Le rythme cardiaque s’accélère. Des gouttes de sueur perlent sur le haut du Front. La cage thoracique tente d’agrandir son espace. Une légère raideur dans le bassin nous rappelle à notre condition. Le sport est une ode au miracle et à la fragilité du vivant. Ce n’est pas qu’une question de performance, de minceur, de réussite ou de vanité, car l’enjeu est bien celui du mouvement.
Ressentir. Tout ce qui s’articule en nous. Tout ce qui se meut. Et comprendre ce que nos tensions ont à nous dire, ce que racontent nos déséquilibres, nos fatigues, nos pulsations, nos articulations qui vrillent. Qu’importe s’il ne s’agit que de quelques minutes ou de quelques millimètres.
Ce n’est pas un défi, ni une consommation, c’est un dialogue avec nos muscles, nos organes, notre chair, nos flux. Avec tout ce que comporte cette mécanique prodigieuse, celle qui nous rend ivre de vie et qui nous offre, chaque jour, un véhicule permettant de réaliser toutes nos perspectives.
Le corps est le support de nos cris, de nos larmes, de nos joies, de nos désirs. Et c’est bien pour cela qu’il mérite qu’on le soigne, qu’on le célèbre, qu’on le chérisse, qu’on le sorte de ces deux rivages contraires, celui de la souffrance reine et celui de la jouissance à tout prix.
Dans l’Antiquité grecque, à côté des lettres, de la musique et de la poésie, la gymnastique fait partie des disciplines formant le socle de l’éducation traditionnelle. Elle donne vigueur et santé à celui qui l’exerce de manière régulière, avec modération et conscience.
Mais si elle est louable pour Aristote, ce n’est pas seulement parce qu’elle développe l’adresse et la vigueur physique, c’est également parce qu’elle exerce le courage. Le courage de s’arrêter quand il faut et de continuer quand on le peut. Le courage de laisser l’âme se nourrir de notre souffle. Le courage de renoncer à l’excès pour satisfaire son juste besoin.
Le sport n’est pas une fin en soi, mais une possible passerelle pour relier ce tout si parfaitement imparfait qu’on appelle l’homme.