Océane CassignolLa nageuse qui a tangué, mais n'a jamais coulé

Océane Cassignol, la nageuse qui a tangué, mais n'a jamais coulé
Lorsqu'on est annoncée comme prodige d’une discipline, il peut être difficile de contenter les attentes des observateurs. Océane Cassignol a dû traverser l’enfer sportif et mental pour retrouver les sommets après un début de carrière de haute volée. Retour sur un parcours mouvementé.

Par Timéo Gomes

Publié le 30 juillet 2024 à 15h56

Dans le sport, la tendance est au repérage des talents au plus jeune âge. On aime dénicher les stars de demain le plus tôt possible et les annoncer comme de futures légendes, bien souvent en oubliant les intéressés, qui se retrouve avec une pression monstre sur leurs jeunes épaules.

Ce schéma, la nageuse en eau libre Océane Cassignol l’a vécu. Franco Mauricienne, elle pointe le bout de son nez le 26 mai 2000 à Béziers, dans une famille très sportive de quatre enfants. Dès son enfance, elle s’essaye à de multiples disciplines : l’équitation à 7 ans, l’athlétisme à 11 ans dans laquelle elle remporte plusieurs titres départementaux et régionaux. Et c’est la même année qu’Océane Cassignol se plonge dans le monde de la natation.

Douée ? c’est le minimum qu’on puisse dire. À peine un an après sa mise à l’eau, elle est repérée par un adjoint de Philippe Lucas, l’entraîneur d’une certaine Laure Manaudou, et rejoint son groupe d’entraînement.

©Arena

Le début de carrière qui va suivre est tonitruant. Sur le sol français, Océane Cassignol rafle tout dans les catégories minime, cadette et jeune. 200, 400, 800, 1 500m, mais aussi le 5 et 10km, la Biterroise règne sans partage, mais pas seulement dans notre hexagone.

En 2015 à Tenero-Contra en Suisse, elle décroche l’or sur les championnats d’Europe junior du 5km. Une distinction européenne qu’elle remporte trois fois, les deux autres étant sur 7,5km et sur le relais 5km. Point culminant de cette jeune carrière, un titre mondial en 2017 à Budapest sur le 5km par équipes en eau libre.

« Surdouée », « un poisson dans l’eau », « sur les traces de Laure Manaudou », tout ça, ce sont des titres que la presse attribue à la jeune nageuse française, son ascension vers les sommets semble être une évidence.

©Arena

Seulement, tout comme les vagues qu’elle doit dompter dans sa nage, la vie peut parfois se montrer cruelle. Après les Championnats du Monde 2017, Océane Cassignol connaît une traversée du désert. Dans l’hexagone, elle continue à avoir des résultats admirables notamment en 2020 ou elle finit triple médaillée d’or aux Championnats de France, mais au-delà, son seul résultat notable hors de son pays natal est une troisième place sur le 5km Européen en 2020 à Budapest.

Une lente descente aux enfers pour l’Héraultaise côté sportif puisqu’elle va enchaîner, entre autres, une non-qualification pour les Jeux de Tokyo, de même pour les Mondiaux 2022 et une blessure à l’épaule la même année qui lui vaut des infiltrations. Malheureusement, il n’y a pas que le côté sportif qui va flancher. L‘accumulation de ces désillusions, couplée à des problèmes personnels, vont faire tomber la nageuse dans la dépression.

©Arena

Pour inverser la tendance, il fallait du changement. Exit Philippe Lucas dont elle décide de quitter le groupe suite à sa non-qualification pour les Jeux de Tokyo, direction l’Italie à Ostia où elle établit son camp de base. Un nouveau départ qui va porter ses fruits en 2023. En avril, Océane Cassignol finit deuxième du 10km de l’Open de Martinique. Le visage ensanglanté dû à une fracture du nez, comme un symbole de tout ce qu’elle a eu à traverser, c’est grâce à cette seconde marche du podium que la Biterroise retrouve les chemins des mondiaux en décrochant son ticket d’entrée.

Océane Cassignol continue son petit bout de chemin au cours de l’année 2023, elle se qualifie pour les Mondiaux de Doha 2024 sans se douter que c’est dans la ville qatari en ce mois de février qu’elle va mettre un point d’exclamation à son retour en force. Au terme du 10km elle termine dixième, deuxième française derrière Caroline Jouisse septième, synonyme donc de top 13 général et de top 2 français, lui donnant accès au graal, une place pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, ses premiers JO à 24 ans.

©Arena

Après la course, difficile de retenir ses larmes pour l’Occitane : « Je ne vois pas beaucoup ma famille, j’habite en Italie. J’ai passé des périodes très difficiles, je suis contente d’en être sortie et de réaliser une performance comme ça », confie-t-elle. Stéphane Lecat, ancien nageur et directeur du développement des équipes de France en eau libre, va lui aussi y aller de son petit compliment : « C’est un parcours de vie à montrer aux plus jeunes. À ceux qui réussissent très jeunes et puis qui ont du mal derrière. Il ne faut pas lâcher l’affaire. ».

Le prochain rendez-vous pour Océane Cassignol, c’est donc le jeudi 8 août dans la Seine, en espérant que la pollution ne l’en prive pas, pour le 10km Femmes Olympiques. Attendez-vous à la retrouver ÀBLOCK!.

Vous aimerez aussi…

Cléopatre Darleux

Cléopatre Darleux : « Le handball me donne l’impression d’être une wonderwoman ! »

Un rempart à toute épreuve. Cléopatre Darleux est une icône de l’équipe de France de handball et une gardienne de but multi-distinguée dans les compétitions internationales. La championne du monde 2017, épanouie et jeune maman, donne de la voix pour que les joueuses professionnelles soient soutenues dans leur projet perso autant que sportif. Un match qu’elle relève (encore) haut la main !

Lire plus »
Yohan Penel : « Tout est réuni pour faire du badminton un modèle sportif d’égalité et de mixité. »

Yohan Penel : « Tout est réuni pour faire du badminton un modèle sportif d’égalité et de mixité. »

Le jeune président de la fédé de badminton qui entend faire de son mandat une réussite sur le plan des enjeux sociétaux et ainsi « mettre l’humain au cœur de la performance sportive et sociale du badminton » a bien l’intention d’attirer les filles dans ses filets…des terrains de bad. À l’heure où, hélas, les compétitions interclubs se transforment en championnat masculin faute de compétitrices.

Lire plus »
Les triathlètes (re)débarquent à Paris !

Le Best-of ÀBLOCK! de la semaine

Une course d’orientation nouvelle génération, un triathlon en capitale (celui de Paris, le retour, sur notre photo), une pro de la ride, une volleyeuse qui nous bluffe et une question qui tue, c’est le meilleur d’ÀBLOCK! pour cette semaine. Enjoy !

Lire plus »
14 août 1982 Deux femmes en tête du Rallye du Brésil

14 août 1982 : deux femmes en tête du Rallye du Brésil

La conduite et la direction sont leurs atouts. Depuis quatre jours, pilotes et copilotes sont lancés dans la 4e édition du Rallye du Brésil. L’arrivée de la course est plus attendue que jamais. D’autant plus quand, dans la première voiture, deux acharnées sont à la manoeuvre, Michèle Mouton et Fabrizia Pons !

Lire plus »

Recherche

Soyez ÀBLOCK!

Abonnez-vous à la newsletter

Mentions de Cookies WordPress par Real Cookie Banner