénie a un impact réel sur les performances des athlètes. On les torture préventivement.

Qu’est-ce qui trouble à ce point la Fédération d’athlétisme  ? Elle évoque « un avantage significatif » et invoque « l’intégrité de l’athlétisme féminin ». Mots-valises, mots-paravents.

L’excellence des sportifs relève partout du travail et d’une forme d’exceptionnalité physique. A-t-on contraint le nageur Michael Phelps à s’injecter de l’acide lactique, lui qui en produit deux fois moins que la moyenne et peut s’entraîner deux fois plus sans souffrir  ?

A-t-on opéré les sinus de la danseuse synchronisée Virginie Dedieu qui peut naturellement se passer de pince-nez ?

Les athlètes androgènes révèlent une soudaine aspiration pour l’égalité de corps normalisés. Comme si on ne pouvait faire de compétition qu’à égalité parfaite, des corps, des muscles, des hormones, des fluides… Comme si on voulait un 400 mètres de robots.

Ce que nous dit la Fédération d’athlétisme, et c’est plus sérieux, c’est qu’on ne peut pas laisser des femmes « masculines » en liberté. Il faudrait donc éviter de concurrencer les performances des hommes  ?

Officiellement, on les bride au nom de l’égalité entre les femmes.

En réalité, on protège une certaine idée de la faiblesse des femmes.

*Marie Petitcuénot est la créatrice du podcast Michelle qui raconte des histoires de femmes libres. Pour ÀBLOCK!, elle donne la parole à des « sportives libres »…

Vous aimerez aussi…

MARIE FRANCOISE POTEREAU

Marie-Françoise Potereau : « En matière de sport féminin, on est encore dans le trop peu ou le pas assez. »

C’est une militante. Depuis toujours. Marie-Françoise Potereau s’est engagée, très tôt, pour la reconnaissance du sport féminin. L’ancienne cycliste de haut-niveau, un temps à la tête de l’asso Femix ‘Sports, poursuit son ambition de faire bouger les lignes à travers ses casquettes de vice-présidente de la Fédération Française de Cyclisme et du CNOSF, en charge de Paris 2024 et de la mixité. Rencontre.

Lire plus »
Kellie Harrington, la boxe comme uppercut vital

Kellie Harrington, la boxe comme uppercut vital

Elle pulvérise tous les records. Championne du monde amateure en 2018, médaillée d’or européenne 2022 et 2023, championne olympique à Tokyo et prête à squatter les rings des JO de Paris, l’Irlandaise Kellie Harrington est une bête de scène sportive. Portrait d’une ex-sale gosse devenue rôle-model.

Lire plus »
Kumba Larroque

Koumba Larroque : « Je suis une fille qui fait de la lutte, je n’aurais pas pensé, qu’un jour, on me prendrait pour exemple. »

Elle a bien failli voir le Japon devant sa télévision. Touchée au ménisque en 2018, Koumba Larroque a cru, un temps, que les Jeux Olympiques allaient lui échapper. Il n’en sera rien ! La lutteuse française a su prendre son mal en patience pour revenir plus forte. Et saisir sa chance, en mars dernier, en validant sa présence à Tokyo. Rencontre avec une combattante que rien ne peut mettre au tapis.

Lire plus »
Hamburger sport la question qui tue

J’ai fait une heure de sport, je peux m’offrir un gros menu burger ?

Ah, cette chouette impression du travail accompli, cette satisfaction d’avoir tout donné ! Puis, ce besoin impérieux de récompense. Et la récompense, on va pas se le cacher, c’est souvent dans l’assiette qu’on va la chercher. Mais est-ce bien raisonnable de se jeter sur tout ce qui n’est pas light, même si on s’est bougé pendant une heure ? La réponse éclairée de notre coach, Nathalie Servais. Lisez plutôt avant de dévorer !

Lire plus »
Courtney Dauwalter, mise en orbite réussie !

Courtney Dauwalter, mise en orbite réussie !

Cette Diagonale des Fous 2022 restera dans l’histoire. Pour la première fois en trente éditions, une femme a fini dans le top 5 de la course. Courtney Dauwalter a fait jeu égal avec les meilleurs des meilleurs. Cette nouvelle victoire fait d’elle la patronne incontestable de l’Ultra-trail.

Lire plus »
Laurence Fischer 5 infos pour briller en karatégi

Laurence Fischer : 5 infos pour briller en karatégi

Elle a marqué les tatamis et œuvre aujourd’hui au sein du ministère des Affaires étrangères pour faire du sport un outil d’influence, de développement et de reconstruction. Une sportive combinant grand cœur et mental de guerrière, ça valait bien un retour en 5 infos sur la carrière d’une des plus grandes karatékas du monde.

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner