C’était en 2013. Margot Boulet alors âgée de 22 ans est en stage de parachutisme à Pau. Rien d’inhabituel pour celle qui fait partie de la cavalerie de la gendarmerie à Vincennes et rêve d’entrer au GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale). Ce jour-là pourtant, sa vie bascule : un parachute qui s’emballe, un mauvais atterrissage et ce sont les jambes et le dos qui trinquent.
Elle gardera l’usage de ses jambes mais pas comme avant et pas à 100 %. Son dos fragilisé, l’empêche, quant à lui, de marcher trop longtemps et ne tolère plus aucun impact. Le vol libre pour Margot Boulet, c’est terminé ; le GIGN pour Margot, c’est terminé. Mais il lui reste la natation. Médaillée aux championnats de France juniors, elle a caressé un temps le rêve de s’épanouir comme nageuse de haut niveau mais, pour autant, elle ne nourrit aucune ambition dans le handisport après son accident.
C’est son père, président du Club nautique de Nogent-sur-Seine, qui sera à l’origine de sa reconversion dans le para-aviron : « Psychologiquement, ça me faisait un bien fou et sportivement je retrouvais les sensations de la natation : rechercher l’appui aquatique, se dépasser », confie-t-elle dans le journal départemental de Seine-et-Marne. Un nouveau départ s’offre à elle, qui l’emmènera plus loin qu’elle ne le pense alors.
Le choix se révèle d’emblée payant. Dès ses premiers pas en compétition, en 2020, la Seine-et-Marnaise s’octroie un premier podium européen à Poznan, en Pologne, où elle décroche la médaille de bronze par équipe mixte du 2000 mètres PR3 Mix4+, réservé aux rameurs utilisant leurs bras, tronc et jambes, chaque rameur ramant avec une seule rame, côté droit ou gauche. Margot Boulet qui porte une prothèse à la cheville gauche se spécialise dans cette catégorie.
Un an plus tard, aux Championnats d’Europe à Varèse, Margot Boulet poursuit sur sa lancée en remportant la médaille d’argent, toujours avec l’équipe tricolore. Mission désormais : les Jeux Paralympiques de Tokyo qui ont lieu quelques mois plus tard. Le collectif y décroche la médaille de bronze.
L’année 2022 est celle de la consécration pour Margot Boulet. Troisième de l’épreuve de 2000m PR3 Mix4+ comptant pour les Championnats du monde de Belgrade, en Hongrie, elle s’offre, dans la foulée, de l’argent aux Europe à Munich, en Allemagne, et consolide ainsi sa place parmi l’élite. La Coupe du monde d’aviron de Varèse lui offre une médaille de bronze, tout comme les Championnats d’Europe à Bled, ajoutant une autre ligne à son palmarès impressionnant.
Pour Margot Boulet, chaque compétition est un nouveau défi, une opportunité de se surpasser et de prouver qu’avec patience et détermination, on peut s’affranchir des obstacles, même ceux que l’on pense insurmontables : « Pour moi, c’était un challenge incroyable. Je découvrais un nouveau sport, l’aviron, où je n’avais pas à me comparer à de précédents résultats en tant que valide. »
Début 2023, aux Championnats du monde à Belgrade, sa belle série de performances prend fin avec une 5e place, en dessous de ses standards habituels, un résultat toutefois plus qu’honorable, le niveau étant extrêmement relevé. Mais Margot Boulet n’en reste pas là et une médaille d’or aux Championnats d’Europe Indoor viendra couronner son année quand le début de la saison 2024 rime avec ascension. Entrée en fanfare aux Championnats d’Europe à Szeged, en Hongrie, avec une médaille d’argent, toujours avec son équipe en 2000m PR3 Mix4+.
De Victoire en victoire, elle assoit confortablement sa place dans les meilleurs de la discipline et se positionne idéalement en vue des prochains défis dont les Jeux de Paris : « C’est déjà une chance incroyable de participer aux JO, mais le faire à la maison, avec tous nos supporters, ça n’arrive pas à beaucoup de sportifs. Il va falloir gérer la pression, les sollicitations. »
Mais Margot Boulet n’avait-elle pas réussi, dans une autre vie, les tests d’entrée au GIGN, seule femme au milieu d’une soixantaine de postulants ? Alors, bien sûr, elle est prête et attend même ce moment avec impatience. Comme un symbole de renaissance.
Ouverture ©Facebook Margot Boulet