« J’ai tout de suite été plongée dans un environnement de performance. Ma mère qui est très combative, qui ne lâche rien, me donnait toujours l’image d’une bouteille d’eau vide, mais où tu peux voir des petites gouttelettes à l’intérieur. Elle me disait : “ Essaye d’avoir cette image quand tu combats ou quand, dans la vie, tu n’en peux plus, pars du principe que t’as toujours ces petites gouttelettes qui restent et qui vont te permettre de faire face à l’adversité, à la difficulté. ” Et c’est quelque chose qui m’est resté. »
Dans ce nouvel épisode de Premier Crochet, Audrey Largouët nous propose d’entendre l’histoire intime de Shaïnez El Haïmour avec son sport, le karaté kyokushinkai.
Un sport d’abord vécu douloureusement (« J’avais toujours en tête l’objectif de mes parents, que ce soit à l’école, que ce soit dans ma vie, que ce soit dans mon comportement, et d’autant plus dans le sport où je voyais la joie que ça pouvait leur procurer. Ils étaient très présents dans les entraînements, dans les compétitions, ils en ont raté aucune et en fait je pense que, sans le vouloir, ils ont mis beaucoup de pression sur mes épaules. ») puis apprivoisé, jusqu’à devenir un élément central de sa vie.
Dans Premier Crochet, podcast sur celles qui pratiquent les sports de combat, sur leur passion pour ces sports réputés violents et longtemps réservés aux hommes, Shaïnez El Haïmour n’a pas peur de prendre la parole pour se confier sur son parcours, ses craintes, ses difficultés, ses joies aussi.
Elle nous explique son déclic pour le karaté, mais aussi son rapport au corps : comment fait-on face à la douleur et aux coups ? Comment fait-on face à la pression et aux attentes des autres ?
Et Shaïnez El Haïmour de s’interroger sur la place de la femme dans cet univers encore trop masculin.
« Mon objectif, ce serait aujourd’hui de démocratiser un peu plus la pratique des femmes, de revoir certaines choses, ne serait-ce que les tailles des coupes, pourquoi est-ce qu’on devrait avoir des coupes plus petites que celles des hommes ? Les hommes ont beaucoup plus de récompenses, sont beaucoup plus mis en avant dans toutes les cérémonies et je trouve que c’est quelque chose de non justifiés. Il est très important de mettre en place des moyens pour qu’on ait accès aux mêmes choses que les hommes car, homme ou femme, on ressent tous la même chose, on vit tous les choses intensément, on est tous attachés à cette pratique. »
On l’écoute ?