Sur le plongeoir, juste avant le début de la finale du 400 mètres nage libre aux Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928, Martha Norelius a l’esprit en ébullition. Quatre ans auparavant, à l’âge de 15 ans, la nageuse remporte la médaille d’or sur cette même épreuve aux Jeux de Paris en 1924.
Cette victoire éclaboussante marque le début d’une ère de domination sans précédent dans le monde de la natation féminine. Et la naturalisée américaine compte bien poursuivre sur cette lancée lors des Jeux de 1928. Elle peut devenir la première nageuse à conserver son titre olympique sur une même distance.
Parmi ce tourbillon de pensées, une autre préoccupation fait surface : son bonnet de bain ! La nageuse est fermement convaincue qu’elle ne peut pas performer sans son bonnet fétiche. C’est pourquoi, même dans les moments les plus chaotiques, elle prend le temps de s’assurer que son talisman est bien sur sa tête. Lors d’une course nationale de 500 mètres, alors que le coup de feu du départ retentit, Martha Norelius n’est coiffée que de sa coupe au bol, elle a oublié le bonnet ! Elle prend alors le temps d’enfiler son bonnet avant de plonger dans l’eau. Et malgré ce début chaotique, elle réussit à dépasser toutes ses concurrentes pour finalement remporter la victoire. « Elle savait qu’elle avait largement le temps », déclarera son père après la course.
Née en Suède, la petite Martha hérite de son papa, Charles Norelius, un amour profond pour les grands bains. Nageur olympique suédois, il transmet rapidement sa passion à sa fille. Il devient son premier entraîneur et son plus grand mentor. Mais c’est après avoir émigré vers les côtes ensoleillées de la Floride que le destin de Martha Norelius prend un tournant extraordinaire.
C’est là-bas, dans les eaux chaudes et cristallines, qu’elle fait la connaissance de Johnny Weissmuller, une légende vivante de la natation. Cette rencontre la propulse vers de nouveaux sommets. Avant le départ du 400m à Amsterdam, Martha Norelius –en plus de son bonnet-, a probablement une pensée pour ses deux piliers.
Sous le soleil brûlant d’Amsterdam, Martha Norelius prouve une fois de plus sa suprématie dans le bassin. Elle brille de mille feux avec une détermination inébranlable et défend avec succès son titre sur le 400 mètres nage libre. Sur cette finale, elle établit un nouveau record du monde en 5:42.8. Son style de nage, emprunté à ses homologues masculins, la tête haute et le dos cambré, est puissant et impressionnant.
L’Américaine domine de la tête et des épaules la concurrence et devance la nageuse néerlandaise Marie Braun de 15 secondes. « Elle a gagné avec la même aisance monotone avec laquelle elle remporte habituellement ses courses », rapporte alors le New York Times.
Dans sa carrière, entre 1924 et 1929, Martha Norelius battra 19 records du monde et 30 records nationaux.