Une fois de plus, les Bleues nous auront fait vibrer. Une fois de plus, elles ont tout donné sur le terrain. Une fois de plus, elles se sont dépassées et nous ont transcendés. Mais une fois de plus, elles concluent la Coupe du monde à la troisième place.
Il y a certes des manières bien plus décevantes de conclure une telle compétition. Une septième médaille de bronze en dix mondiaux, c’est une statistique inédite et qui témoigne d’une régularité dans le très haut niveau qui en impose.
Mais on le sait, on l’avait dit, le XV de France débarquait en Nouvelle-Zélande pour faire mieux encore. Les trente-deux joueuses, Thomas Darracq et son staff, tous rêvaient de l’or. Et jusqu’à cette demi-finale du 5 novembre, le rêve semblait plus proche que jamais.
Après un premier match de poule maîtrisé contre l’Afrique du Sud, les Françaises ont chuté face au XV de la Rose. Treize à sept pour les Anglaises, la bête noire des Bleues n’arrête pas de gagner. Mais tout ne fut pas négatif dans ce crunch. La défense bleue a été étouffante, limitant à un petit score une attaque anglaise complètement on fire sur ce mondial.
Le véritable coup dur face à l’Angleterre ne fut pas la défaite, mais la blessure de la demi de mêlée Laure Sansus. Meilleure joueuse du dernier Tournoi des VI Nations, elle doit quitter le terrain dans le premier choc de la Coupe du Monde pour l’équipe de France. Et le verdict est on ne peut plus lourd : rupture des ligaments croisés, la Française est out pout le reste de la compétition. Rapidement après cette annonce, Laure Sansus déclare mettre un terme à sa carrière, s’arrêtant sur une bien triste note.
Difficile de se relever d’un tel imprévu pour un groupe. Mais les Bleues sont concentrées. Pauline Bourdon prend la suite de Laure Sansus dans le XV de départ et l’équipe de France se qualifie pour les quarts de finale grâce à une large victoire face aux Fidji.
L’affiche pour ce premier match à élimination de cette Coupe du monde a des allures de piège. L’Italie est moins forte sur le papier, mais lors du dernier affrontement, les Françaises avaient perdu pied face à la furia italienne.
Mais, cette fois, on ne parle plus de préparation. Concentrées, les Bleues ne laissent aucune chance à leurs adversaires. Les avants font parler leur puissance, la défense est une fois de plus infranchissable… Joanna Grisez réalise une énorme performance, inscrivant un triplé qui assure une large victoire aux siennes. Trente-neuf à trois, l’équipe de France se hisse une fois de plus dans le dernier carré d’une Coupe du Monde.
Et comme toujours lors d’une demi-finale, le défi est de taille. La Nouvelle-Zélande, devant son public, sur son terrain de l’Eden Park. La même pelouse sur laquelle les messieurs avaient échoué d’un petit point, face aux All Blacks, en finale du mondial 2011.
Les Françaises étaient décidées à connaître un autre sort. Leur première mi-temps est superbe, elles mènent dix-sept à dix au moment de la pause. Mais la réaction des Blacks Ferns (surnom des joueuses néo-zélandaises) fait mal. Trop mal. Quinze points de suite en à peine plus de vingt minutes.
Et même si un essai de Romane Ménager enflamme l’équipe de France pour le dernier quart d’heure, le score ne bougera plus. La dernière pénalité de Caroline Drouin est trop loin, la puissance manque à la demi d’ouverture française. Vingt-cinq à vingt-quatre pour la Nouvelle-Zélande : onze ans après, l’histoire se répète.
La petite finale face au Canada est remportée au caractère, une qualité dont ce XV de France ne manque pas. Et à plates coutures : 36-0 ! Mais cette médaille de bronze garde un goût d’amertume. Une fois de plus, les Bleues ont échoué aux portes de la finale. Une fois de plus, elles ne sont pas pleinement satisfaites.
Mais, une fois de plus, les Bleues ont prouvé, si besoin était, qu’elles forment l’une des meilleures équipes de la planète. Et une chose est sûre, elles reviendront encore plus ÀBLOCK!