Notre réalisatrice, Audrey, elle-même boxeuse thaï, donne la parole à une boxeuse qui ne mâche pas ses mots.
Camille parle collectif, car il ne s’agit plus que d’elle, mais de construire un espace pour que chacun.e puisse s’épanouir et grandir. Ils/elles veillent les un.e.s sur les autres et luttent ensemble contre les discriminations, le racisme et les remarques sexistes qui font le quotidien.
Camille a des milliers de choses à dire mais elle n’est pas là pour convaincre, elle veut faire, dire par sa présence qu’elle a le droit comme les autres d’être là, de taper dans un sac et de monter sur le ring.
À chaque femme qui franchit le seuil de la salle et reste, elle sait que le monde de la boxe est en train de changer. Au départ elles étaient deux meufs, maintenant elles sont huit.
Les mots de Camille sont bruts, percutants :
« On te dit tout le temps : “ Ne rentre pas toute seule ”. On ne te dit pas : “ Tiens-toi prête à frapper si tu rentres tout seule ”. On te fait donc bien comprendre que tu es une chose d’hyper précieux, mais que tu n’as pas la capacité de défendre cette chose hyper précieuse, donc il faut forcément que tu passes par les hommes pour te protéger. Parce que quand on te dit : “ Ne rentre pas toute seule ”, ça ne veut pas dire rentre avec une meuf…parce que deux meufs, elles sont encore seules… »
« Un jour, à l’entraînement, je viens de faire quarante pompes, je suis en sueur, et y a un mec qui s’approche et me lance : “ Salut princesse ! ”. Et là, je me dis : “ Mais j’ai l’air d’une princesse là, franchement ? ”
Et c’est pas méchant en fait, il est cool, mais, de une, j’ai pas envie que tu m’appelles princesse et, de deux, tu fais quoi là en fait ? Je suis en train de faire des pompes, tu vas te mettre à me draguer ? Ou alors m’expliquer comment je dois faire des pompes ? Ça prend un peu de temps de faire notre place. »
Si on l’écoutait ?
- ©Bruno Guillard
Écoutez : Les autres épisodes de Premier Crochet
Écoutez : Nos autres podcasts
Lire aussi : Nos enquêtes sur le sport et les femmes